et les illusions perdues.

Il faut se rappeler qu’a sa création résultant du transfuge de la ligue communiste révolutionnaire, LCR, ce nouveau parti devait bouleverser les fondements mêmes de la gauche institutionnelle et manger ses composantes, dont le Front de gauche institué, regroupant un ramassis de socialistes dont le chef Jean-Luc Mélenchon, de communistes dont Marie-Georges Buffet, de parti de gauche, un peu de ceux du NPA, un peu du Mouvement Républicain et Citoyen, d’alternative progressiste et probablement d’autres égarés, et Lutte ouvrière. Le NPA voulait être l’alternative aux socialistes.

Tournant la page du Trotskisme dont Alain Krivine en était la figure emblématique en mai 68 et jusqu’à sa fin pour le NPA après avoir mis sur les rails Olivier Besancenot comme porte-parole et candidat aux élections présidentielles de 2005 et 2007. Olivier Besancenot militant révolutionnaire dont l’objectif est de combattre le capitalisme faisait les plateaux télé caracolant dans les sondages, visitant les usines, fini la vieille gauche défaillante surtout après le crash boursier lui donnant une audience en le propulsant principal opposant à Nicolas Sarkozy, claironnant être la nouvelle force qui devait changer le monde. Ce fût un véritable plébiscite médiatique, nous allions voir ce que nous allions voir. Le parti socialiste en proie à ses divisions ne devait plus faire le poids quand aux autres partis, n’en parlons pas. C’était l’espoir de tous ceux à gauche illuminés par la verve d’Olivier et sa répartie bousculant tout sur son passage, une force incontournable à la gauche du parti socialiste. Son objectif était de prendre le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, qu’elles soient trotskistes, socialistes, communistes, libertaires, guévaristes.

Rappelons qu’à l’élection présidentielle de 2002, Besancenot fait mieux que le parti communiste de Robert Hue avec 4,25 % contre 3,37 %, mais il est dépassé par Arlette Laguiller à 5,72 %. A l’élection de 2007, il fait un peu moins 4,08 % et se place 5ème après le front National.

Les élections régionales de mars devaient confirmer l’envolée du NPA et ce fût une vérité à laquelle beaucoup ne s’attendait pas. Sur l’ensemble des 21 listes sont score s’établit à 3,4 % et en Île de France Olivier Besancenot fait 3,13 % des voix et aucune liste n’est à 5 % pour une éventuelle fusion au second tour. C’est une grande fessée étant distancé par le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.

«On s’est auto-intoxiqués en disant que nous étions les seuls à gauche à résister à Sarkozy et on a oublié de faire de la politique, reconnaît Pierre-François Grond, numéro deux du parti. Ajoutant même, tous ceux qui étaient contre Sarkozy ont eu le vent dans les voiles sauf nous…»

Le mouvement ouvrier n’étant plus ce qu’il était, sa puissance des années d’après guerre à quasi disparue. Le progrès technologique l’a tué par ce que remplacé par des machines, l’informatique aidant, l’ouvrier est devenu un technicien qualifié ce qui change la donne. Le thème du mouvement ouvrier incarné par les communistes n’est donc plus porteur, d’ailleurs, ils en n’ont fait la douloureuse expérience. Les bases idéologiques du NPA étaient donc irréfléchies pour notre époque. Comme preuve, la participation aux grèves et aux manifestations qui regroupent principalement des personnes au statut préservé. Le syndicalisme privé ne représente plus grand chose, il n’est que l’ombre de lui-même par rapport aux années d’après guerre. Le NPA a cru pouvoir se substituer aux syndicats et pensé qu’il allait tout écraser sur son passage. C’était une illusion totale, remarque Léonce Aguirre, membre de l’exécutif.

Et puis, il y a la candidature de la jeune trésorière du NPA du Vaucluse, Ilham Moussaïd, qui porte un foulard et qui a suscité un vif débat dans la classe politique entrainant un malaise au moment des controverses sur la burqa. Il est bien évident que cette candidature dans le milieu ouvrier ne pouvait que mal passer pour qui connait un tant soit peu ce milieu conservateur de son idéologie. C’est donc un pêché d’orgueil partant seul au combat alors qu’il était évident que des alliances avec les autres composantes de la gauche auraient permis une meilleure représentation nationale. 

Sa direction nie toute hémorragie mais reconnaît une vingtaine de départs du Conseil politique national et admet que le parti ne comptait plus que 8 000 militants en décembre. «On sera en dessous au prochain congrès», concède M. Grond. Quant aux comités locaux, ils se réunissent avec un tiers de militants en moins. «C’est un peu la redescente. On se demande si ça vaut la peine de continuer avec une organisation où seule une poignée de personnes autour de Besancenot dirige», lâche Leila Chaibi, démissionnaire de la direction.

Quand à l’image de Besancenot, elle en à pris un coup, il perd 3 points étant à 46 % de bonnes opinions d’après le tableau de bord des personnalités avril 2010 Ifop Paris Match, mais 10 points de moins depuis décembre 2009. Il reste toujours populaire, bien plus que certains, mais cela ne suffit plus. «Il ne peut remonter que si les autres font des erreurs. Le NPA n’est plus maître de son destin», souligne Vincent Tiberj, chercheur au Centre d’études européennes de Sciences Po.

Olivier Besancenot fait le dos rond, plus de télévisions bien que nous l’avons revu dans complément d’enquête interrogé par Benoit Duchesne lundi 19 avril à 22 heures 05 dans l’atelier du NPA, ni interviews dans les journaux. «Il n’a pas envie de répondre aux questions sur l’échec du NPA», dit son bras droit, aucune contribution interne ne porte sa signature, il s’est retiré. «Il faut qu’on apprenne le silence», insiste M. Grond. Pour lui, le NPA peut rétrécir mais passera le cap de 2012. Grâce à «Olivier», pensent-ils tous, probablement mais comment ?

On crée pas un parti politique aussi aisément avec un coup de baguette magique, pour qui a un peu d’expérience de l’opinion politique des Français, ils savent qu’elle est très conservatrice dans ses orientations, l’exemple du Modem aurait du faire comprendre au NPA que l’on ne bouscule pas ainsi la tendance socialisante de la gauche, qui plie par ses divisions mais ne rompt pas pour s’embarquer dans une aventure aux conséquences imprévisibles. L’expérience montre que l’on ne peut se passer du capitalisme mais qu’il convient de réguler ses effets.

Meeting d’Olivier Besancenot tête de liste en région Île de France aux régionales.

Meeting du NPA: Olivier Besancenot
envoyé par E_varlin. – L’actualité du moment en vidéo.