Quand on vous dit "ordinateur", vous pensez "Windows". Quand vous entendez "traitement de texte", c’est "Microsoft Office". Quelqu’un vous parle de "fichier PDF", vous comprenez "Adobe Reader". "Traitement d’image" ? "Photoshop" !
Depuis de très longues années, ces logiciels précités, quelques soient leur fonction, dominent largement leurs concurrents. Pourtant ils ne sont ni libres (il est interdit de les modifier), parfois payant (très chers), et ne sont pas forcément de meilleure facture que leurs homologues "libres". Des homologues dont on entends rarement parler. Et pour cause. Leurs créateurs ne disposent ni des moyens financiers, ni des moyens médiatiques que peuvent s’offrir les grandes sociétés développant du "propriétaire".

Tout d’abord, pour bien comprendre ce dont il est question, voyons les définitions de "logiciel propriétaire" et de "logiciel libre".
Logiciel libre (wikipedia) : Un logiciel libre est un logiciel dont l’utilisation, l’étude, la modification et la duplication en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement1, afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l’utilisateur2, et la possibilité de partage entre individus.

Logiciel propriétaire (wikipedia) : Un logiciel propriétaire, ou logiciel privateur, ou encore logiciel non libre, est un logiciel dont la duplication, la modification ou l’usage est limité ; autrement dit un logiciel qui ne correspond pas aux critères définissant le logiciel libre. Ceci se matérialise par des limitations légales, matérielles, ou logicielles dans l’utilisation, la diffusion, la modification, ou l’évolution.

Il est important de ne pas faire l’amalgame libre/propriétaire et gratuit. Un logiciel propriétaire peut très bien être gratuit (Adobe Reader…), tout comme un logiciel libre peut être payant (Red Hat entreprise…). Bien que la grande majorité des logiciels libres soient diffusés gratuitement, rien n’y oblige leurs développeurs. Il serait donc malhonnête de réduire le libre au "gratuit" et le "propriétaire" au payant.

 

La véritable différence entre "libre" et "propriétaire" réside dans le fait qu’un logiciel libre n’appartient à personne. Ni physiquement, ni moralement. Un logiciel libre peut être modifié, adapté, diffusé, re-modifié… et ainsi de suite, un nombre illimité de fois, et par n’importe qui. A l’inverse, un logiciel propriétaire ne peut pas connaitre tout ceci. Au mieux, si il est gratuit (anti-virus gratuits…), il peut être diffusé légalement par n’importe qui. Il n’est cependant pas possible de le modifier où de l’adapter.
Mis à part ceci, quels peuvent donc être les avantages, pour tout un chacun, d’utiliser des logiciels libres à la place de logiciels propriétaires ? Pour un utilisateur lambda, à moins d’avoir des convictions arrêtées et de refuser d’utiliser l’un ou l’autre, seule la qualité du logiciel lui-même entrera en ligne de compte.

Nous allons considérer ici les différences entre les "grands" libres gratuits et leurs homologues propriétaires/payants. D’abord, sachez que lorsque vous achetez un ordinateur, celui-ci étant équipé dans la quasi totalité des cas d’un système d’exploitation Windows (voir ici), vous n’avez aucun logiciel utile (traitement de texte, traitement d’image, tableur…) et de qualité d’installé en version complète. Au mieux vous n’avez que des versions de démonstrations limitées dans le temps et dans leur utilisation. Aussi, pour activer l’ensemble des fonctionnalités de ces derniers, vous serez obligés de passer à la caisse afin d’acheter une licence d’utilisation (99€ minimum pour Microsoft Office, 1000€ pour la version complète du dernier Adobe Photoshop, 40€ pour un antivirus payant à jour…). A moins de verser dans l’illégalité et de télécharger les versions crackées sur internet, la seule alternative de qualité pour remplacer ces derniers est de se procurer leurs homologues gratuits (qui dans la très grande majorité des cas sont également libres).
Ainsi, vous économiserez 99€ en préférant Open Office ou Libre Office à Microsoft Office. Voir aussi 1000€ en prenant The gimp en lieu et place de Photoshop, ou encore n’importe quel antivirus gratuit, qui au final n’est pas plus (ni moins) efficace que les versions payantes. Il peut arriver parfois que les interfaces ainsi que quelques fonctions diffèrent, mais dans l’ensemble les homologues gratuits sont largement équivalents aux versions payantes. Et même si ils sont pour la plus part développés en langue anglaise, ils existent en téléchargement en versions françaises.

Mais imaginez, à votre échelle les économies réalisables du fait de l’utilisation de logiciels libres/gratuits en remplacement des logiciels propriétaires/payants sont déjà importantes. Même sans prendre en compte les plus chers d’entre eux, ces économies peuvent se chiffrer à plusieurs dizaines, et même centaines, d’euros par an.
Qu’en est-il donc pour une entité (société, Etat…) dans l’obligation d’acheter et/ou de renouveler une multitude de licences à plusieurs dizaines ou centaines d’euros l’unité pour ne pas tomber dans l’illégalité. Considérant l’ensemble des ordinateurs gérés par l’Etat français et les administrations françaises, ce sont plusieurs centaines de millions d’euros, voir probablement même plusieurs milliards d’euros, qui pourraient être économisés en remplaçant les logiciels propriétaires payants (Windows, Microsoft office, Norton…) par leurs homologues libres/gratuits. Le tout sans perte de qualité.
Alors bien sur, cela ne pourrait pas se faire d’un coup de baguette magique. Cela demanderait du temps et un minimum d’investissements afin que tout soit organisé de façon à ce que tout se passe bien. Les premières économies ne seraient ainsi peut-être pas réalisées immédiatement, mais il est certain qu’à terme le bénéfice serait d’ordre phénoménal, en particulier en période de crise comme aujourd’hui.

De plus, d’un point de vue purement macro-économique cette fois (formation oblige), les sociétés développant les logiciels propriétaires les plus connus et diffusés à travers le monde (Microsoft, Adobe, Symantec…) sont dans leur très grande majorité installées hors de France et d’Europe. Ainsi,  chaque fois que l’un de leur produit est acheté, ce sont des fonds supplémentaires qui "s’évadent" à l’autre bout du monde, alors qu’ils pourraient être utilisés à d’autres fins plus "locales" si l’utilisation des logiciels libres/gratuits se développait. Cela pourrait être vu comme une sorte de politique protectionniste visant à conserver de l’argent dans les frontières françaises et européennes. Mais il est vrai que là il s’agit d’une problématique autre, qui mériterait un article à elle seule.