Cette poésie de Charles- François Panard est une des plus gracieuses bizarreries poétiques de toutes les littératures. Elle est l’enthousiaste  hymne d’un grand buveur au fiasque, dont ses vers chantent les louanges, en reprenant la forme.

Le Flacon de Panard

Que mon

Flacon

Me semble bon !

Sans lui

L’ennui

Me nuit,

Me suit ;

Je sens

Mes sens

Mourants,

Pesants ;

Quand je le tiens,

Dieux ! que je suis bien !

Que son aspect est agréable !

Que je fais cas de ces divins présents !

C’est de son sein fécond, c’est de ses heureux flancs

Que coule ce nectar si doux, si délectable

Qui rend tous les esprits, tous les cœurs satisfaits.

Cher objet de mes vœux, tu fais toute ma gloire ;

Tant que mon cœur vivra, de tes charmants bienfaits

Il saura conserver la fidèle mémoire.

Ma muse à te louer se consacre à jamais !

Tantôt dans un caveau, tantôt sous une treille,

Ma lyre, de ma voix accompagnant le son,

Répétera cent fois cette aimable chanson :

Règne sans fin, o ma dive bouteille ;

Règne sans- cesse, cher flacon.