"Suivez un véritable chirurgien neurologue dans sa vie de tous les jours" 

 

Voilà ce que propose le nouveau documentaire fiction de la RTL TVI. Cette "série" composée de quatre épisodes présente la vie d’un véritable neurochirurgien de l’hôpital universitaire Saint-Luc à Bruxelles. Cet éminent chirurgien est également professeur à l’université. Il a accepté de se faire filmer dans sa pratique quotidienne du noble art qu’est la médecine. 

Pour le moment, les téléspectateurs recherchent avidement ce genre de série médicale présentant les médecins comme des semi-Dieux capables de tout soigner prenant du même coup l’ascendant sur notre ennemi naturel qui  est la mort. C’est pourquoi les séries telles que Docteur House remporte un tel succès. C’est dans ce même contexte que l’on pourra suivre la vie du Professeur Raftopoulos, héros de ce documentaire fiction : "Dr Rafto : sur le fil de la vie!"

Les journalistes le décrivent déjà comme le véritable Dr. House. Effectivement, le savoir faire de ce brillant chirurgien est reconnu bien au delà de l’Europe par la plus part de ses collègues médecins. De plus, la manière dont il traite son équipe n’est pas bien éloignée de celle du célèbre Dr. House. 

Le Comité des Médecins bien loin d’être content de cette publicité dénonce un abus de la part du médecin. Effectivement, si le comité permet au médecin sortant de glisser un message d’information dans les boîtes aux lettres de sa commune ou de passer un petit message dans le journal local pour tenter de se faire connaître, il ne souffre aucunement la présence d’un telle publicité. Les documents ou annonces faites par les médecins sortants ne peuvent avoir qu’un seul but informatif sur la présence d’un nouveau médecin dans la commune; Le Docteur Raftopoulos maintenant surnommé Docteur Rafto donne ici l’image d’un médecin miracle capable de sauver quiconque se présente dans son bureau. Il se présente dans l’émission comme un émissaire de dieu capable de miracle. 

Les critiques de cette émission, pour la plupart des médecins, dénoncent une falsification de la vérité. Effectivement, le neurochirurgien ne peut se vanter de réaliser des miracles même s’il est vrai que certains exploits pourraient prétendre s’en approcher. Les journalistes précisent également que contrairement à la série Docteur House, les patients présents dans l’émission ne sont pas des acteurs qui après être décédés rentrent paisiblement chez eux auprès de leur famille. Les larmes qui coulent sont de véritables larmes, le sang qui s’échappe sans pouvoir se tarir est véritablement composé d’hémoglobine, la souffrance et la peine qui transparaissent à l’écran sont réelles. Ce qui sera montré pour la première fois à l’écran ce mercredi prochain ne devrait jamais avoir été mis sur pellicule. La souffrance des autres ne peut décemment devenir la source de divertissement familial du vendredi soir.

Pour se défendre de cette mauvaise critique le Docteur Rafto invoque l’importance pour les patients de savoir ce qui se passe en salle d’opération. Beaucoup de patients semblent s’interroger sur le fonctionnement de la neurochirurgie et, selon le Docteur miracle, devraient pouvoir avoir accès à ces informations. Pour lui, il serait bon que le grand public assiste à ces opérations délicates car l’ignorance fait peur et que le tabou de la chirurgie et surtout de la neurochirurgie augmente cette peur. Ceci dit, nombres de reportages ne mettant pas en scène des vies et des souffrances réelles peuvent parfaitement remplir ce rôle d’information du novice. 

"Chacune des personnes filmées a donné son accord!" affirme le médecin. C’est malheureusement vrai mais n’est il pas très difficile de refuser pareille demande à un imminent neurochirurgien figure d’autorité toute puissante?! 

Voici donc la triste histoire de ce médecin qui, par sa grossière erreur, vient de perdre toute crédibilité aux yeux de ses collègues ainsi qu’aux yeux du tout puissant comité. Nous devrions, nous médecins, nous cantonner au respect du serment d’Hippocrate sans s’adonner à pareil détournement. S’il veut devenir acteur, libre à lui mais qu’il abandonne avant tout sa carrière de médecin car tout médecin qui se respecte devrait pratiquer en toute discrétion et en toute humilité l’art qu’est sa science. Il m’est insupportable d’assister à pareil dérive car le médecin se doit, de par sa vocation et de par le serment qu’il a prêter solennellement d’agir avant tout dans l’intérêt du patient et non dans un but égoïste et égocentrique de gloire et de puissance.