Malgré une inflation estimée à 2,5%, le gouvernement français a décidé de suivre les recommandations de la Banque de France et donc de laisser le taux de rémunération du Livret A à 2,25 % alors qu’il aurait dû logiquement le faire passer à 2,75%. Ce qui va conduire obligatoirement à un manque à gagner pour les épargnants. On estime ce dernier à environ 500 millions d’euros de perte pour les 60 millions de bénéficiaires. La Banque de France est d’un optimisme que très peu d’économistes partagent. Elle estime que cette décision est inévitable pour éviter la volatilité de ses taux et mise sur une chute de l’inflation, à moins de 2,25% cette fois-ci, dans les prochains mois. Pourtant, l’actualité économique est peu réjouissante. Même si le marché européen montre quelques signes d’encouragement, les difficultés de reprise économique aux Etats-Unis combinées à une baisse de l’Euro, à la hausse des prix du pétrole, et aux difficultés de négociations avec le secteur privé à propos de la dette grecque ne montrent en aucun cas une possible baisse de l’inflation prochainement.
Alors pour quelles raisons le gouvernement français a-t-il choisi de laisser le taux inchangé ? Officiellement, c’est également pour favoriser l’assurance vie qui plafonne, elle, à 3 %. Rappelons que le livret A est une épargne liquide et défiscalisée alors que l’assurance vie se place sous la durée et est fiscalisée. Le gouvernement souhaiterait conserver un taux moins rémunérateur pour le livret A, un des placements préférés des Français. Il voudrait également favoriser la consommation plutôt que l’épargne. Ainsi, il a voulu éviter que la Caisse des Dépôts, qui collecte l’argent de ces livrets, augmente par conséquence les taux de ses prêts.
Enfin, il faut également tenir compte de la dimension politique de l’affaire qui a pesé dans la décision du gouvernement. Augmenter le taux de rentabilité du livret en raison de l’inflation, puis devoir le baisser le 1er mai prochain si l’inflation connaît une baisse, serait mal vu de la part des Français. Or, le 1er mai se situe à cinq petits jours du second tour de l’élection présidentielle.
L’équation n’est pourtant pas si compliquée :
500 millions de pertes pour les épargnants = 500 millions en moins à payer pour l’état…
Quand à l’échéance électorale, il y a mieux : augmenter le taux 5 jours avant les élections…
De toute manière, croire que le livret A a un rapport quelquonque avec l’inflation est aujourd’hui faux.