Le grand Merci

Merci, un mot de 5 lettres seulement et qui fait tellement plaisir à entendre. Un mot, pourtant présent dans le dictionnaire, mais si souvent absent dans la bouche des gens. Un mot faisant partie de ces autres termes comme « bonjour » et « au revoir » permettant une bonne cohésion sociale. Des formules de politesse dont on fait trop souvent l’économie et dont l’absence provoque cette atmosphère anxiogène dans laquelle nous vivons.

Jeudi prochain, nos amis américains fêteront Thanksgiving. Je profite donc de l’occasion d’en savoir un peu plus sur cette fête si présente dans la société outre-Atlantique.
L’Action de grâce, dans la langue de Molière, se déroule toutes les années le dernier jeudi de novembre aux USA et le deuxième lundi d’octobre au pays des caribous. Cette période fut choisie car elle correspond à la fin des moissons et par des prières, les colons remerciaient Dieu de sa bienveillance.


Au Canada, c’est l’explorateur britannique, Martin Frobisher, qui fut à l’origine de la fête. Il voulait remercier le Seigneur qui lui avait permis de survivre à toutes les épreuves subit lors de son exploration de Terre-Neuve-et-Labrador à la fin du XVIème siècle. Il n’est pas le seul à procéder ainsi, vivant les mêmes épreuves, les explorateurs français rendirent, eux aussi, un grand merci à l’Etre Suprême.


La révolution grondant au sud, les loyalistes restés fidèles à la couronne d’Angleterre, migrèrent vers le nord afin d’éviter une funeste fin. Ils amenèrent dans leurs bagages, leur culture et le produit de leurs moissons. L’Action de Grâce connut alors des mutations. Les églises se parèrent de nourritures, comme des citrouilles ou des épis de maïs, des chants étaient entonnés et des sermons bibliques récités.


Fêtée de façon anarchique, ce n’est qu’à partir de 1879 que Thanksgiving devient une célébration annuelle avec un thème changeant au gré des évènements importants. Toutefois, les canadiens se réunissent peu pour commémorer cet évènement. Quelques kilomètres au sud de là, dans le pays de l’oncle Sam, la fête est très populaire.


Tout commence en 1620 quand les Pionners anglais du Mayflower, adeptes d’aventures, partent vivre sur le Nouveau Continent pour y fonder Plymouth. Au lieu d’un eldorado, c’est un enfer que vivent les colons. La maladie et la faim déciment les rangs. Alors que tout espoir semblait perdu, un indien, tel le messie, arriva et les sauva. Les Wampanoag, les bras chargés de nourritures leur permis de se sortir de ce mauvais tour. Ils leur apprirent également à chasser, cultiver et pêcher. Une année passa et le fruit de leurs efforts fut récompensé. Les colons, sachant à qui ils devaient leur salut, invitèrent les indiens à partager un repas.


Le rite se transforma en tradition et dans la quasi-totalité des états, Thanksgiving se célébra. Il faut attendre la proclamation officielle en 1789, du premier président, George Washington, pour que l’Action de Grâce, devienne une fête nationale. Au nom de la paix et de l’union, les américains, entre ripaille et prières, devaient remercier le Divin Créateur de toutes les bonnes choses qu’il leur offrait. On remarque que l’acte de remerciement aux indiens est complétement éclipsé pour mettre en avant l’action d’un homme invisible. On peut comprendre plus aisément pourquoi, les colons ont pu s’acharner si facilement sur les autochtones, aux bruits des colts et des Westminster.


Durant la Guerre Civile, aussi connue sous le terme de Sécession chez nous, alors que les américains s’entretuaient, Thanksgiving continuait tout de même d’être fêtée, non pas sans certaines remontrances de la part des sudistes.  


Quatre siècles plus tard, les américains continuent de vivre avec cette fête entourée dans leur calendrier. Bien entendu, les prières sont un peu moins respectées, et la composition de repas à quelque peu changé. La fameuse dinde est toujours présente. D’ailleurs chaque année, le président a la charge d’en gracier une. Une volaille qui ne finira pas dans l’assiette d’une famille et qui évitera le massacre organisé. Tel un jour de communion, les associations caritatives, distribuent un repas chaud aux personnes les moins chanceuses vivants dans la rue.


Dans quatre jours, les américains se réuniront en famille autour d’une table pour partager un repas ensemble, faisant fi des rancunes passées. Ils dineront de soupe de potiron, de dinde farcie, de diverses purées, d’haricots, de tartes et pour faire passer le tout, de la bière dans le verre.


En France, Thanksgiving est peu célébrée, mais si le cœur vous en dit, vous pouvez toujours trouver des restaurants américains organisant des repas spéciaux pour l’occasion à l’image du Harry’s Bar de Paris. 

Une réflexion sur « Le grand Merci »

  1. Article bien documenté, merci !

    Non merci pour la commémoration d’une fête américaine (une de plus après halloween).
    Nous avons les nôtres qui ont autant de saveurs bien que trop souvent boudées hélas.

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