Le Liban, suite 1,

un petit territoire mais une grande histoire

 

Le port de Beyrouth
( photo SOLIDERE , Société Libanaise pour le Développement et la Reconstruction du Centre-Ville de Beyrouth )

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Le Liban pays des cèdres

Beyrouth (بيروت) capitale du Liban et la ville la plus importante du pays. Elle compte environ 1 200 000 habitants et l’agglomération urbaine plus de 2 millions d’habitants (2007). La ville est un centre financier, un port de commerce et un centre culturel d’une importance majeure à l’est de la Méditerranée et au Proche-Orient. La ville forme avec sa banlieue, le district de Beyrouth, le seul gouvernorat Libanais à ne pas être subdivisé en district. Elle abrite le siège du Gouvernement et joue un rôle central dans l’économie du pays, du fait de la présence de nombreuses firmes et grandes banques internationales. Beyrouth est également le poumon culturel de la région, renommée pour ses publications ainsi que pour ses activités culturelles sans égal. La ville a été nommée capitale mondiale du livre 2009 par l’UNESCO. Beyrouth a également été citée dans le New York Times comme première destination à visiter en 2009.

 

Un peu d’histoire.

Petit port phénicien, puis une cité moyennement importante de l’Empire romain, renommée pour son école de droit à partir du IIIème siècle qui subsista jusqu’au IVème siécle. Béryte, Bérytus, pour Beyrouth est une ancienne ville de Phénicie sur la cote au Nord de Sidon (Saïda). Sous Auguste elle reçut le nom de Julia Augusta Félix. Elle fût détruite par un violent séisme accompagné d’un tsunami en 354 puis en 554. Elle ne retrouvera sa place qu’à l’époque moderne. Elle redevient une ville à proprement parler au milieu du XIXe siècle avec notamment l’afflux de réfugiés fuyant les affrontements de 1860 dans la montagne entre Druzes et Maronites.

 

Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et d’Israël.

 

L’Empire romain est la période post-républicaine de la civilisation de la Rome antique, caractérisée par une forme autocratique du gouvernement et une grande exploitation territoriale en Europe et tout autour de la Méditerranée. Beyrouth a survécu à une esquisse de l’histoire, relevant de l’occupation d’un empire après l’autre.

 

D’abord nommée Bêrūt, «Le puits» par les Phéniciens. Les fouilles dans le centre-ville ont mis à jour des couches de vestiges phéniciens, hellénistiques, romains, arabes et ottomans. Après la Seconde Guerre mondiale, le Liban accède à son indépendance, voir l’article précédent, et Beyrouth est devenue la capitale. Beyrouth a prospéré comme un important centre commercial et touristique du Moyen-Orient. Elle a été l’une des principales destinations des riches Arabes et des touristes Européens, en raison de son unique géographie, de son climat, de sa diversité de cultures, et de sa liberté. Beyrouth a été considérée comme le «portail européen pour le Moyen-Orient», et vice-versa, et a souvent été appelée le «Paris du Moyen-Orient». Beyrouth est et était la maison de plus de 10 sectes religieuses reconnues.

Les tensions religieuses entre les communautés chrétienne et musulmane ont provoqué une brutale guerre civile en 1975, voir l’article précédent. Le conflit a duré près d’une décennie et demie, ravageant la ville. La zone centrale de la ville, déjà au centre de toutes les activités commerciales et culturelles, devînt un no man’s land. Tout au long de la guerre, la ville fut divisée entre la partie Ouest essentiellement musulmane et l’Est chrétien. Depuis la fin de la guerre en 1989, Beyrouth est en reconstruction. La ville a mené une politique massive de reconstruction, dont une grande partie a été encouragée par les dirigeants, dont l’ancien Premier ministre Libanais, Rafic Hariri. Depuis, la ville a retrouvé son statut de centre touristique, culturel et intellectuel du Moyen-Orient, ainsi que centre de commerce, de la mode et des médias.

 

Geéopolitique du Moyen-Orient , Le Liban une passoire par René Nabla du blog renenaba.com.

Le Tribunal spécial sur le Liban à l’épreuve de la guerre de l’ombre (partie 1/3), suite,


État tampon, théâtre de deux guerres civiles, (1958; 1975-1990).

Le Liban a longtemps fait office de soupape de sûreté à l’ordre régional, le point de dérivation des conflits inter régionaux, le lieu de dénouement des psychodrames des actes de piraterie aérienne, assumant une fonction tribunicienne, (dans l’antiquité, à Rome, relative au tribun, officier ou magistrat), pour le compte des pays arabes, dont il en constituait une caisse de résonance, et les mouvements de libération qui leur étaient affiliés. Une des plateformes opérationnelles majeures de la guerre clandestine à l’apogée de la rivalité Soviéto-américaine, Beyrouth a tenu la dragée haute en matière d’espionnage aux grandes capitales situées sur la ligne de démarcation du front de la guerre froide. A l’égale de Berlin, immortalisée par les romans d’espionnage John Le Carré, ou de Vienne, passée à la postérité avec son «Troisième Homme» d’Hollywood, le film du cinéaste Orson Wells.

C’est depuis Beyrouth que la guerre culturelle souterraine de la CIA contre l’idéologie marxiste a été menée, dans les années 1950-1980, sur l’ensemble du monde Arabe, à travers la presse pétromonarchique, (s’applique aux monarchies des pétro-dollars), à coups d’opérations obliques, de presse périphérique, d’informations annexes et de renseignements connexes. C’est depuis la capitale Libanaise que se sont ourdies les opérations de déstabilisation des régimes arabes. C’est à Beyrouth enfin que la conférence régionale de la WACL, World Anti-Communist League, s’est tenue au début de la guerre civile, en 1975, sous la présidence de Camille Chamoun, ancien président de la République du temps de la première guerre civile Libanaise, pour convenir à la réplique Américaine à la perte de Saïgon et de Pnom Penh, les deux bastions Américains en Asie, signe de l’importance stratégique de la capitale Libanaise et de l’implication occidentale dans le conflit Libanais. Fondée à Taïwan par Tchang Kaï-Chek, la Ligue anti-communiste mondiale, une Internationale fasciste regroupant d’anciens criminels de guerre nazis et nippons, a constitué la matrice de la contre insurrection dans les zones de confrontation avec la guérilla marxiste. Elle passe pour avoir recruté des mercenaires en vue de leur intégration au sein des milices chrétiennes Libanaises, préludant à l’alliance militaire des phalangistes avec Israël, l’ennemi officiel du Monde arabe.

L’irruption des querelles du Monde arabe propulsée au paroxysme de la guerre froide Soviéto-américaine sur la scène Libanaise transformera le Liban en arène idéologique, où s’opérera un phénomène de cristallisation de la presse Libanaise du fait de la rivalité Égypto-saoudienne. Dans un pays qui se targue d’être un chantre de la liberté de la presse, pas moins d’une dizaine de journaux Libanais se trouvaient sous perfusion Égyptienne et autant sous fusion Saoudienne. Tandis que le proconsul Égyptien, le Général Abdel Hamid Ghaleb et son attaché de presse Anouar Jammal faisaient office de Rédacteur en chef occulte de sept quotidiens (Al-Moharrer, Al-Liwa, As-Siyassa, Al-Kifah, Al-Hourriya, Al-Anouar et Al-Hawdess), son équivalent Saoudien, le Général, Ali Chaer, régnait en maître sur cinq quotidiens (Al-Hayat, Az-Zamane, Ad-Dyar, Al Joumhouriya et Ar Rouad).

Un chiffre suffit à illustrer l’importance de Beyrouth en tant que plaque tournante de la guerre de l’ombre. Entre 1945 et 1995, c’est à dire au cours des trente premières années de leur indépendance, dix huit coups d’état sanglants ont secoué le monde Arabe, la plupart fomentés depuis la capitale Libanaise, dont huit en Syrie et trois, rien que dans l’année qui a suivi la défaite en 1949, avec les coups de force du Colonel Hosni Zaim, le 29 mars 1949, du Général Sami Hennaoui, 14 Août 1949, et du général Adib Chichakli, 19 décembre 1949.

Les visées hégémoniques de la Syrie sur le Liban s’expliquent partiellement par la volonté de Damas de sanctuariser le territoire Libanais, dont elle a eu à pâtir de ses opérations de déstabilisation. Celles des Américains par le souci constant de «conserver le port de Beyrouth dans le giron de l’Occident», selon l’expression du général Alexander Haig, ancien commandant en chef de l’Otan et secrétaire d’état Américain lors du siège de Beyrouth, en juin 1982. Un euphémisme qui masque mal le souci des occidentaux de garder par devers eux cette incomparable banque de données des pulsions du tiers monde militant.

Haut lieu de la contestation panarabe, (relatif à l’ensemble des pays arabes), Beyrouth représente, en effet, pour les Occidentaux, un observatoire permanent de la lumpen humanité, (dans le langage marxiste, le concept Lumpen désigne une pépinière de voleurs et de criminels de toute espèce, individus sans métier, rôdeurs), permettant aux cinq cents correspondants de la presse étrangère accrédités à l’époque au Liban, et à la multitude d’honorables correspondants se plaçant dans leur sillage, d’observer le déroulement de la guerre inter-yéménite entre Républicains et Monarchiques du temps de la rivalité Saoud-Nasser, (voir les relations saoudo-égyptiennes ) dans la décennie 1960, les soubresauts du septembre noir Jordanien, le massacre des Fedayins Palestiniens par les Bédouins du Roi Hachémite, en 1970, les convulsions de la monarchie Iranienne et sa chute, en 1979, dans la foulée du triomphe de la révolution islamique ou encore la riposte balistique du Hezbollah à la guerre de destruction Israélienne du Liban, en juillet 2006.

La suite sera sur «Le paradis Libanais, une fournaise».