S’il est un livre de mauvais goût, c’est bien celui-ci. "Le magasin des suicides", signé Jean Teulé, paru en 2007.

Imaginez une ville sombre, où les gens n’ont plus goût à rien. Couleurs ternes, poches sous les yeux, grises mines. Tant et bien que la boutique la plus florissante est un magasin des suicides. Poisons, sabres, cordes, les Tuvache ne laissent rien au hasard. Vous avez raté votre vie ? Réussissez votre mort ! Emballages cadeaux et packs pour la Saint-Valentin fleurissent au gré de cette histoire pour le moins… hilarante.

Dans le livre, du moins.

 

Tout se passe pour le mieux chez les Tuvache. Jusqu’au jour où la patronne accouche d’un petit Alan, la joie de vivre incarnée. Bébé, il sourit aux clients et gazouille gaiement dans son landau. Plus grand, il sifflote et ne rate jamais une occasion de mettre les pieds dans le plat. On ne dit jamais au revoir aux clients mais adieu, puisqu’on ne les reverra pas.

 

"Le magasin des suicides" est le premier film d’animation de Patrice Leconte, sorti en 2012. Une déception par rapport au livre.

Graphismes attirants, glauques à souhait, et dialogues qui font mouche. Si dans l’ensemble, les personnages rendent plutôt bien, le reste a un rendu médiocre. Soyons honnêtes. Ce film, pourtant élaboré sur de bonnes bases, n’a pas le même effet sur le spectateur que le bouquin sur le lecteur. On ne sait pas trop ce que Leconte veut y faire, ni comment il souhaite amener les choses. On se retrouve alors perdus dans une oeuvre qui n’assume pas totalement sa poésie ni son aspect glauque.

Les chansons tombent comme des cheveux sur la soupe. Paroles bof-bof, voix nasillardes. On s’en demanderait presque s’il ne s’agit pas d’un sous-Burton, d’une pâle copie.

 

Vous l’aurez compris, un film navrant qui avait pourtant du potentiel. Le livre de Jean Teulé est nettement meilleur. Quant à sa fin, elle, au moins, signifie quelque chose et n’est pas édulcorée jusqu’à aller à contre-sens de l’histoire.

"Le magasin des suicides" se laisse pourtant regarder (en faisant abstraction des chansons, c’est vrai). Malheureusement trop "enfantin" pour les adultes, et trop macabre pour les enfants. C’est qu’il a du mal à se définir un public.