Ce message pour m’excuser auprès d’Auguste Mouret d’avoir mal évalué la situation au moment de comparer les situations de l’Allemagne et de la France sur le plan politico-économique.
Ce qui montre que le néolibéralisme a partout des effets pervers, puisqu’il autorise le clivage entre riches et pauvres, les nouveaux pauvres étant des gens qui autrefois formaient la classe moyenne et travaillaient dans le secteur industriel, sans parler des gens de plus de 50 ans, qui, une fois leur emploi perdu, tomberont dans la misère et la précarité faute de retrouver un boulot leur permettant de vivre décemment.
Et quand on sait que la retraite des vieux a déjà été portée à 65, 66, ou 67 ans, et qu’elle sera peut-être portée à 70 ans, si cela continue ainsi, on se demande, si ces mêmes vieux sont licenciés par les entreprises déjà à l’âge de 50 ans, comment ils vont vivre, à supposer qu’ils en aient les moyens, durant ce laps de temps.
Mais il est à craindre aussi que nombre d’entre eux voteront désormais, vu leur situation, à l’extrême droite au lieu de voter à l’extrême gauche. Ce qui ne va guère arranger les choses, à mon sens, puisque la résurgence des nationalismes s’accompagnera de tensions toujours plus vives au sein des pays concernés.
Hasta Siempre
sur 3 mars 2012 à 20 h 27 min
Claude,
sourire B.A.R.I.O.L.é… ou édulcoré (?)
– colorant , acidifiant, émulsifiant, édulcorant… nous allons tous en être pour enfin devenir les créateurs de nos nouvelles liquidité(e)s!
Auguste , après vérif, moi qui pensais, va t’en savoir pourquoi et sans jeu de «maux»: Auvergnat… Sorry, et sourire ô Corrézien.
Bien à vous
…
Hasta Siempre
sur 4 mars 2012 à 8 h 46 min
A tous…
[u]A voir ou revoir :[/u]
« J’ai très mal au travail » un film coup de poing sur le monde du travail ! de J M Carré.
—————————————–
[i]QUAND L’ÉCONOMIE comprime la société, parfois ça explose. Mais souvent, ça écrase. Des siècles d’expérience et des monceaux de théories n’y ont rien changé : la physique de la révolte obéit à une logique insaisissable. Le piston de la crise qui propulse dans les rues des foules hier encore assoupies agira ailleurs comme un pilon. Au mouvement irrésistible du Front populaire répond le coup d’assommoir des années 1980 ; au soulèvement des Argentins en 2001 contre la politique du Fonds monétaire international réplique l’apathie des salariés japonais englués dans la grande dépression des années 1990.
Nous y revoilà. L’économie américaine détruit les emplois par millions, les entreprises européennes rejettent leurs travailleurs ; le Japon replonge. En une décennie, les peuples des pays les plus industrialisés auront acquitté par trois fois le prix du capitalisme libéral : une première, par le laminage de leurs salaires mis en concurrence internationale ; une deuxième, par le financement public de plans destinés à sauver l’édifice bancaire mondial ; une troisième, en perdant leur poste afin qu’intervienne la restructuration de l’appareil productif et le rétablissement des marges.
Contrairement aux précédentes, la récession entamée en 2008 frappe simultanément – quoique en proportion décroissante – ouvriers et employés, ingénieurs, cadres et professions intellectuelles supérieures ; hier inattentifs aux tourments des salariés, les journalistes, par exemple, se soucient à présent d’une crise qui ne les épargne plus. En France, en Italie, en Grèce, des mouvements de jeunesse ont éclaté. Des échines naguère assouplies par les promesses de la promotion sociale se redressent. Piston ou pilon, de quel côté penchera cette fois le balancier ?
« La soumission du plus grand nombre au plus petit, ce fait fondamental de presque toute organisation sociale, n’a pas fini d’étonner tous ceux qui réfléchissent un peu », notait en 1937 la philosophe Simone Weil dans sa Méditation sur l’obéissance et la liberté. « Comme si, dans la balance sociale, le gramme l’emportait sur le kilo. » Cet apparent défi à la raison se manifeste avec une brutalité particulière au sein des entreprises. Là où le travail, alternativement trop intense et trop rare – surdosé pour les uns, rationné pour les autres –, dévoile sa double vérité. Celle, objective, de l’exploitation, d’autant plus identifiable que la tâche est rude, répétitive, réductible au seul salaire qu’elle rapporte. Celle, subjective, de l’accomplissement professionnel perçu par le salarié qui « s’investit » et trouve à l’atelier ou au bureau un statut, des copains, la trame d’une existence.[/i]
(…)
Hasta Siempre
sur 4 mars 2012 à 8 h 51 min
[i]Or les deux aspects coexistent, le second masquant le premier. « Les travailleurs peuvent concourir à leur propre exploitation, observait Pierre Bourdieu, par l’effort même qu’ils font pour s’approprier leur travail et qui les attache à lui par l’intermédiaire des libertés, souvent infimes et presque toujours “fonctionnelles”, qui leur sont laissées (1). » Le management le sait. Il en joue. La fierté du travail exaltée par les discours politiques et patronaux n’est pas celle du mouvement ouvrier : l’une isole et fragmente ; l’autre intègre et rassemble.
Et puis il y a la force des fausses évidences. Quand le gramme paraît l’emporter depuis toujours sur le kilo, comment imaginer qu’il devrait un jour en aller autrement ? S’interrogeant sur la passivité des sidérurgistes allemands de la Ruhr qui, au début du XXe siècle, enduraient sans broncher la violence du labeur, le sociologue Barrington Moore notait que la plupart d’entre eux ne percevaient pas leur sort comme le produit d’une injustice. Mais comme une malédiction. Passer de l’obéissance à la possibilité même de la révolte exigeait donc, selon Moore, de « surmonter l’illusion de la fatalité (2) ». Tous les mouvements d’émancipation sont partis de là. Et, pour vaincre, tous durent affronter les marchands de sable qui font souffler partout le même sirocco : l’ordre social est imparfait mais irremplaçable ; l’améliorer passe par des solutions individuelles ; l’action collective conduit à l’uniformisation ou au goulag. Laissez-nous faire, occupez-vous de vous…
AU FOND, quoi de commun entre des paysans japonais refusant d’être expropriés de leurs terres ; des cheminots entraînant dans leur sillage un pays entier contre la remise en cause de la sécurité sociale ; des syndicalistes sud-africains payant de leur vie leur engagement contre l’apartheid ; des féministes donnant autant de fil à retordre à leurs camarades grévistes qu’à leur employeur ; des chômeurs allemands passant une annonce dans le journal pour proposer à leurs semblables de s’entraider ; des ouvriers de Chicago occupant leur usine de portes et fenêtres jusqu’à faire plier patronat et banquiers ? Pas grand-chose, si ce n’est que tous ont su au cours des décennies écoulées jouer les invités-surprises dans une histoire qui se serait volontiers écrite sans eux.[/i]
Par Mona Chollet & Pierre Rimbert
(1) Pierre Bourdieu, « La double vérité du travail », dans Méditations pascaliennes, Paris, Seuil,.
(2) Barrington Moore, Injustice : Les bases sociales de l’obeïssance et de la révolte. Random House, New York,
[b]De la résistance improbable…[/b]
Cf. Les Révoltés du travail MdV 103 (M D) fév-mars 2009
Pour compléter ta feuille Auguste à lire impérativement pour tout contributeur et contributrice intéressé(e)s
Ce message pour m’excuser auprès d’Auguste Mouret d’avoir mal évalué la situation au moment de comparer les situations de l’Allemagne et de la France sur le plan politico-économique.
Je viens de lire en effet, un article intitulé Chômage: la face cachée du « miracle économique allemand » sous le site http://fr.myeurop.info/2011/10/04/chomage-la-face-cachee-du-miracle-economique-allemand-3478, qui montre que la situation des travailleurs n’est pas meilleure en Allemagne qu’en France, chose que j’ignorais.
Ce qui montre que le néolibéralisme a partout des effets pervers, puisqu’il autorise le clivage entre riches et pauvres, les nouveaux pauvres étant des gens qui autrefois formaient la classe moyenne et travaillaient dans le secteur industriel, sans parler des gens de plus de 50 ans, qui, une fois leur emploi perdu, tomberont dans la misère et la précarité faute de retrouver un boulot leur permettant de vivre décemment.
Et quand on sait que la retraite des vieux a déjà été portée à 65, 66, ou 67 ans, et qu’elle sera peut-être portée à 70 ans, si cela continue ainsi, on se demande, si ces mêmes vieux sont licenciés par les entreprises déjà à l’âge de 50 ans, comment ils vont vivre, à supposer qu’ils en aient les moyens, durant ce laps de temps.
Mais il est à craindre aussi que nombre d’entre eux voteront désormais, vu leur situation, à l’extrême droite au lieu de voter à l’extrême gauche. Ce qui ne va guère arranger les choses, à mon sens, puisque la résurgence des nationalismes s’accompagnera de tensions toujours plus vives au sein des pays concernés.
Claude,
sourire B.A.R.I.O.L.é… ou édulcoré (?)
– colorant , acidifiant, émulsifiant, édulcorant… nous allons tous en être pour enfin devenir les créateurs de nos nouvelles liquidité(e)s!
Auguste , après vérif, moi qui pensais, va t’en savoir pourquoi et sans jeu de «maux»: Auvergnat… Sorry, et sourire ô Corrézien.
Bien à vous
…
A tous…
[u]A voir ou revoir :[/u]
« J’ai très mal au travail » un film coup de poing sur le monde du travail ! de J M Carré.
—————————————–
[i]QUAND L’ÉCONOMIE comprime la société, parfois ça explose. Mais souvent, ça écrase. Des siècles d’expérience et des monceaux de théories n’y ont rien changé : la physique de la révolte obéit à une logique insaisissable. Le piston de la crise qui propulse dans les rues des foules hier encore assoupies agira ailleurs comme un pilon. Au mouvement irrésistible du Front populaire répond le coup d’assommoir des années 1980 ; au soulèvement des Argentins en 2001 contre la politique du Fonds monétaire international réplique l’apathie des salariés japonais englués dans la grande dépression des années 1990.
Nous y revoilà. L’économie américaine détruit les emplois par millions, les entreprises européennes rejettent leurs travailleurs ; le Japon replonge. En une décennie, les peuples des pays les plus industrialisés auront acquitté par trois fois le prix du capitalisme libéral : une première, par le laminage de leurs salaires mis en concurrence internationale ; une deuxième, par le financement public de plans destinés à sauver l’édifice bancaire mondial ; une troisième, en perdant leur poste afin qu’intervienne la restructuration de l’appareil productif et le rétablissement des marges.
Contrairement aux précédentes, la récession entamée en 2008 frappe simultanément – quoique en proportion décroissante – ouvriers et employés, ingénieurs, cadres et professions intellectuelles supérieures ; hier inattentifs aux tourments des salariés, les journalistes, par exemple, se soucient à présent d’une crise qui ne les épargne plus. En France, en Italie, en Grèce, des mouvements de jeunesse ont éclaté. Des échines naguère assouplies par les promesses de la promotion sociale se redressent. Piston ou pilon, de quel côté penchera cette fois le balancier ?
« La soumission du plus grand nombre au plus petit, ce fait fondamental de presque toute organisation sociale, n’a pas fini d’étonner tous ceux qui réfléchissent un peu », notait en 1937 la philosophe Simone Weil dans sa Méditation sur l’obéissance et la liberté. « Comme si, dans la balance sociale, le gramme l’emportait sur le kilo. » Cet apparent défi à la raison se manifeste avec une brutalité particulière au sein des entreprises. Là où le travail, alternativement trop intense et trop rare – surdosé pour les uns, rationné pour les autres –, dévoile sa double vérité. Celle, objective, de l’exploitation, d’autant plus identifiable que la tâche est rude, répétitive, réductible au seul salaire qu’elle rapporte. Celle, subjective, de l’accomplissement professionnel perçu par le salarié qui « s’investit » et trouve à l’atelier ou au bureau un statut, des copains, la trame d’une existence.[/i]
(…)
[i]Or les deux aspects coexistent, le second masquant le premier. « Les travailleurs peuvent concourir à leur propre exploitation, observait Pierre Bourdieu, par l’effort même qu’ils font pour s’approprier leur travail et qui les attache à lui par l’intermédiaire des libertés, souvent infimes et presque toujours “fonctionnelles”, qui leur sont laissées (1). » Le management le sait. Il en joue. La fierté du travail exaltée par les discours politiques et patronaux n’est pas celle du mouvement ouvrier : l’une isole et fragmente ; l’autre intègre et rassemble.
Et puis il y a la force des fausses évidences. Quand le gramme paraît l’emporter depuis toujours sur le kilo, comment imaginer qu’il devrait un jour en aller autrement ? S’interrogeant sur la passivité des sidérurgistes allemands de la Ruhr qui, au début du XXe siècle, enduraient sans broncher la violence du labeur, le sociologue Barrington Moore notait que la plupart d’entre eux ne percevaient pas leur sort comme le produit d’une injustice. Mais comme une malédiction. Passer de l’obéissance à la possibilité même de la révolte exigeait donc, selon Moore, de « surmonter l’illusion de la fatalité (2) ». Tous les mouvements d’émancipation sont partis de là. Et, pour vaincre, tous durent affronter les marchands de sable qui font souffler partout le même sirocco : l’ordre social est imparfait mais irremplaçable ; l’améliorer passe par des solutions individuelles ; l’action collective conduit à l’uniformisation ou au goulag. Laissez-nous faire, occupez-vous de vous…
AU FOND, quoi de commun entre des paysans japonais refusant d’être expropriés de leurs terres ; des cheminots entraînant dans leur sillage un pays entier contre la remise en cause de la sécurité sociale ; des syndicalistes sud-africains payant de leur vie leur engagement contre l’apartheid ; des féministes donnant autant de fil à retordre à leurs camarades grévistes qu’à leur employeur ; des chômeurs allemands passant une annonce dans le journal pour proposer à leurs semblables de s’entraider ; des ouvriers de Chicago occupant leur usine de portes et fenêtres jusqu’à faire plier patronat et banquiers ? Pas grand-chose, si ce n’est que tous ont su au cours des décennies écoulées jouer les invités-surprises dans une histoire qui se serait volontiers écrite sans eux.[/i]
Par Mona Chollet & Pierre Rimbert
(1) Pierre Bourdieu, « La double vérité du travail », dans Méditations pascaliennes, Paris, Seuil,.
(2) Barrington Moore, Injustice : Les bases sociales de l’obeïssance et de la révolte. Random House, New York,
[b]De la résistance improbable…[/b]
Cf. Les Révoltés du travail MdV 103 (M D) fév-mars 2009
Pour compléter ta feuille Auguste à lire impérativement pour tout contributeur et contributrice intéressé(e)s
sourire
…
Où sont les guillemets ?