Je lis beaucoup dans les revus financières, des termes et expressions qui se résument à « les marchés ont toujours raison » ou encore « les traders anticipent 6 mois à l’avance que… » . Ces dernières témoignent d’une croyance que le marché, par le jeu de l’offre et la demande est à même de se réguler et de mettre en évidence un prix d’équilibre qui est optimum pour la société.
 

Pourtant, dans l’absolu, on observe que le propre des marchés c’est d’avoir toujours tord. Ainsi le mythe du trader surdoué qui voit l’avenir est totalement à coté des réalités surtout quand on sait qu’un trader possède uniquement des positions court termes (ils doivent clore leurs positions toutes les semaines). D’ailleurs un ami polytechnicien qui travaille au management du risque d’une banque, m’a avoué récemment « les traders sont de vrais rigolos qui achètent et qui vendent «parce qu’ils le sentent bien» à plusieurs reprises ont les a empêché de faire de grosses bêtises ».

 

Les traders possèdent une arme redoutable que l’on appelle le phénomène auto réalisateur. Ainsi c’est parce qu’ils répandent une rumeur sur une société que cette dernière va monter ou baisser, ou encore c’est parce qu’ils possèdent de gros moyens que lorsqu’ils se placent sur une action cette dernière augmente.

 

Ainsi, si vous avez une société avec 100 000 actions de disponible et qu’un trader a les moyens d’en acheter plus, cela va créer un excès de la demande qui va lui faire gagner son pari haussier sur la société. Une fois le mouvement de hausse enclenché il a plus qu’a vendre ses actions à ceux qui veulent profiter de cette dynamique haussière, pour engranger ses bénéfices (Nous reviendrons sur ce phénomène plus en détail dans un prochain article).

 

Les marchés sont donc loin d’être aussi prévoyants et infaillibles tel qu’on le prétend. Voici des points qui font réfléchir :

 

-Si les marchés avaient toujours raison, la notion de bulle (bulle internet, bulle immobilière etc …) nous serait étrangère. Or on observe que des bulles explosent et de plus en plus souvent. Cela résulte d’une mauvaise allocation des ressources. L’émergence du trading et des produits dérivés aggrave considérablement ce problème et rend les marchés financiers inefficients.

 

-Si les marchés avaient toujours raisons les notions omniprésentes de surachat et surventes n’auraient pas de raison d’être. Ainsi si les prix étaient justes, il n’y aurait pas d’opportunité d’arbitrage. On peut même avancer que le trading bancaire utilise sans cesse les anomalies prix (qu’elles génèrent) pour faire des bénéfices.

 

-Si les marchés avaient toujours raison alors on vivrait dans un monde ou les prix reflèteraient les fondamentaux or ce n’est pas le cas. Si l’on étudie simplement les monnaies on observe que ces dernières divergent, pour certaines, de 40% avec les fondamentaux du pays.

 

-Si les marchés avaient toujours raison, on vivrait dans un monde ou il y aurait l’harmonie sociale. En réalité nous y sommes très loin car la finance centralise l’ensemble des richesses mondiales dans les mains de quelques entités économiques (une vingtaine de banques et quelques fonds souverains). Ainsi, il y a un monopole des richesses et une mauvaise redistribution. Le meilleurs exemple est les Etats Unis ou pendant les 10 dernières années les salaires réelshors finance n’ont pas augmenté alors que les salaires des financiers ont prit jusqu'à 1000%. Cela est naturellement scandaleux lorsque l’on sait que le pays enregistrait une croissance de 3% par an. Les ménages se sont endettés pour consommer plus alors que leur pouvoir d’achat stagnait voire baissait et ont donc souscrit au fameux subprimes… La suite nous la connaissons hélas.

 

-Si le marché avait toujours raison, l’Etat n’aurait pas besoin d’intervenir. C’est d’ailleurs un concept fondateur de la bourse, le marché se régule tout seul et les Etats ne doivent pas intervenir. En réalité, on voit bien ici que sans l’Etat les marchés sont totalement INCAPABLES de s’autoréguler. Pire que cela, les marchés ne peuvent pas répondre aux besoins de la population comme certains l’affirment. Aucun financier n’accepterai par exemple d’assurer l’éducation de la population de la maternelle à l’université car cela est couteux et le résultat incertain. Aucun financier n’accepterait de financer des biens collectifs comme les musées, les transports en commun etc … car cela n’est générateur d’aucun profit, mais ce sont pourtant des choses qui nous servent à tous.

 

 

-Si les marchés anticipaient 6 mois à l’avance ils n’auraient pas fait -11% lors de la chute de Lemhan Brother puisqu’ils étaient sensés l’avoir anticipée. Ainsi la notion de crash boursier est tout simplement due à l’absence d’anticipation d’un phénomène de grande ampleur. Par conséquent, sous l’effet de la surprise, les acteurs financiers sombrent dans la peur-panique.

 

N'oubliez pas que les capitaux sont détenus par quelques fonds dans le monde et qui eux même sont détenus par quelques humains, donc par définition, par des êtres irrationnels qui obéissent à 2 émotions primitives : «la peur et la cupidité». Et pour étayer mes dires voici une dépêche qui va en impressionner plus d’un. En effet, on y apprend qu’une enquête dans le milieu de la city met en cause un courtier malhonnête dans la hausse récente des prix du pétrole.http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/254649/–Un+courtier+voyou+fait+grimper+de+plus+de+deux+dollars+le+prix+du+p%C3%A9trole

 

Ainsi, comme on peut le voire, il suffit d’un seul courtier pour influencer le prix du baril pour le monde entier … Il y a une chose a ne jamais oublier, la finance ne fonctionnera jamais pour l’intérêt collectif car cette dernière est le plus grand monopole qu’il puisse exister (cela va bien au delà du cartel de l’OPEP ).


Boongo