Le football professionnel en Europe est miné par des plaies récurrentes : les championnats nationaux ne se jouent qu'entre 4 clubs maximum, ceux qui ont les plus gros budgets, les Coupes européennes sont écrasées par les clubs anglais, les équipes changent la moitié de leurs joueurs à l'intersaison, beaucoup de joueurs gagnent suffisamment d'argent pour vivre 1000 ans, des jeunes joueurs mineurs quittent leur famille pour changer de pays voire de continent parce-qu'un grand club leur promet monts et merveilles…

 

Analysons quelques-uns de ces constats :

 

les résultats sportifs sont corrélés aux budgets des clubs :

 

Dans les 14 premiers clubs à l'indice UEFA (critères uniquement sportifs), on retrouve les 8 premiers clubs en terme de chiffre d'affaires.

 

Les seuls clubs susceptibles de gagner la Ligue des Champions par leurs moyens financiers exceptionnels sont les clubs anglais (3 demi-finalistes sur 4 en 2007 et 2008, 50 % des quart-finalistes en 2009), parfois concurrencés par seulement 6 clubs du continent (2 espagnols, 3 italiens, 1 allemand) aux moyens financiers équivalents, il est clairement établi que le budget du club est proportionnel à sa capacité à remporter les compétitions… Ainsi seulement 4 clubs luttent chaque année pour le titre de champion d'Angleterre, 4 pour celui de champion d'Italie, 2 pour celui d'Espagne, 1 rarement concurrencé pour celui d'Allemagne et 1 unique vainqueur en France depuis 7 ans (Lyon) ! Toujours les clubs aux moyens financiers supérieurs… Ceci va donc à l'encontre des valeurs fondamentales du sport que sont l'universalité et l'équité : les “clubs riches” sont condamnés à gagner et les “pauvres” à jouer les seconds rôles et le bas du tableau !

 

Des écarts salariaux importants : un club français rémunérant un footballeur professionnel "seulement" 45 000 euros par mois en moyenne (en 2007) ne peut conserver ses meilleurs éléments face à un club anglais qui le rémunère en moyenne 3 fois plus (135 000 euros par mois) ! On a un football européen à deux vitesses.

Autre raison : la fiscalité. A salaire égal les charges en France sont entre 50 à 70 % supérieures à celles des autres pays.

 

des clubs sans identité :

 

On a des équipes métamorphosés d'une année sur l'autre par une trop grande mobilité des joueurs (certains connaissant une douzaine de clubs en dix ans de carrière), des marchés de transferts non limités (certains clubs connaissant une vingtaine de mouvements de joueurs chaque année), des spectateurs déboussolés par les changements qui n'arrivent plus à se reconnaître dans leur club, des joueurs qui quittent le club sans remords quand l'équipe est en difficulté, des clubs jouant sans joueurs de leur nationalité (par exemple le club anglais d'Arsenal n'aligne régulièrement aucun anglais sur le terrain) !

 

foot_fric.jpgdes joueurs millionnaires :

 

135 000 euros par mois en moyenne pour un footballeur jouant en Premier League anglaise en 2007.

45 000 euros par mois en moyenne pour un footballeur en Ligue 1 française.

De 400 000 à 750 000 euros par mois pour une trentaine de joueurs en Europe. Pour ces derniers se rajoutent les primes de résultats de l'équipe nationale et surtout les contrats publicitaires souvent plus importants que les salaires. Ainsi une trentaine de joueurs dépassent les 10 millions d'euros de revenus en 2007 (31 millions pour le mieux payé) !

 

Joseph Blatter, le président de la FIFA, a dénoncé les fortunes mirobolantes de certains joueurs et propriétaires de club, les jugeant «pornographiques» et susceptibles de nuire gravement à son sport dans un entretien accordé au Financial Times. « Malheureusement, la manière hasardeuse avec laquelle l'argent a inondé le football a des effets très néfastes. […] Trop souvent, la fortune (de certains clubs) provient d'individus qui n'ont pas ou peu montré par le passé d'intérêt pour le football et qui l'utilisent pour mener à bien d'autres plans ». Si l'homme le plus puissant du football ne peut rien faire contre ces dérives, c'est que seuls les dirigeants politiques européens le pourront par des mesures coordonnées…

 

     

    Voici une liste de quelques propositions pour rétablir l'équité entre les clubs, entre les pays, entre les continents, entre les joueurs et commencer à rétablir la décence dans les revenus :

  • une reconnaissance par l'Union européenne d'une exception sportive permettant une fiscalité spécifique et unique sur les revenus des sportifs professionnels européens,

  • l'obligation d'avoir sur le terrain au moins 5 joueurs de la nationalité du club,

  • un cap salarial bloquant la masse salariale d'un club à 30 millions d'euros brut par an (primes comprises) ;

  • un écart salarial ne pouvant pas dépasser un facteur 10 entre deux joueurs professionnels d'un même club ;

  • un organisme de contrôle des budgets à l'échelle européenne à l'instar de la DNCG (direction nationale de contrôle de gestion) française.

 

 

    Avantages :

     

  • davantage de clubs pourront lutter pour remporter les compétitions, les meilleurs joueurs étant obligés de se répartir entre davantage de clubs ;
  • fin de l'excessif accroissement des revenus des footballeurs. Exemple du Racing Club de Lens, qui, avec 30 millions d'euros, rémunérerait un personnel de 200 salariés dont 70 footballeurs (30 professionnels et 40 jeunes du centre de formation) soit en moyenne 130 salariés à 2500 euros par mois, 40 apprentis footballeurs à 2000 euros par mois et 30 professionnels à 70 000 euros par mois. Cela paraît encore beaucoup (c'est plus qu'en France mais moins qu'en Allemagne, Italie, Espagne et surtout Angleterre) mais c'est déjà une limite de posée ! Avec ce cap salarial à 30 millions d'euros par an, seuls une cinquantaine de clubs seraient limités en Europe dont 4 ou 5 clubs français, les 10 grands clubs européens devraient faire de grands efforts (à Manchester Rooney et Christiano Ronaldo coûtent 15 millions d'euros par an en salaire à eux deux !)…Seuls les stars verraient leurs revenus diminuer, 90 % des joueurs devraient les voir encore légèrement augmenter jusqu'à un niveau un peu plus décent pour la société ;
  • avec ce cap salarial de nouveaux investisseurs pourraient s'impliquer dans d'autres clubs pour jouer les premiers rôles et augmenter encore l'intérêt sportif ;
  • une compétition ne se remporterait plus en fonction du critère financier des clubs mais en fonction de critères sportifs : équilibre de l'équipe, formation, entraînement, soutien des supporters, motivation… Toutes les équipes partiraient presque sur un pied d'égalité.

 

L'esprit du sport serait retrouvé, la recherche effrénée de nouveaux moyens financiers suspendu, un niveau salarial des footballeurs professionnels toujours élevé mais stabilisé, un niveau accru de l'intérêt sportif, un nombre de supporters en augmentation…

 

Pourquoi c'est faisable ?

 

99 % des clubs, 90 % des joueurs, 99 % des supporters y gagneraient.

Les dirigeants du football y seraient favorables, les politiques aussi.

 

La douzaine de grands clubs (1 %) qui monopolisent les titres par leur puissance financière, leurs supporters (1 %) et les quelques joueurs surpayés (10 %) s'y opposeraient.

 

Tous les supporters de football doivent donner leur opinion pour rendre à ce milieu son esprit sportif aujourd'hui noyé par l'esprit business… Exprimez-vous !