Le jour de ma mort

J’imagine les visages de tristesse feinte

Pour charmer ma mortelle dépouille                                   

Les cris de ma mère qui maudissait la veille

Le jour où perdant de force sa virginité

Elle me conçu dans la plus grande indignité

J’imagine l’infâme sérénité sans crainte

De mon père indifférent au grand échec

D’un fils pour qui il n’a d’amour qui vaille

Les lamentations de ma fiancée infidèle

Dont les entrailles portent le rejeton d’un autre

J’imagine ce griot inconnu vanter le modèle

De l’âme du grand saint que je n’ai su être

Au dos des innombrables tee-shirt à mon effigie

« Pourquoi si tôt » bien  marqué en  alerte

Et les cœurs pour moi souhaitent le total oubli

A la gauche du père dans la fournaise ardente

Hypocrites insensibles au mal qui me fit trépasser

A la faim qui m’acheva près de pains entassés

Au froid grelottant de l’infernal hiver tropical

D’où je les voyais au chaud me faire la morale

            Le jour de ma mort

A une messe de requiem ils me feront droit

Et pourtant en leur dieu je n’ai point eu de foi

          Et triste sera la mort

Car m’avoir misérable emporter dans l’exutoire

Et de voir mes funérailles si grandioses

Sera pour elle triompher sans gloire.