La presse fait état des propositions que Nicolas Sarkozy formule dans un entretien au Figaro magazine qui devrait être publié samedi prochain, 11 février. Signe qu’on se rapproche de plus en plus de sa déclaration de candidature. Selon le Monde ce sera autour du 16 février. Il pourrait faire une déclaration à la télévision, suivie d’une émission et on évoque aussi la possibilité d’un grand meeting UMP à Marseille.
On pensait qu’il n’aimait pas les référendums. Celui qu’il organisa en 2003 sur la Corse fut un échec et il doit se rappeler celui de 2005 sur l’Europe qui vit le non l’emporter. Mais c’est un outil « gaulliste », qu’il semble bien décidé à ressortir du placard ! Il a deux idées pour l’utiliser, car cela lui permettrait d’éviter des corps intermédiaires. La première concernerait les chômeurs. « Ont-ils le droit de refuser une formation ou un emploi ? » s’interroge-t-il, selon Le Monde. Visiblement, il continue de s’inspirer du modèle social contraignant de l’Allemagne, mis en place par le Chancelier Schröder.
Il veut aussi réformer le droit des étrangers, en confiant « la tâche des expulsions » au juge administratif, pour accélérer la procédure, en supprimant l’intervention du juge des libertés et de la détention. Mais il ne précise bien s’il aura pour cela recours à un référendum. C’est qu’il ne pourra peut-être pas toucher facilement à un liberté fondamentale ! Disons, « qu’il s’interroge sur le recours à un référendum ».
Il fait, dans son entretien, une série de propositions qui devraient servir de trame à son programme. Il devrait se placer sur le plan « des valeurs » et non des arguments techniques (budget, etc…), d’après Libération. Selon ce qu’à déclaré un responsable UMP à l’AFP, candidat, il adoptera une ligne «équilibrée entre l’emploi, la compétitivité et le régalien». «Il parlera valeurs, héritage, modèle de société, civilisation…» Voilà des propos de "politologues" pas facilement compréhensibles par le commun des mortels, mais nous aurons sans doute plus de détails dans le programme du candidat !
Le référendum est certes une idée noble, mais il y a sans doute bien d’autres questions qui se posent sur les institutions ! N’oublions pas que si le référendum est « un outil de démocratie directe », il peut être aussi utilisé dans une visée « populiste ». Pendant la campagne présidentielle, les candidats proposeront sans doute d’autres questions à soumettre à un référendum. Alexandre Lemarié rappelle dans le monde la subtilité d’utilisation du référendum : « le président de la République peut organiser un référendum pour deux raisons faire adopter une loi ou réviser la Constitution. Dans la pratique, une consultation nationale peut aussi servir à consacrer la légitimité du chef de l’Etat et de sa majorité. Il s’apparente alors au plébiscite. C’est le sens qu’a pris le référendum organisé par le général de Gaulle en 1969 ».
Bref, deux référendums et des valeurs ne sauraient peut être pas constituer à eux seuls « un programme électoral ». Quoi que… Attendons donc d’en savoir un peu plus pour juger. A force d’attendre, la campagne risque d’être courte, mais espérons que quelques autres questions sur l’organisation de l’Etat seront débattues.
Sources : Le Monde, Libération, Le Nouvel Obs, Francetv.fr
Dans son discours sur les civilisations, Claude Guéant a accusé la gauche du péché de « relativisme ». Sarkozy entend à présent faire campagne sur des « valeurs ». Qu’en est-il ?
« Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir à extirper une seule valeur humaine » (Aimé Césaire – Discours sur le colonialisme)
« La vérité c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de puissances coloniales dans le monde qui aient tant œuvré pour la civilisation et le développement et si peu pour l’exploitation.» (Nicolas Sarkozy – Discours de Caen)
« Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral… » (Aimé Césaire – Discours sur le colonialisme)
« La mode de la repentance est une mode exécrable… Je n’accepte pas que l’on juge toujours le passé avec les préjugés du présent. » (Nicolas Sarkozy – Discours de Caen) « Je veux dire aux Français qu’ils auront à choisir entre ceux qui aiment la France et ceux qui affichent leur détestation de la France… les adeptes de la repentance qui veulent ressusciter les haines du passé ». (Nicolas Sarkozy – Discours de Nice)
Les positions d’Aimé Césaire et de Nicolas Sarkozy sur le colonialisme sont inconciliables ; mais lequel des deux défend le relativisme ? Ce n’est pas Césaire qui le condamne expressément, mais Sarkozy qui nie l’universalité des valeurs morales en faisant dépendre celles-ci de ce qu’on aimerait ou non son pays. Pour aimer la France, faudrait-il considérer que les tortures infligées aux Algériens par Le Pen, Bigeard et Massu étaient plus acceptables que celles pratiquées sur les Bosniaques par les sbires de Milosevic ? Pour aimer l’Amérique, trouver que la prison d’Abou Ghraib valait mieux que les geôles de Kadhafi ? Pour aimer la Russie, reconnaître des « aspects positifs » au stalinisme ? Et pour aimer l’Allemagne, que faudrait-il donc penser du nazisme ?
Le relativisme moral de Nicolas Sarkozy est absolument détestable.