Le four solaire, autrement dénommé cuiseur solaire, est un système de chauffage ou de cuisson qui, en capturant des rayonnements lumineux et les transformant en chaleur, utilise l’énergie libre du soleil, une énergie non électrique et non fossile, renouvelable et écologique. Un tel appareil combine souvent la technique de concentration des rayons solaires et l’effet de serre. En France, par exemple, avec du matériel d’une simplicité déconcertante, une température de pointe de 180° C. peut être atteinte dans un cuiseur solaire équipé d’une vitre orientée dans un angle de 45° et de quatre réflecteurs tapissés d’une feuille d’aluminium concentrant l’énergie solaire à l’intérieur du four.


Nul n’est sensé l’ignorer, mais il est bon de le préciser au cas où un nombre conséquent d’incrédules et de candides le dénierait : « une grande majorité de scientifiques français, mordants aux gains et aux honneurs, sont cocardiers ! »


Horace Bénédict de Saussure, professeur de philosophie, inventeur de « l’hélio thermomètre »


Certes ils concèdent que l’un des premiers cuiseurs solaires ait pu être construit, en 1767, par Horace Bénédict de Saussure, professeur de philosophie, naturaliste et géologue suisse considéré comme le fondateur de l’alpinisme. Cet imminent scientifique mena ses recherches et ses expériences expérimentales dans les Alpes, et, plus particulièrement, dans le massif du Mont Blanc. En cela, ils s’assoient sur une lettre que ce professeur de philosophie avait écrit, au « Journal de Paris », le Samedi 17 avril 1784, lettre ainsi rédigée : « Messieurs, J’avais réservé, pour le second Volume de mes Voyages, le développement et la théorie des moyens que j’ai employés pour concentrer la chaleur du Soleil ; mais l’annonce que fait Monsieur Ducarla de l’ouvrage qu’il va publier sur le même sujet, m’engage à vous communiquer une esquisse de ce que j’ai fait avant lui. C’est un fait connu, et sans doute depuis longtemps, qu’une chambre, un carrosse, une couche, sont plus fortement réchauffés par le Soleil, lorsque les rayons passent au travers de verres ou de châssis fermés, que quand ces mêmes rayons entrent dans les mêmes lieux ouverts et dénués de vitrages. On sait même que la chaleur est plus grande dans les chambres dont les fenêtres ont un double châssis. » En fait, cet imminent personnage aurait mis au point un instrument de mesure, « l’hélio thermomètre », qui ressemblerait, pour certains, aux panneaux solaires modernes et qui lui aurait permis d’étudier les effets calorifiques des rayons du soleil.


Quant à l’invention nommée « hélio thermomètre », tant bien même les plans, elle semble avoir totalement disparue. Seule une description(1), attribuée à Saussure lui-même, permet d’en très reconstituer son schéma : « …Je fis donc faire une caisse en sapin d’un pied de longueur sur 9 pouces de largeur et de profondeur hors d’œuvre; cette caisse de demi-pouce d’épaisseur étoit doublée intérieurement d’un liège noir épais d’un pouce. J’avois choisi cette écorce comme une matière légère et en même temps très coërcente ou très peu perméable à la chaleur. Trois glaces entrant à coulisse dans l’épaisseur du liège placées à un pouce et demi de distance l’une de l’autre fermoient cette boîte qu’après avoir traversé ces trois glaces. Pour que le Soleil frappât toujours perpendiculairement ces glaces, qu’il fît par cela même la plus grande impression sur elles, et souffrît le moins de réflexion possible, j’avois soin dans mes expériences de faire suivre à ma caisse le mouvement du Soleil, en la retournant régulièrement toutes les 20 minutes, en sorte que le Soleil éclairât exactement la totalité du fond de la caisse. La plus grande chaleur que j’ai obtenue par ce moyen a été de 87,7, c’est-à-dire de près de 8 degrés au-dessus de la chaleur de l’eau bouillante… »


Félix Trombe et son équipe : construction et exploitation du four solaire de Mont Louis.


Mais les autorités scientifiques accordèrent la pérennité de l’invention du four solaire au chimiste français, Félix Trombe(2) et à ses collaborateurs Marc Foex et Charlotte Henry La Blanchetais qui avaient tentés et réalisés, en 1946, une première expérience de cuisson solaire, à Meudon. Pour cela, à l’aide d’un miroir de D.C.A., grâce à la lumière du soleil fortement concentrée, ils avaient atteint de hautes températures, fait fondre du minerai et obtenu des matériaux d’une pureté extrême. Ainsi, utilisant l’énergie solaire ils avaient acquis la certitude de pouvoir usiner, avec un tel appareillage, tout en améliorant les composants, de nouveaux matériaux réfractaires à hautes performances isolantes.



C’est ainsi qu’ils construisirent, entre 1947 et 1949, dans la Citadelle militaire de Mont Louis, le premier four solaire expérimental, à double réflexion, au monde, d’une puissance de 50 kiloWatts. Leur but était de concrétiser la filière et de tester des possibilités diverses. Depuis, située à 1.600 mètres d’altitude, aux portes de la Cerdagne, la ville Haut-Conflentoise, édifiée par Vauban sous le règne du « Roi Soleil », par la concentration solaire au foyer, entre 2.000° C et 3.500° C, l’inflammation de bois, la fusion de Bronze ou d’Aluminium et la cuisson de céramiques d’Art, ne pouvait qu’honorer « le Soleil Roi. »


Félix Trombe et le monde industriel au travers du four solaire d’Odeillo.


Voyant toujours plus grand et conforté par les résultats obtenus avec le four solaire de Mont Louis, arrachant des crédits d’état pour satisfaire son égocentrisme exacerbé, Félix Trombe engagea des travaux colossaux pour créer une nouvelle structure, quasi industrielle, à Odeillo, sur la commune de Font Romeu, en Cerdagne. Il avait choisi le site pour la durée et la qualité de son ensoleillement, 2.900 à 3.000 heures par an, en lumière directe et, une altitude élevée, 1.500 mètres, et une faible humidité moyenne, pour la pureté de son atmosphère. Les travaux de la construction, – un miroir parabolique de 54 mètres de diamètre, 63 héliostats plans, ou miroirs pivotants, disposés en quinconce sur 8 terrasses, une tour foyer en « T » telle un immeuble de 20 mètres de haut, 1 MégaWatt de puissance, avec le four solaire de Parkent, en Ouzbékistan, il est l’un des deux plus grands du monde -, durèrent de 1962 à 1969 pour une mise en service en 1970.


Avec le premier choc pétrolier, en 1973, la question de l’énergie s’était posée en France. Le four solaire d’Odeillo devint le centre d’expérimentation parfait. Le laboratoire de recherche PRO.M.E.S. du C.N.R.S. y expérimenta de nombreux projets afférents à la gestion énergétique française. Malheureusement les responsables politiques, avec le soutien inconditionnel de l’Assemblée Nationale et du Sénat, – députés et sénateurs de tous bords agréant les conseils avisés d’une majorité de scientifiques et faisant corps derrière les décideurs -, privilégièrent l’atome pour produire, à plus bas coût, de l’électricité. Tous les travaux de recherche furent irrémédiablement enterrés tout comme le fut le solaire, au profit des centrales nucléaires.

Dépecé de sa substantive moelle, le four solaire d’Odeillo, après cet échec retentissant se soldant par une débauche de dépenses au débit des contribuables et d’inconséquentes options scientifico-politico-industrielles, engagea sa mutation et se métamorphosa en centre expérimental sur la matière. D’après le PRO.M.E.S. gestionnaire du site U.P.R. 8521(3), « Les recherches portent actuellement sur l’élaboration et la caractérisation de céramiques de hautes performances et de matériaux pour l’espace, qui ont nécessité le développement d’une instrumentation spéciale. » En cela, les scientifiques du C.N.R.S. affectés à cette unité utilisent le « principe de la concentration des rayons par miroirs réfléchissants : captage des rayons solaires par une première série de miroirs orientables situés sur la pente ; leur envoi vers une deuxième série de miroirs concentrateurs, disposés en parabole ; et leur convergence vers une cible circulaire, d’à peine 40 centimètres de diamètre. au sommet d’une tour centrale. » Un tel procédé, concentrant l’énergie de « 10.000 soleils », permet d’obtenir, en quelques secondes, des températures égales ou supérieures à 3000° C. et, techniquement, une température de 3800° C.


Depuis 2003, les contraintes environnementales, – bourrage de crâne permanent avec le pseudo-réchauffement climatique, protocole de Kyoto… -, et énergétiques, – mensonges éhontés sur les stocks d’huile pétrolifère disponibles de part le monde et augmentations inconsidérées des barils de pétrole -, ont conduit certains industriels, des holdings internationales et le C.N.R.S., par le fait même, les 40 scientifiques enseignants-chercheurs de toutes nationalités y attachés, à solde exclusive du profit industriel et financier, utilisent, indument et scandaleusement, des biens et des fonds publics à finalités privées porteuses de gros profits -, à se ré-intéresser à la conversion, – production d’électricité et extraction d’hydrogène -, de l’énergie solaire à haute température.


Notes.


(1) Voyages dans les Alpes: partie pittoresque des Ouvrages de Horace Bénédict de Saussure seconde édition de 1852.

(2) En fait, seul Félix Trombe s’en était accaparé la paternité étant décoré de l’ordre de la Légion d’honneur, en 1947, au titre de Chevalier puis, en 1962, de celui d’officier. Et l’homme, non satisfait d’un salaire conséquent, par le fait qu’il dirigeait le laboratoire Georges Urbain dédié à l’étude des métaux de la série chimique des lanthanides au Centre national de la recherche scientifique, – le C.N.R.S. -, avait exploité, financièrement, son œuvre scientifique en assurant environ 300 publications, de nombreux contrats et des brevets.

(3) Le Laboratoire PROcédés, Matériaux et Energie Solaire, – PRO.M.E.S. -, est une Unité Propre de Recherche, – U.P.R. -, du Centre National de la Recherche Scientifique, – C.N.R.S. -, qui coopère étroitement avec l’Université de Perpignan Via Domitia. Il dépend de deux Départements Scientifiques du C.N.R.S. : Sciences Pour l’Ingénieur et Sciences Chimiques. Le Laboratoire est localisé sur deux sites distants de 100 kilomètres : le site d’Odeillo-Font-Romeu « Centre du Four Solaire Félix Trombe », – comprenant un four solaire de 1MégaWatt, onze fours solaires à axe horizontal ou vertical de 1,5 et 2 kiloWatt, un concentrateur de 6 kiloWattet un générateur d’électricité solaire « parabole – Stirling » de 10 kiloWatt , et le site de Perpignan à « Tecnosud. »