Le nouveau président Égyptien élu, Mohamed Mursi, a prêté un serment informel de bureau, le vendredi, devant des dizaines de milliers de partisans à la place Tahrir, méprisant les généraux qui tentent de limiter son pouvoir.

« Je jure par Dieu que je vais sincèrement protéger le système républicain et que je respecterai la Constitution et la primauté du droit », a dit Mursi devant les acclamations de la foule, dont un grand nombre de partisans de son mouvement autrefois banni, celui des Frères musulmans.

« Je vais veiller sur les intérêts du peuple et je protégerai l’indépendance de la nation et la sécurité de son territoire », a ajouté l’islamiste Mohamed Mursi.

Mursi doit être assermenté officiellement samedi par la cour constitutionnelle, plutôt que par le Parlement comme il est habituel.

Le tribunal a, plus tôt ce mois-ci, dissout le parlement à prédominance islamiste dans une série de mesures visant à assurer que les généraux garderont une forte emprise sur les affaires de l’Egypte, même après la prise de pouvoir par Mursi.

« Il n’ya pas de puissance au-dessus du pouvoir du peuple », a confirmé Mursi. « Aujourd’hui, vous êtes la source de ce pouvoir. Vous donnez ce pouvoir à qui vous voulez et vous le retenez de qui vous voulez ». Son discours provocateur était un défi clair à l’armée.

Mursi a pensé évidemment aux droits des musulmans mais également aux chrétiens en rendant hommage à un clerc et militant égyptien emprisonné aux États-Unis.

Des dizaines de milliers d’Egyptiens ont applaudi l’arrivée de Mursi dans la place qui était la plaque tournante du soulèvement anti-Moubarak.

« Ô Égyptiens, criez fort, Mursi est le président de la république », a scandé la foule. « Une révolution complète ou rien. A bas le régime militaire. Le peuple est la ligne rouge ».

Mursi a été déclaré président dimanche dernier, une semaine éprouvante pour les nerfs, après un vote dans lequel il a battu de justesse l’ancien chef des forces aériennes Ahmed Shafiq, qui était Premier ministre sous le régime de Moubarak.

Des centaines de manifestants ont été campé à la place Tahrir pendant des semaines pour appuyer l’armée de transférer le pouvoir aux civils.

Le conseil militaire a depuis longtemps promis de remettre le pouvoir à la prochaine présidentielle le 1er Juillet, mais la cérémonie avait été reportée, sans donner une raison ou une nouvelle date.

Les généraux se sont donné de nouveaux pouvoirs ce mois-ci, tel que le droit de veto sur la rédaction d’une nouvelle constitution, la nomination d’un Conseil de défense nationale…

L’armée a insisté que Mursi prête serment devant la Cour constitutionnelle, mais sa riposte de défi de le faire à la place Tahrir a ouvert la voie à une longue lutte pour le pouvoir en Egypte.