Ce qu’on nomme moi, mon ego, ma personnalité existe-t’il réellement ?? On s’imagine être quelqu’un de bien particulier, un être à part entière possédant sa propre personnalité, ses traits de caractères, ses certitudes et ses doutes, ses à-priori, valeurs morales, vices et vertus etc.….
Et c’est ainsi que les autres nous voient, nos proches disent de nous : « oh, tu es comme cela, ceci est ta force, cela ta faiblesse ». Nous-mêmes nous réagissons selon des automatismes qui ne nous font pas poser de questions sur nos actes : je suis ainsi ou je ne suis pas ainsi.
Il existe, cependant, des situations où ces certitudes sont appelées à vaciller, et qu’un hasard de la vie, choc, traumatisme, maladie, accident fait de nous une autre personne sans que nous n’en ayons toujours vraiment conscience. Seul notre entourage perçoit alors, là où il voyait un proche, de subtils changements dans les attitudes ou, pire, un parfait étranger. Comme si le cerveau, détruit, abimé, en se reconstruisant, se ré agençant, faisait émerger un nouvel être. Dans ce moment, « JE » n’est plus ce qu’il était avant.
Parfois, lorsque l’accident n’est pas trop grave, la sensation peut-être dérangeante tant il nous semble que nous ne fonctionnions pas ainsi avant, nous ne nous reconnaissons pas, nous n’aimons plus ce que nous aimions, sommes indifférents à des choses qui semblaient tant nous concerner. Parfois, cette sensation n’est même pas dérangeante dans le cas où l’accident a chassé pour toujours l’être qui se trouvait là. Flippant, non ?
C’est ainsi le cas de cet homme sorti du coma après un accident, et qui sait que les gens le considèrent comme farfelu en raison de ses nouveaux comportements, sans que cela ne le perturbe plus que ça dans sa nouvelle existence.
Ou celui-ci qui, après un accident, rentre chez lui sans séquelles visibles et qui, quelques temps après, voit surgir littéralement de la télé les acteurs comme s’il passait réellement dans son salon. Par chance pour lui, l’effet s’estompera quelques semaines plus tard.
Que dire de cette femme, désespérée, dont le mari a complètement changé suite à un accident vasculaire cérébral. De tendre et attentionné, il est devenu agressif et méchant avec elle et leurs enfants, ne supportant plus de vivre en famille.
Parfois, le cas est extrême, telle l’histoire du contremaître, Phineas Gage.
« Le 13 septembre 1848, Phineas Gage, contremaître, travaille à la construction d’une ligne de chemin de fer. Alors qu’il manipule des explosifs, ceux-ci explosant prématurément, propulse sa barre à mine qui vient lui perforer le crâne, le traversant de part en part. Gage survit, mais, considéré jusque là comme une personne sobre, sociable et travailleur, il devient instable, buveur et grossier. Il ne cesse alors de changer de travail tout au long du reste de sa vie. Il décède 13 ans après son accident d’une grande crise d’épilepsie. »
Ne sommes-nous jamais que la somme de toutes les pensées, réflexes, conditionnements que l’éducation, la vie, le contexte familial nous a gravé en mémoire ? Dans ce cas-là, qu’elle est la place de la notion de libre-arbitre, si un accident cérébral, un « reset » de notre cerveau nous reprogramme ou efface des pans entiers de ce qu’il y était accumulé ? De ce que nous étions…
Pour en savoir plus :
http://www.ciao.fr/Par_P__Avis_864894
http://www.deakin.edu.au/hmnbs/psychology/gagepage/ (en Anglais)