Des systèmes politiques, il en a existé des dizaines, avec leurs forces et leurs faiblesses, leur capacité à triompher des difficultés du moment, et leur inaptitude à relever les défis pour lesquels ils n'avaient pas été conçus.

Tous ont fini par s'effondrer, pour diverses raisons.

Le capitalisme ne pourra pas faire exception, voici pourquoi.

L'une des principales causes d'effondrement des régimes politiques quels qu'ils soient, ça a été une fracture apparue entre le classe dirigeante et le reste du peuple.

J'entend ici par fracture l'impossibilité de passer d'une classe sociale à une autre.

Tant qu'un tel passage est possible sans remise en cause du système, le système peut rester debout, puisque tout individu ambitieux peut espérer gravir les échelons tout en restant dans le rang. Et c'est généralement ce qu'il tente de faire.

Si le système n'offre pas/plus cette possibilité, les gens le rejettent, et il s'effondre.

Dans le cas du capitalisme, l'assenseur social dont je parle, c'est/était la classe moyenne + le système scolaire. Il est encore possible, aujourd'hui, même étant né en milieu modeste, de se hisser dans la classe moyenne, souvent grâce à l'école. Certes, ce pas facile, mais c'est possible.

Mais cette possibilité tend à disparaître. Pourquoi ?

Parce que l'assenseur social du capitalisme a un énorme défaut !

Cet énorme défaut, c'est que si il fonctionne/a fonctionné du bas vers le haut, il n'a jamais fonctionné du haut vers le bas. Tout le monde ne peut pas être riche… Pour pouvoir éternellement faire monter, il faut aussi pouvoir faire descendre.

Le responsable de ce disfonctionnement, commun à beaucoup de système, c'est le principe de l'héritage.

Comme dans presque tout système politique, on hérite de ses parents, de richesses matérielles, dans le cas du capitalisme. Et pour hériter, il suffit de naître, si possible au bon endroit.

Naissez d'un père miliardaire, vous héritez d'un milliard. À moins d'être le dernier des idiots, vous ne pouvez pas tout perdre. Si vous êtes malin, vous étendez l'empire familial, si vous ne l'êtes pas, vous vivez une vie sympathique, et  vous transmettez à vos enfants, qui étendront peut-être l'empire…

Au bout d'un moment, quand toute la richesse se retrouve immobilisée entre les mêmes mains (ce qui est en train de se produire), l'assention sociale n'est plus possible. En ajoutant une bonne crise, qui frappe tout le monde, mais qui affecte surtout les plus démunis, on se retrouve dans la situation de 1789.

 

Autre problème, qui découle du premier.

Si la richesse, et donc le pouvoir se retrouve concentré entre les mêmes mains, personne n'a individuellement, ni collectivement le pouvoir d'entreprendre des projets d'envergure, dans l'intérêt général.

Conséquence : quand un investissement de grande ampleur doit être fait, il ne peut pas l'être.

Nous avons justement  le défi du siècle à relever : le problème de la pollution. Défi dans le cadre duquel la France aurait bien besoin d'investir au niveau de la production d'électricité. Aucun particulier, aussi riche soit-il ne pourra jamais résoudre ce problème.

Le défi écologique ne pourra pas être relevé dans le cadre d'un système capitaliste, parce que le relever va coûter des milliers de milliards, et ne va pas rapporter un centime. Qui serait assez fou pour faire un tel investissement ?

Relever le défi écologique nécessite un état riche, puissant, qui ait une vue d'ensemble.

Un état qui n'agisse pas pour l'argent. Un état qui ne soit pas sous pression d'une élite restreinte, mais au service du peuple entier. Chose qui implique que personne ne puisse être assez puissant pour imposer une politique (donc, richesse limitée).

Limiter la richesse ne peut d'ailleurs se faire qu'en supprimmant l'héritage.

 

Le capitalisme ne peut que s'effondrer parce que le système sera incapable de résoudre les deux problèmes que je viens d'évoquer.

Quand au nouveau système qui lui succédera, je ne suis pas devin, je ne peux donc pas vous le décrire.

Mais le jour ou quelqu'un pourra en proposer un qui tienne debout, je ne donne pas dix ans au capitalisme pour s'effondrer.