Je ne vais pas tout de suite vous vanter la version 2.0 du dictionnaire Le Littré pour Windows : il se télécharge lentement. J’attends de voir (voyez infra). Je dois pourtant avoir quelque part une version antérieure (en CD de l’éditeur Redon, qui publie L’Atelier historique de la langue française – l’histoire des mots du haut Moyen âge…), voire diverses. C’est rangé parmi d’autres CD localisant de multiples dictionnaires de diverses époques et diverses langues. J’ai désinstallé des Larousse, d’autres, et en local, je consulte rarement autre chose que Le Grand Robert… Mais… à l’occasion…

Je conserve deux éditions papier du Grand Robert (la « bleue », et la suivante, « la verte ») qui remontent au siècle dernier. Très rarement, je m’y réfère. Formé rapidement à la lexicologie, la terminologie et la dictionnairique (dès que Le Littré est téléchargé, j’irais voir ce mot ou constater son absence), il m’advient aussi de consulter en ligne (ou en version Redon) L’Encyclopédie (Diderot et alii), voire l’autre (la suissesse), et aussi d’autres, maints autres dictionnaires (dont le Moure, pour l’histoire). Ma « blanche » Universalis, tout comme le CD (gracieusement aussi fournie aux collaboratrices et collaborateurs), restent trop négligées. Mais on peut multiplier les sources encyclopédiques ou la consultation des dictionnaires, on ne trouvera que rarement un vocable tel « orthotypographie », y compris dans des ouvrages récents. Il est pourtant répertorié par l’Infothèque francophone de l’Agence universitaire de la Francophonie. J’y fais allusion puisque Jeanne, du Post, se demandait si cela pouvait « avoir quelque chose avec » les ornithorynques ou « l’aurtographe » (sic, assumé par l’auteure). Cela peut avoir avec l’orthographe des relations charnelles mais plus précisément à voir avec l’emploi de la ponctuation, des signes typographiques, &c. Je ne suis pas sûr que le syntaxique Lernout & Hauspie condamnerait cet « avoir quelque chose avec… ». Ce serait à voir, voire à débattre, mais c’est une autre discussion.

Il existe bien sûr un « autrographe » (néologisme pas vraiment heureux) courant ou moins usité, pour divers mots. Le Bestiaire ébloui des lexies tératoïdes, d’Angelini, en témoigne amplement. Disons-le crûment, ou cruement (forme historique attestée), Le Littré, comme tant d’autres, est fort limité, sur ce point comme pour tant d’autres. N’y cherchez donc pas les entrées de la  glossologie (c’est bien, je viens d’installer cette version 2.0 ; donc, sens deux, « connaissance des termes techniques d’une science, mot pour lequel on dit quelquefois à tort terminologie ») de la dictionnairique, qui n’est pas vraiment une science, et dont le lexique est fort limité. Vous aurez des surprises. Tenez, pour le Grand Robert, « les porcs glandent » (cherchent des glands), tandis qu’ils s’occupent à tout autre chose dans le Littré pour lequel un cheval se glande (se tuméfie les « ganglions lymphatiques de la ganache » et il ne s’agit point ici de la mâchoire de Voltaire : Chercher dans tous les articles > Voltaire ou voltaire).
En sommes nous d’accord ? Oui, admet Voltaire. Tout est-il d’accord ? Non, selon Voltaire qui, tout comme – peut-être – pour un·e « soi-disant » à ne pas employer pour un·e présumé·e, réserve cet « accord » aux seules personnes (humaines ? animales ? animées ? cela dépend des époques, des contrées, les animaux étant encore ou non sujets de droit). Le Littré précise que « soi-disant », invariable, fut décliné, pour des personnes de sexe féminin.
Littré et Robert sont des dictionnaires dits « de langue », non « encyclopédiques » (Larousse et autres). Le Littré ignore le mot thésaurus, écrit aussi thesaurus, qu’il ne faut pas confondre avec ce quasi-faux ami qu’est son strict homonyme anglais : a thesaurus est un dictionnaire analogique listant ou non des synonymes.
Eh bien, justement, allez donc consulter en ligne l’analogique de Prudence Boissière, pour y repérer des mots tel « madécasse » (malgache, mais qui peut avoir un sens plus large, depuis l’île de Bourbon à l’île Maurice, sans escale ; ou le revêtait, au moins pour Évariste de Parny).
Installer ce Littré n’offre pas la garantie de pouvoir rédiger sans s’équivoquer (ici, calque du castillan, impropre, car on ne « se » fait pas des équivoques, des calembours). Mais c’est l’occasion de s’amuser, de s’interroger, de poursuivre autrement sa quête des sens, parfois fort contournés et détournés. C’est assez farce.
C’est aussi l’occasion de se remémorer cet oublié « Et le néologisme, en conquérant vandale / Poursuit impunément sa marche triomphale. » (Épître à Boileau sur les mots nouveaux, par Jean-Pons-Guillaume Viennet, prononcé à l’Institut en 1855). Embarquez, sinon en pyroscaphe (bateau à vapeur), du moins en hardi navigateur !
Ce que je regrette (mais scrute-t-on la ganache d’un « cheval » donné), c’est qu’on ne puisse, en surlignant un mot, par exemple, d’un clic droit ou en ayant recours à un raccourci, aller consulter les résultats que remonterait un moteur de recherches. Il me semble (de mémoire) que d’autres types d’ouvrages (dictionnaires, encyclopédies, des Larousse, par exemple), le permettent.
Ce que je déplore, c’est de présager que je m’en tiendrai à consulter ce Littré, en complément duRobert, sans prendre la peine d’ouvrir un dictionnaire imprimé. Certes, je jette un coup d’œil sur les entrées voisines dans l’interface. Mais quand je feuilletais, un autre mot m’attirait, puis un autre. Au point parfois d’oublier le mot initialement recherché.
Singer le cuistre ne fait pas l’érudit. Mais cela excite la curiosité. Le Littré, gratuitement disponible, sera-t-il l’incimoteur qui me portera à consulter un dictionnaire imprimé ? Je le souhaite, faute d’en prendre la ferme résolution.
Signalons que Mediadico, qui inclut Le Littré, s’installe aussi sur un IBM-PC compatible. Une barre pour MSIE ou Firefox est aussi disponible. Vous avez le choix entre deux versions autonomes du seul Littré, celle François Gannaz, pour Windows, Mac SE 10 et Linux, celle de Murielle Descerisiers. Je n’ai pas essayé le premier. Comparons…