Tout le monde en connaît au moins un. Le pervers narcissique pourrait se comparer à un chocolat fourré au vinaigre : au début il y a le chocolat, suave et sucré, mais à la fin arrive la désagréable surprise d’un goût âcre et violent que rien ne laissait soupconner. Séducteur, manipulateur et menteur, il n’a de cesse de harceler sa victime au travail, dans son couple ou dans sa famille.
C’est le professeur Bisontin Paul Claude Racamier qui a le premier décrit la personnalité du pervers narcissique : "La perversion narcissique est une organisation durable caractérisée par la capacité et le plaisir de se mettre à l’abri des conflits internes, et en particulier le deuil, en se faisant valoir au détriment d’un objet manipulé comme un ustensile ou un faire valoir".
Pour résumer cet individu incapable de ressentir une quelconque souffrance morale, c’est-à-dire d’être capable de la reconnaître et de la mettre en mot comme la plupart d’entre-nous, cet individu donc n’a de cesse de faire vivre cette souffrance à travers un autre "consentant".
En tout premier lieu le pervers se choisit une victime. Il s’agit souvent d’une personne assez malléable et qui est sous l’emprise de son charme. Car au début, le bourreau est agréable et séduisant : intélligent, apprécié en société, beau parleur et très à l’écoute.
Plus tard, une fois la proie "ferrée", son unique but sera la détruire par tous les moyens possible, effondrer sa personnalité et son estime d’elle-même. Sa stratégie est très fine. Il inflige des coups très discrêts mais néanmoins destructeurs que les personnes extérieures à la relation ne soupçonnent pas. C’est ainsi que jour après jour, le pervers démonte sa victime qui peut être un collègue de travail, un employé, son mari ou sa femme, un de ses enfants ou un ami.
Les armes du pervers sont majoritairement verbales : humiliations, mensonges, reproches etc…
Essayez de lui faire admettre une évidence flagrante, preuve à l’appui : il la niera tellement farouchement que vous en viendrez vous-même à douter !
Essayez de vous opposer à son point de vue : il vous fera tellement culpabiliser que vous finirez par vous traiter vous-même de moins que rien.
Essayez de vous épanouir au travers d’une passion ou d’amitiés, bref, de vous interesser à autre chose qu’à lui et il vous dira tellement que tout ce que vous faites est nul que vous finirez par y croire.
Le pervers narcissique met tout en oeuvre pour que l’amour propre de sa victime soit détruit. En fait, plus sa "chose" est nulle, laide et stupide, plus il peut en comparaison être fort, beau et intelligent.
Le jeu qu’il préfère entre tous est la discréditation en public. Ainsi, il peut faire des allusions sur le physique, les aptitudes, le caractère de la victime, qui créent un sentiment profond d’humiliation. Il pratique le harcellement moral comme un sport quotidien. Ces comportements sont admirablement passés au crible dans l’ouvrage de Marie-France Hirigoyen "Le harcellement moral : la violence perverse au quotidien" 1998 ou encore "Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple" 2005.
En réalité la perversion à ce niveau est une structure pathologique de la personnalité mais il est impossible, sinon dangereux, de le faire entendre à ces individus. Il est donc rarissime qu’un pervers entreprenne une thérapie.