Un "grand" moment de télévision. Si l’on aime la télé-réalité. Avec ses personnages stéréotypés, ses répliques prévisibles, son vrai-faux suspense et ses promesses de baston.
Hier soir, on a descendu un barreau de plus dans l’échelle de la déréliction.
La politique-paillettes, cache-sexe des connivences média-politiciens, a produit des jeux du cirque. Sans gladiateurs ni rétiaires mais avec des clowns. Les "zélites" méprisent-elles à ce point les électeurs pour leur infliger de tels spectacles ?

Pujadas à contre-emploi

L’homme a moins souvent brillé par son audace que par le maniement compulsif de la brosse à reluire. Et le voilà qui s’improvise arbitre de catch !
Etait-il hier soir en service commandé ? Pour son employeur qui réclame toujours plus d’audimat ? Ou pour les sarkollandistes qui prétendent monopoliser les débats et cherchent à discréditer toute voix discordante ? En renvoyant dos à dos "l’énergumène populiste" et "la fasciste des beaux quartiers" selon une terminologie qui leur est chère ?

Dans cette affaire, tout sentait le coup fourré. Les dés pipés. La préméditation insolente de ceux qui se savent assurés de l’impunité.

Depuis un petit demi-siècle que les débats présidentiels existent, il est des règles non écrites qui ont toujours été respectées :
D’abord, on propose à l’invité(e) un panel de debaters lui laissant le droit d’en récuser certains, et ensuite les "entourages" précisent les règles du jeu : sujets abordés, temps de parole, composition du public, disposition des caméras…
Même Ruquier, Polony et Pulvar ont fini par accepter ces conditions d’équité, samedi dernier.
Récuser ces règles, c’est placer l’invitée dans l’obligation soit de refuser l’invitation (et qu’elle ne se plaigne pas après d’être boycottée !) soit l’obliger à ferrailler sur le terrain miné imposé par la chaîne.

Ensuite, si l’on introduit un invité-surprise, on veille à choisir quelqu’un dont la courtoisie et la compétence garantissent des échanges qui peuvent être vifs, mais conformes aux règles de politesse élémentaire et de respect dû à toute personne, quelles que soient ses convictions.
François Lenglet, Henri Guaino et Franz-Olivier Giesbert ont honnêtement joué le jeu. Sans lui servir la soupe, bien au contraire, mais en acceptant le dialogue. Sans se prendre pour le tribunal suprême des délits d’opinion.
Les autres intervenants avaient peine à cacher leur hostilité de principe, et leur volonté d’en découdre avec coupures de parole et digressions à répétition.

Enfin, "l’animateur" clamait haut et fort sa neutralité. Et même si celle-ci pouvait être prise en défaut à travers des présentations biaisées, des images désavantageuses ou des questions-piège…
En principe il s’interdisait d’intervenir à titre personnel dans le débat. De porter des jugements de valeur sur ses invités et de les contrer systématiquement.
Pujadas, à l’échine si souple devant Sarkozy ou Hollande, a joué au "vrai mec" face à une candidate qui n’a aucune chance d’être élue. Le courage des faibles…
En tout cas, force est de reconnaître qu’il n’est pas rancunier. Traité publiquement de salaud et de larbin par Mélanchon, il lui fait des courbettes. (extrait 1)

Un non évènement

Qui produit des non-commentaires, défoulement des uns, propagande des autres, vomissures partisanes prélude à de civil wars virtuelles.
"Un débat ne se refuse pas" clament les admirateurs de Mélanchon.
Poutant, ses amis communistes applaudissaient à tout va quand "Monsieur K" pratiquait la politique de la chaise vide à l’ONU ! Pourtant,les UMPSistes approuvaient le refus de la quasi-totalité de leurs
caciques de débattre avec JMLP, laissant cet "honneur" à l’inénarrable Bernard Tapie.
Pourtant, il y a 10 ans, les UMPSistes trouvaient glorieux le refus de Chirac de débattre avec Lepen père entre les deux tours.
Pourtant, avant-hier encore, lors du vote-trahison du Mécanisme Européen de Stabilité, on a entendu nombre de représentants de la vraie et de la fausse de gauche (excusez si je m’y perds un peu) justifier leur refus de participer au débat autant qu’au vote. En faisant (un comble pour des élus !) l’apologie de l’abstention.

De l’autre côté, les thuriféraires de Marine Lepen semblaient des enfants dépités, privés de dessert. Ils paraissaient déçus que leur héroïne ne soit pas entrée dans l’arène. Qu’elle n’ait pas échangé injures, invectives et noms d’oiseaux avec l’imprécateur tempétueux. Un délice dont ils se pourléchaient les babines par avance. Cela leur aurait rappelé le bon vieux temps de papa !

Peut-être a-t-elle quand même raté une occasion de fustiger l’individu qui se dit "de la vraie gauche" et étranger au système. Avec un C.V éloquent : député ou sénateur pendant 30 ans, votant toutes les lois de détricotage social, et ancien ministre sans états d’âmes du gouvernement qui a le plus privatisé, avec DSK à l’économie…

En refusant le débat, elle a aussi laissé passer l’opportunité de rappeler que son adversaire est un fieffé misogyne. Qui ose se présenter comme un défenseur des droits des femmes ! Aurait-on oublié qu’il a quitté le PS moins par désaccord idéologique que parce qu’il refusait de se retrouver "au service" de Ségolène ? "La présidentielle n’est pas un concours de beauté" affirmait-il alors, goguenard (extrait 2). Sans parler des épisodes où il a maintes fois traité en public des femmes journalistes de "perruches" et de "bécasses". Et Arlette Chabot de "singe" avec son élégance coutumière. (extrait 2)

http://www.programme-tv.net/news/tv/11148-pujadas-insulte-par-melenchon-france-tele-defend/

http://www.presidentielle-2007.net/actualite/index.php/2005/09/26/20-segolene-royal-minorite-opprimee

http://www.programme-tv.net/news/buzz/11530-melenchon-ferrari-gagne-trop-chabot-singe-video/