Les salariés du groupe ne se sont pas trompés.

L’offre POP se retire le 28/06/10

 

La société des rédacteurs du Monde ne s’est pas laissé impressionner par les menaces de Sarkozy concernant l’offre Bergé, Niel, Pegasse de supprimer les subventions de l’État si cette offre, considérée de gauche, venait à être choisie déclarant que Le Monde deviendrait une machine de guerre socialiste. Nicolas Sarkozy a reçu le Directeur du Monde Eric Fottorino pour lui faire comprendre son opposition à une offre de reprise d’un trio d’investisseurs catalogués à gauche.

«Selon une source interne, lors du rendez-vous entre Éric Fottorino et Nicolas Sarkozy, ce dernier «a clairement affiché son opposition à l’offre de Pigasse, Niel, Bergé». Le chef de l’État «a menacé de ne pas donner des aides de l’État pour le sauvetage de l’imprimerie du Monde si le trio était choisi», a ajouté cette source, La Tribune .fr.

Le boomerang se retourne contre lui quand on sait qu’Alain Minc est son conseiller pour les médias et qu’en outre, il n’est pas très apprécié de la société des rédacteurs et du personnel, n’a-t-il pas été président du Conseil de surveillance du journal au mépris des statuts du groupe, élu par 10 voix sur 20 poussé par Claude Perdiel propriétaire du Nouvel Observateur et tête de file de la seconde offre POP. Accusé par la SRM d’avoir précipité la crise amenant à la démission du président du Directoire Pierre Jeantet afin de précipiter une recapitalisation du Monde au profit de groupe Lagardère dont il est conseillé, et qui tire les ficelles. Alain Minc ingénieur de la prestigieuse Ecole Nationale supérieure des Mines de Paris et major de l’ENA est l’homme orchestre du trio Sarkozy, Lagardère Perdiel pour la main mise politique de l’UMP sur le groupe du Monde.

Dès la fin 2009 le groupe du Monde devait être recapitalisé. En mars 2009 le groupe avait contacté un prêt bancaire auprès de BNP Paribas qui arrivait à échéance en mars 2011. Ce prêt cautionné par l’hebdomadaire Télérama avait été consenti à condition que le groupe Le Monde s’engage à une recapitalisation. La crise publicitaire sans précédent survenue en 2009 a contraint «Le Monde» à accélérer le calendrier prévu. Le montant de la recapitalisation envisagée est alors estimé à 50-60 millions d’euros, Les Echos.fr.

Cette recapitalisation s’orientait vers la perte des actionnaires historiques parmi lesquels les sociétés du personnel et notamment la SRM par suite de négociations qu’avec le groupe Espagnol de médias Prisa et l’Italien l’Espresso. Le PDG de Prisa avait déclaré être intéressé par «Le Monde» étant un formidable actf. Dès avril il apparait clairement que cette recapitalisation peut conduire à un tournant crucial pour «Le Monde». La SRM perdant ses droits «Le Monde» ne deviendrait qu’un journal de journalistes. Disposant d’un droit de veto, la SRM entendait négocier avec le futur repreneur. L’organigramme simplifié du Monde.

 

Source Les Échos.fr.

Le Conseil de surveillance LMPA représente «Le Monde partenaires et Associés structure originelle du groupe». On voit que le reste représente 40,6 % du Monde SA. «Le Monde SA» est un groupe d’activités multiples dont les actionnaires étaient sous le président du Directoire Jean-Marie Colombani, source Observatoire Français des Médias.


% – Sté des rédacteurs du Monde 29,58
% – Association Hubert Beuve-Méry 11,77
% – Sté des lecteurs du Monde 10,43
% – Le Monde Entreprises 10,43
% – Le Monde Investisseurs 8,58
% – Le Monde Presse 6,83
% – Fonds commun de placement des personnels du Monde 6,08
% – Le Monde Prévoyance 5,27
% – Claude Bernard Participations 2,86
% – Le Monde Europe 2,86
% – Sté des cadres du Monde 2,86
% – Sté des employés du Monde 2,86
% – Sté des personnels du Monde 0,05
% – Jean Marie Colombani 0,05.

Les publications du groupe Le Monde SA sont,

a)Presse magazine et livres : Télérama, Courrier International, La Vie, Le monde Diplomatique, Manière de voi, Le Monde des Religions, Prier, Notre Histoire, Le Monde de l’Education, La Lettre de l’Education, Ulysse, Danser, Les cahiers du cinéma, l’Hebdo Le Monde des Ados, Papoum, Pirouette, Abricot, Les P’tites Sorcières, je lis des histoires vraies, Je lis déjà, Mille et une histoires, Mon journal arc-en-ciel, Les p’tites princesses.Presse quotidienne régionale : Midi libre, L’Indépendant, Centre Presse, Terre de vins, Terres catalanes, La semaine de nîmes, la semaine du Roussillon, Journal de Millau, L’Aveyronnais, Le Catalan Judiciaire.

b)Presse quotidienne régionale : Midi libre, L’Indépendant, Centre Presse, Terre de vins, Terres catalanes, La semaine de nîmes, la semaine du Roussillon, Journal de Millau, L’Aveyronnais, Le Catalan Judiciaire.

L’historique des offres, les Echos.fr .

Début mai, Claude Perdriel, propriétaire du «Nouvel Observateur», et le banquier Matthieu Pigasse, associé à l’homme d’affaires Pierre Bergé, annoncent leur intérêt pour «Le Monde».

Fin mai, c’est le groupe de médias Suisse Ringier de demander à étudier le dossier. Le même jour, le fondateur de Free, Xavier Niel, s’associe à Matthieu Pigasse et Pierre Bergé. Le groupe Italien L’Espresso de Carlo de Benedetti entre dans la course.

Claude Perdriel apprends que ce ne sont pas 60 millions d’euros, mais plutôt 100 à 120 millions d’euros qui seront nécessaires. Il s’agit non seulement de rembourser la dette bancaire de 25 millions d’euros, mais aussi au moins la moitié des ORA (dont la valeur faciale s’élève à 69 millions d’euros). Il faudra également restructurer l’imprimerie, financer la clause de cession, etc.

Début juin, Ringier et L’Espresso jettent l’éponge. Certains actionnaires essayent de faire modifier la date de remise des offres, alors qu’elle est fixée au 11 juin. La SRM et d’autres actionnaires historiques demandent un report au 21 juin. Prisa se déclare toujours intéressé, mais demande un délai jusqu’en septembre. Claude Perdriel est revenu dans la course, et annonce qu’il fera une offre, avec un partenaire minoritaire mystère. Parallèlement le directeur général d’Orange multiplie les déclarations d’intérêt pour « Le Monde » et notamment sa filiale numérique, «Le Monde Interactif».

Le dossier se politise lorsqu’on apprend le 10 juin que Nicolas Sarkozy est intervenu auprès du président du Directoire, Eric Fottorino, on connait la suite.

Le 28 juin Perdiel et Orange retirent leur offre, la voie est libre pour BNP. Une exception de l’Association Hubert Beuve-Mery détentrice de 8,7% du capital du holding, qui s’était prononcé en faveur de la proposition adverse. Le repreneur devrait être désigné à la majorité simple des 20 voix au conseil, dont 9 sont d’ores et déjà acquises à l’offre Bergé-Pigasse-Niel.

Le Conseil de surveillance se prononce par onze voix sur 20 les autres administrateurs se sont abstenus. Les deux voix supplémentaires en faveur du trio «BNP» sont finalement venues de Claude Perdriel, beau joueur après le retrait de son offre, et Louis Schweitzer, le président du conseil de surveillance de LMPA.

Les autres administrateurs, qui totalisent neuf voix (l’association Hubert Beuve Méry, qui en compte deux, Jean-Louis Beffa, Etienne Pflimlin, Pierre Lescure, Pierre Richard, Marie-Louise Antoni, Mario Colaiacovo, et Guillaume Sarkozy) se sont abstenus.

Le Monde SA montre ainsi le visage d’une société moderne ou les uns comme les autres, outre leurs divergences, souhaitent sa continuité associant le personnel aux décisions. Le Monde SA est un bien commun, c’est ce qui devrait faire sa force dans la mesure oú il sait contrôler sa gestion. La SRM a été l’artisan du succès de l’offre BNP, sans ce plébiscite cette offre n’aurait pas été validée, et Le Monde serait passé dans le giron du président Sarkozy ? Politiquement, ce serait à gauche maintenant, rien n’est moins sur si les journalistes ont l’indépendance qu’ils sont en droit d’exprimer. En fait tout montre que cette gouvernance est au centre bien qu’il était nécessaire que celui qui permet de recapitaliser les finances du groupe l’emporte et en devienne ainsi le propriétaire. Il faut souhaiter longue vie au Monde c’est au travers de lui, aussi, que ce joue l’avenir de la presse écrite.