S & P, Fitch, Moody’s AH!AH!AH!

  

 Le Moody’s Blues chante AAA. 


            Dès la fin des primaires, on en revient aux réalités. L’agence de notation nous met sous pression, genre test à Master chef. Désormais tous les gestes du gouvernement seront pesés, évalués à l’euro près. Et gare à la fessée si cela déplaît à ces anonymes qui nous observent et dirigent. 
         Une taxe en plus, un sourire. Une dépense en moins 2 sourires. Une dépense de trop une grimace. 
         Qui sommes-nous pour être tancé pendant un an par une sorte d’abstraction ayant pignon sur rue ? L’infantilisation d’un Etat dans son fonctionnement ou bien la mise sous tutelle à la Bettencourt est donc notre lot budgétaire. Le tempérament gaulois va se cacher sous le bouclier des finances. Le ciel des spéculateurs va nous tomber sur la tête un beau matin par surprise. Damoclès était un rigolo.          Notre liberté de gestion est figée pour les mois à venir. Et l’on va nous faire réagir à l’annonce de taxes par ci, de restrictions par là. La marche vers les 3A prend la forme d’une retraite de Russie. Nous, les grognards, allons nous plier bon gré mal gré aux ordres des marchés.
         (En filigrane, on perçoit déjà le profit publicitaire que l’on peut tirer de ce nouvel art de vivre. Il suffit d’écouter le spot d’Opel qui décerne 4A à un de ses modèles).
                   Il en résulte que la campagne présidentielle va être réduite à un match entre les AAA. « Vous dites que… mais alors nous allons être dégradés ». Chaque discours, « Ah ! Ah ! » sera destiné à complaire aux gnomes des agences qui compteront les points. Avec des + ou des -. 
         Au départ, chaque candidat d’entre les 2 tours, aura un bonnet d’A. Infantilisation oblige. Comme à ‘école. Et, selon les propositions, les télé-spectateurs retrancheront une, deux ou trois de ces lettres magiques. Ce sera donc une campagne sans rêve, sans qualité. Une campagne où tout sera quantitatif. Des chiffres, que des chiffres. L’un sera élu à coup de milliards. Fitch contre Standard. Moody’s contre les 2 autres. Marine, Nicolas, François seront d’aimables marionnettes exhibées au castelet des marchés. 
Et nous B…lerons devant nos urnes en attendant de savoir quel Gnafron nous jouera du Moody Blouse.