Judas a eu ses deniers, Paolo De Cesare touchera-t-il son pactole (22 millions d’euros défiscalisés) à Singapour ? Venu de Procter & Gamble, peu au fait de la vente en grands magasins, Paolo De Cesare n’avait guère été embauché pour faire prospérer le Grand Magasin du Printemps, fleuron des beaux quartiers de la rive droite de Paris, mais pour le fourguer (au Qatar, au final, semble-t-il).  Soit offrir le temps de favoriser une vaste affaire immobilière en donnant le change. Les syndicats du Printemps vont saisir la justice. 

Sur Mediapart, Martine Orange décrypte le montage qui pourrait permettre au Pdg du Printemps d’encaisser 22 millions d’euros, sans rien régler à l’État lui ayant procuré un statut de résident, via la banque Rotschild, filiale de Singapour.

L’affaire est tarabiscotée. Paolo De Cesare prend la direction générale du Printemps (magasin parisien et autres, aux murs loués ou non, en province) en 2007. Non seulement lui fait-on un pont d’or, d’un million d’euros annuels, mais tout est pris en charge : logement de fonction, frais de scolarité des enfants, assurances privées, &c. Mais il s’agit surtout de transformer le magasin parisien en loueur d’espaces, à de grandes marques de luxe, de réduire le personnel (les marques embauchant hôtes et hôtesses), et d’envisager de liquider le groupe en vendant ses actifs, dont le prestigieux emplacement du siège parisien.

Un tel mandat, cela se négocie sec. Il s’agit d’être de mèche avec les nouveaux actionnaires qui n’ont d’autre capital que ce qu’ils envisagent de tirer du groupe. Les actionnaires vont donc lui monter un structure ad hoc, d’abord envisagée au Luxembourg avant d’être hébergée à Singapour : son apport est nul, mais en cas de vente du groupe, il peut espérer 22 millions d’euros de bonus (la moitié du bénéfice net annuel).

Il devient en fait une sorte de coactionnaire, intéressé non pas à la progression du chiffre d’affaires, mais à l’opération de revente de l’immobilier.

La structure offerte au Pdg, Maxpa Invest (paye maximale à terme ?) va être domiciliée à Singapour,  le Luxembourg s’étant montré plus regardant sur l’imposition.

Voilà un bon moyen de soustraire les dirigeants au fisc des pays où ils opèrent. En fait, il faudrait les rétribuer par l’euro symbolique et leur monter des structures dans les paradis fiscaux. Eux d’abord, et pourquoi pas aussi bientôt les hauts fonctionnaires ? En abondant leurs assurances retraites privées, et en leur confiant une ligne de crédit pour toutes leurs petites menues dépense (en sus du gîte, du couvert, &c.).

Tiens, une idée pour François Hollande et retrouver les meilleurs indices de popularité à droite : embaucher ainsi Nicolas Sarkozy en tant que secrétaire général de l’Élysée. Quitte à ce que ce dernier lui rende la pareille en 2017. Et puis, finalement, l’Élysée transformé en hôtel de grand luxe (avec souterrain menant en navettes jusqu’au Printemps), pourquoi pas ? Femmes et hommes d’affaires de Singapour et d’ailleurs (et leurs conjoints) en seraient friands.

Mais il n’est pas encore question d’offrir l’uniforme typique (béret, marinière, baguette sous le bras ou robes à frous-frous style French’Cancan) aux figurants en surface. C’est peut-être pourquoi la CGT va tenter de saisir la justice pour qu’elle s’intéresse au cas du Pdg bientôt généreusement remercié du Printemps.