Le journaliste et le politique selon Plantu

Plantu aime la politique. Et les politiques aiment Plantu. Mélange des genres incompatibles avec la déontologie du journaliste ? Connivence ? Pressions ?  « Il faut trouver l’astuce pour ne pas se faire manger par l’homme politique » répond le dessinateur.

Plantu relativise cependant l’exercice de la profession en France : « En Chine, il y a des risques pour les dessinateurs de presse, pas en France. Les politiques peuvent ne pas être d’accord, me le dire, mais ils savent qu’ils ne me mettront pas la pression ». Et lui d’énumérer quelques exemples plus loufoques qu’inquiétants.

 

« Dessiner Sarkozy, ce n’est pas dangereux » commence Plantu, citant deux exemples précis. Une fois, le ministre l’a appelé pour lui dire que ça le gênait d’être dessiné systématiquement avec une mouche à côté de lui. Y’a pire comme remontrance ! Une autre, il contacta la direction, mécontent d’être représenté sous les traits d’un chien. Le dessinateur comprend ces réactions. Il certifie aussi que ses supérieurs ne lui infligent aucune pression. Si les rotatives de L’Express ont été arrêtées pour un dessin de Sarkozy muni d’un kärcher, c’est juste parce que la direction souhaitait effacer un « zizi qui dépassait ».

Et puis, continue Plantu, le dessinateur possède les armes pour déjouer le « politiquement correct ». Illustration avec ce croquis de Jean-Marie Le Pen le bras tendu avec un brassard (sans croix gammée dont la représentation est interdite), situé sous un projecteur. Et voilà que l’ombre du projecteur portée sur le front de Le Pen représente une mèche de cheveux, et l’ombre sous le nez une moustache. Deux éléments distinctifs qui rappelle un dictateur allemand.

Autre exemple, ce coup de téléphone de Dominique Strauss-Khan. Le socialiste explique à Plantu que ça fait six mois qu’il essaie de perdre du poids, et que cela ne se ressent pas vraiment sur les dessins !

Rien de bien méchant donc pour le journaliste. Mais peut-être Plantu est-il lui même trop gentil avec les hommes politiques? D'où cette invitation en guise de conclusion: "L'avenir de la presse et du dessin est extraordinaire. Encore faut-il que vous, quand vous serez dans les médias, vous bousculiez la fourmilière. C'est à vous d'inventer les nouveaux médias pour bousculer cette torpeur actuelle." L'appel est lancé; il ne demande qu'à être entendu.