Depuis l’instauration de la démocratie dans nos sociétés modernes, on est en droit de revendiquer pour chacun la possibilité de participer à la vie sociale et politique de son pays.

Si le pouvoir reste toujours entre les mains d’une élite qui s’affirme dominante vis à vis des moins savants, d’autres voies comme les associations, les syndicats et plus récemment l’Internet, permettent de tempérer cette suprématie des "cerveaux". C’est heureux car plusieurs fois dans l’histoire et encore aujourd’hui, elle s’est arrogée le privillège légal de soumettre le plus grand nombre à la barbarie des guerres et des conquêtes, au mépris de toute aspiration individuelle et légitime.

Chez nous, les auteurs de la Renaissance avaient espéré un monde meilleur grâce à la diffusion des savoirs, on constate pourtant de nos jours que la connaissance est aussi un moyen d’asservir le peuple, surtout lorsqu’elle est envisagée dans nos sociétés modernes comme un but et non plus seulement comme un moyen.

Si on ne peut contester qu’étudier est un bien pour tous, cela n’est pas à la portée de tous les hommes, nous restons inégaux quant à nos faculté d’apprendre, de comprendre, de réfléchir…

De plus la société a autant besoin d’ouvriers que d’érudits, alors pourquoi avoir récompensé les hommes en fonction de leur niveau d’études, n’y aurait-il pas un critère plus juste comme le mérite par exemple? Il est certes plus difficile à évaluer et à contrôler mais ne serait-il pas pourtant le seul critère valable pour rééquilibrer nos salaires?

 

Est-il vraiment juste de donner un si petit salaire à la femme de ménage ou au peintre qui courbent leur dos toute la journée en inhalant des produits toxiques, et le double voire le triple à l’avocat ou au médecin qui eux peuvent s’offrir des vacances, des voyages et des loisirs? Pourquoi donner un jocker pour la vie au deux derniers et la souffrance voire la maladie aux deux premiers?

Il parait évident que récompenser celui qui fait bien son travail, et quelque soit le travail, va davantage dans le sens de l’égalité, de la fraternité et de la liberté. Ainsi chacun pourrait faire valoir son droit de pouvoir, y compris les exclus et les plus démunis qui retrouveraient le courage et la sérénité pour s’impliquer davantage dans "le vivre ensemble".

Finalement l’accélération technologique du XX ème siècle a été le résultat d’une priorité absolue donnée à la science et au détriment de la nature, elle a rendu la reconnaissance sociale proportionnelle au degré de connaissance des citoyens.

Pourtant il est clair, hélas, que le savoir n’a pas engendré le mérite, il l’a bel et bien étouffé.