On ne peut s’empêcher de sourire quand on lit la devise du Figaro : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. »

Beaumarchais doit s’en retourner dans sa tombe. Ce journal qui appartient au groupe Dassault est le dernier défenseur de Nicolas Sarkozy. Jamais aucune critique, jamais la moindre petite remarque, tout va bien dans notre beau pays. Pourtant, si on lit leur site internet, on s’aperçoit que souvent leurs lecteurs ruent dans les brancards.

Ainsi, après l’émission catastrophique du 10 février, alors que l’ensemble de la presse trouve que le président avait été plutôt mauvais, Etienne Mougeotte l’indéboulonnable directeur des rédactions remet les pendules à « son » heure en estimant qu’en « répondant aux questions concrètes de neuf Français anonymes plutôt qu’aux admonestations péremptoires de stars des médias, le président a voulu conjuguer les contraintes de la mondialisation avec le volontarisme hexagonal ». Merci pour les collègues !

Même quand le président profère des énormités du style « en France, la santé est gratuite », pas de problème au Figaro, on acquiesce.

Véritable porte-parole du journal, Yves Thréard parcourt les plateaux télé en bon petit soldat de la Sarkozie. Ce bon journaliste, cultivé, a souvent bien du fil à retordre pour défendre la politique indigente de l’actuel gouvernement face à ses collègues particulièrement remontés. C’est un peu le porte-parole du journal.

Voilà ce qu’il pense de la grogne justifiée de nos magistrats : « Il est malheureusement à la mode dans la bouche d’élites bien-pensantes qui feraient mieux de regarder l’indigne réalité que subissent nombre de Français plutôt que de se plaire à jouer les indignés permanents. La vanité de leur posture n’a d’égal que leur aveuglement. » Et hop, un petit coup de « bien-pensance », c’est à la mode quand on veut ridiculiser quelqu’un. 

A propos de la Tunisie, il fustige la gauche en déclarant : « La gauche serait donc bien inspirée de la fermer plutôt que de réclamer des démissions ministérielles »

On ne peut s’empêcher de penser à un journal au service de l’état comme le fut la Pravda, sauf qu’en URSS, il n’y avait qu’un seul journal. On n’en est pas encore là, heureusement.

Source : Libération, le Figaro, le blog d’Yves Thréard.