Invité du Journal Télévisé de France 2, le Président-Directeur Général de la Société Générale, Daniel Bouton, est ce soir venu apporter quelques éclaircissements au public, face aux difficultés que subit sa banque suite au scandale du fameux trader incontrôlé.
Apparaissant, face à David Pujadas, confiant et serein, Daniel Bouton a tenu à rassurer tous ceux qui en doutaient : Oui, la Société Générale restera indépendante : "Le fait qu'elle le puisse, il n'y a rigoureusement aucun problème puisque les capitaux sont là, puisqu'il n'y a jamais eu de problème véritable."
"Nous subissons cette perte gigantesque et l'entreprise est tellement forte que nous sommes restés bénéficiaires", a-t-il ajouté. A propos d'une démission, le P-DG qui l'avait présentée il y a une dizaine de jours, restera à son poste en raison du vote en ce sens, à l'unanimité, du Conseil d'Administration, étant un "homme de devoir".
"Soulagé" du reportage précédant son intervention, dans lequel était présentée une agence de Montpellier, où clients et employés apparaissaient plutôt confiants, six nouveaux comptes ayant également été ouverts, Daniel Bouton s'est déclaré "touché et déterminé" par la situation de la Société Générale qu'il "sert depuis dix-sept ans".
Quant à l'affaire proprement dite, Daniel Bouton a semblé perdre quelque peu de sa placidité, dès lors que le nom de Jérôme Kerviel a été prononcé. Celui-ci avait contre-attaqué, face aux accusations d'"abus de confiance", " faux et usage de faux" et "introduction dans un système de traitement automatisé de traitement informatiques", qui ont mené à sa mise en examen et seraient à l'origine de cinq milliards d'Euros de perte pour l'entreprise, déclarant en substance : « tant que nous gagnons, la banque ne dit rien ». Le P-DG a dénié avec vigueur et force bégaiements de telles ignominies ; d'abord, "quel crédit apporter à quelqu'un qui vient de dissimuler de la sorte?" ; cependant, il affirme le comprendre, après tout, l'homme cherche seulement à sauver sa peau…
Forcé de reconnaître une certaine défaillance des contrôles, Monsieur Bouton tente d'expliquer, par une obscure métaphore, que le problème est venu d'une simple faille : "quelqu'un était capable à cent, cent dix kilomètres-heure, de changer de voiture, non seulement il connaissait les radars fixes et les radars mobiles mais il etait capable de passer d'une voiture à l'autre". Rassurons-nous, la faille est comblée, et une telle acrobatie est maintenant impossible !
Ne connaissant pas Jérôme Kerviel, ne sachant pas, ne comprenant pas, n'enquêtant pas, le P-DG a pour seul objectif de "faire oublier cette épouvantable fraude" à ses clients et collaborateurs, la justice se chargera du reste…