Le 28 octobre 1949, à 3 h du matin le champion disparaît. L’avion assurant la liaison Paris – New-York s’écrase aux Açores sans laisser de survivant: à son bord Marcel Cerdan, natif de Sidi-bel-abbès en Algérie, une véritable légende de la boxe. Édith Piaf ne s’est jamais vraiment remise de sa mort. La religion, l’alcool, la drogue et les hommes étourdiront pour des années sa souffrance. Jusqu’à sa propre disparition en 1963, Édith Piaf chantera l’Hymne à l’amour en souvenir de Marcel.
Le bombardier marocain.
Comme Bob Marley et Eros Ramazzotti, il était un mordu de football. Marcel est contraint de monter sur les rings au lieu d’embrasser les filets, pour satisfaire la passion de son père, parti ouvrir une salle de boxe au Maroc en 1918. Dès 1933, Marcel, qui n’a que 17 ans, enchaîne les combats et les succès, d’abord sur le sol marocain dans la petite ville de Mohammedia, au club de boxe situé à l’intérieur de la paroisse St-Jacques face au jardin du parc, et de Casablanca puis en France métropolitaine. Marcel tenait un Café et une brasserie qui porte toujours son nom à Casablanca. Un stade qui a vu évoluer la célèbre formation du Widad de Casablanca fut construit également en l’honneur de cet Homme.
Faisant fureur grâce à son crochet gauche, coup qui lui a valu un bon nombre de sa soixantaine de victoires par K.O, sa vitesse et sa puissance, Cerdan s’approprie les titres de champion de France puis de champion d’Europe, chez les mi-moyens, d’abord, et les moyens, ensuite.
Connu pour sa simplicité et sa disponibilité, il pénètre dans le monde du "show business". Suite à l’un de ses combats à Roland-Garros, le 7 juillet 1946, il assiste à une représentation d’Edith Piaf. C’est le début d’une rencontre et d’une histoire d’amour qui marquera leur temps et bien au-delà. Une vie d’amoureux fous, entre Paris et New York au gré des combats de l’un et des récitals de l’autre. Le cinéaste Claude Lelouch immortalisera les déboires et le bonheur des deux tourtereaux dans le film "Edith et Marcel" sorti en 1983.
En 1948 pour le championnat du monde, le "Bombardier marocain" affronte à Jersey City Tony Zale. En quête du titre mondial des moyens à 32 ans. Face à Zale, cet Américain d’origine polonaise, il ne laisse pas passer sa chance. Malgré une blessure à la main droite à partir de la 3ème reprise, il domine le combat et, au 11ème round, place son terrible crochet gauche au menton de Zale, sauvé par le gong. Celui-ci, hébété, restera dans son coin à l’appel de la reprise suivante. Un film sur sa vie "L’Homme aux mains d’argile" est tourné en 1949, avec Cerdan dans son propre rôle. Cerdan remet son titre en jeu pour la première fois contre Jack La Motta, "le taureau du Bronx", à Detroit, le 16 juin 1949.
Le 27 octobre au soir, revanche signée contre La Motta, il s’envole à nouveau pour les États-Unis. Le "Constellation" n’arrivera jamais. Cerdan, 33 ans, laisse une épouse et trois fils, dont le dernier né quelques semaines plus tôt. Soixante-dix mille personnes assisteront à ses obsèques à Casablanca. Nombreux sont les admirateurs venus en masse pour marcher derrière la sépulture de leur idole.
Piaf-Cerdan : Moi pour toi.
Un amour interdit entre la chanteuse à la voix de bronze et le boxeur irrésistible. Marcel Cerdan est marié et père de quatre enfants quand il fait la connaissance d’Édith Piaf en 1946.
En 1948 à New York, date de la conquête du titre de Champion du monde par Marcel, la romance commence, et pendant presque deux ans, la passion consumera l’ours et la poupée. Jusqu’à son apogée en 1949. Jusqu’à la tragédie : Marcel Cerdan meurt dans un accident d’avion le 28 octobre de cette même année, en allant rejoindre à New York son Édith, qui le supplie de venir le plus vite possible. Cerdan renonce alors à prendre le paquebot, embarque à Orly dans le « Constellation », qui s’écrase au large des Açores.
La correspondance amoureuse entre Piaf et Cerdan est publiée : ce sont des lettres échangées en 1949, toutes inédites, rassemblées par Bernard Marchois, le conservateur du musée Édith Piaf. Les lettres couvrent trois périodes : la première, qui représente la quasi-totalité du livre, est celle du voyage de Marcel Cerdan venu aux Etats-Unis préparer son combat contre La Motta, du 19 mai au 13 juin. La seconde, en juillet, couvre la tournée d’une semaine de Piaf au Maroc notamment, Casablanca et Mohammedia (au Casino et au Sphinx..), et en Algérie. La troisième, enfin, est une simple lettre envoyée depuis New York par Édith Piaf à Cerdan le 24 septembre.