Il fallait s’y attendre. Excepté ouvrir leur grande bouche afin de parloter, les occidentaux ne font rien de concret pour le moment. A cet égard, le billet d’Ivan Rioufol – résumé ci-dessous – illustre le fond de ma pensée. En substance, l’antiaméricanisme – dissimulé sous la critique des néoconservateurs – sert de prétexte pur ne rien faire. Et puis il y a le manque de convictions de nos démocraties dépressives et pusillanimes, fascinées pour partie par les puissances impériales chinoise et russe. Lisez Ivan Rioufol ci-dessous. Sa synthèse m’épargne la corvée d’écrire la même chose que lui de façon moins précise.
Or donc, Ivan Rioufol écrit lundi 18 août 2008 sur http://blog.lefigaro.fr/rioufol/ : «…ces derniers jours ont montré la troublante fascination d’une partie de l’opinion et des médias pour l’autocratie russe, présentée comme l’agressée alors que son armée se préparait à l’invasion de la Géorgie depuis avril. L’immuable antiaméricanisme – dissimulé sous la critique des néoconservateurs – aura été prétexte à justifier les arguments d’un régime (ndlr : la Russie) se présentant comme humilié et en état de légitime défense face à ses anciens alliés (ndlr : notamment la Géorgie) ayant choisi d’adhérer au monde libre. Dans cette guerre contre les démocraties de l’Est, déclenchée par une Russie se comportant comme un Etat voyou, il s’est trouvé de nombreux commentateurs pour donner raison à la loi du plus brutal et à sa désinformation (ndlr : la Russie). (…) cette grave crise a déjà révélé le manque de convictions de nos démocraties dépressives et pusillanimes, fascinées pour partie par les puissances impériales chinoise et russe. Même les Etats-Unis n’ont pas été à la hauteur de la provocation qui leur a été adressée avec l’invasion de la Géorgie. (…) ‘Nous sommes tous Géorgiens’, a déclaré John McCain, le candidat républicain. Pour le moment, il reste seul à le dire » conclut Ivan Rioufol. Je pense que dans 20 ans les historiens parleront de 2008 en ces termes. Voyons maintenant les faits d’hier et d’aujourd’hui.
Lexpress.fr informe lundi 18 août – à 19:21 – : « Des correspondants de l'AFP ont constaté que les troupes russes ne quittaient pas leurs positions dans plusieurs endroits dans l'ouest de la Géorgie ainsi qu'à Gori, près du territoire séparatiste d'Ossétie du Nord ». « Le président russe Dmitri Medvedev » a déclaré : « ‘Nos forces armées ont surmonté la crise des années 1990 et sont aptes au combat’ ». « Quant à la Flotte russe de la mer Noire, pour laquelle Moscou est contrainte depuis la fin de l'URSS en 1991 de louer à l'Ukraine la base de Sebastopol, ‘que personne ne nous dicte notre comportement’, a dit M. Medvedev. ‘Nous ne voulons pas aggraver la situation internationale, mais nous souhaitons que l'on nous respecte, notre Etat, notre nation, nos valeurs’, a encore affirmé le chef de l'Etat russe » conclut lexpress.fr.
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Toujours lundi 18 août – à 18h47 – LSB reprend une analyse historique de la situation : Pour mieux comprendre que (…) les Russes ne lâcheront jamais la Géorgie (…) on lira avec intérêt le dernier livre de Salomé Zourabichvili (…) ministre géorgienne des Affaires étrangères de 2004 à 2005. (…) Dans ‘Les Cicatrices des nations’ (…) l’auteur y poursuit une réflexion très pointue et argumentée sur la notion de frontière en Europe qui éclaire d’un jour nouveau ce qui se passe actuellement en Géorgie que l’Union européenne a toujours voulu garder à sa porte pour ne pas indisposer Moscou. (…) Salomé Zourabichvili rappelle que ‘l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont jamais fait partie de la Géorgie en tant que pays indépendant (mais) de l’Union soviétique’. Salomé Zourabichvili estime que ‘devraient alors cesser tous les jeux autour des frontières russo-géorgiennes qui sont en même temps les frontières qui séparent la Russie et les deux régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud’.
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Pour Salomé Zourabichvili ‘reconnaître cette frontière (ndlr : qui sépare la Russie et les deux régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud) signifierait enterrer tous les projets séparatistes ou de rattachement de la façon la plus formelle qui soit. C’est ce pas que la Russie ne franchit pas, reconnaissant d’un côté la souveraineté géorgienne sur l’intégralité de se son territoire, notamment à travers les nombreuses résolutions des Nations unies, mais de l’autre côté évitant de reconnaître cette frontière par un acte juridique bilatéral et donc l’inclusion des territoires séparatistes (ndlr : d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud) dans le territoire géorgien. (…) Comme en témoigne l’aveu du vice-Premier ministre russe (et ancien ministre de la Défense) Sergueï Ivanov : ‘Nous reconnaissons la souveraineté et l’indépendance de la Géorgie (…) mais l’intégrité territoriale c’est une autre affaire. Car l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont jamais fait partie de la Géorgie en tant que pays indépendant. Elles faisaient partie de l’Union soviétique et elles faisaient partie de la République socialiste de Géorgie’ conclut le vice-Premier ministre russe.
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Mardi 19 août 2008 – à 09:50 – sur tf1.lci.fr on apprend que « les ministres des Affaires étrangères des 26 pays membres de l'Alliance atlantique (ndlr : Otan) se retrouvent ce mardi à Bruxelles pour réaffirmer leur soutien à la Géorgie face à la Russie, alors que le retrait des troupes russes de Géorgie, promis par Moscou, tarde à se concrétiser sur le terrain. Car même si la Russie clame que ce retrait a commencé (…) les observateurs étrangers affirment le contraire et un journaliste sur place assure même avoir vu des troupes russes se diriger vers l'Abkhazie, autre région séparatiste de la Géorgie. Plusieurs hauts responsables américains ont d'ores et déjà suggéré que la participation russe à plusieurs organisations internationales pourrait être menacée ».
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« Condoleezza Rice veut aussi que les pays de l'Otan réaffirment les perspectives d'adhésion à l'Alliance de la Géorgie et de l'Ukraine, afin d'empêcher Moscou d'atteindre son ‘objectif stratégique’ : stopper l'élargissement de l'Otan dans ce qu'elle considère comme sa zone d'influence. Dans les colonnes du Times, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a abondé dans son sens. (…) Mais au-delà des déclarations de fermeté vis-à-vis de Moscou, les Occidentaux restent divisés sur la ligne à suivre. Les partisans d'une position dure envers Moscou (Etats-Unis, Royaume-Uni, Pologne, pays baltes) (…) se heurtent à des pays comme la France et l'Allemagne, soucieux de ménager la Russie ». Six minutes après – à 09:56 – toujours sur tf1.lci.fr on peut lire : « l'Otan aura des ‘problèmes’ avec la Russie si elle défend la Géorgie, menace Moscou ».
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De son côté l’AFP également mardi 19 août – à 11:51 – depuis Bruxelles informe que les pays de l'Otan sont d'accord pour un durcissement du langage face à la Russie qui n'a pas respecté jusqu'ici son engagement à retirer ses forces de Géorgie. Puis l’AFP – à 11:56 – toujours depuis Bruxelles informe que l’OSCE a obtenu l'accord de la Russie pour l'envoi immédiat de 20 observateurs militaires en Géorgie.
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Encore mardi 19 août – à 11:58 – depuis Igoïeti (Géorgie) l’AFP informe : « Sur la route d'Igoïeti à Gori, ville stratégique reliant l'est et l'ouest de la Géorgie, les militaires russes semblaient renforcer leurs positions en posant des blocs de béton autour des points de contrôles, a constaté un journaliste de l'AFP qui a vu des dizaines de blindés et camions. (…) Une dizaine de soldats en tenue de camouflage bloquent l'accès à Gori ainsi que quatre blindés et un camion. En Géorgie occidentale, un journaliste de l'AFP a observé des mouvements de convois militaires venant de la base géorgienne occupée de Teklati (ouest) vers le territoire séparatiste d'Abkhazie ».
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« Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a appelé mardi la Russie à retirer ses troupes ‘au moins du noyau de la Géorgie’ afin de parvenir à un cessez-le-feu ‘durable’ dans la région. Il y aura des ‘problèmes’ dans la coopération entre la Russie et l'Otan si celle-ci tente de ‘protéger’ la Géorgie, a mis en garde le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, dans un entretien publié mardi par le quotidien russe Vremia Novosteï. Cette coopération porte sur l'aide russe en Afghanistan, les possibilités de transit aérien, ainsi que la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération, a rappelé M. Grouchko », conclut l’AFP.
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Toujours mardi 19 août – à 12:02 – Reuters informe : «…Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, David Miliband, a déclaré (…) : ‘Nous affirmons clairement que l'établissement de nouvelles lignes de démarcation autour de la Russie ne saurait se faire par la force’.
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Reuters – mardi à 15:03 – informe que « Les alliés de l'Otan font savoir qu'ils étudient sérieusement les implications des opérations de la Russie en Géorgie et que des contacts réguliers seront impossibles avec Moscou tant que ses troupes n'auront pas été entièrement évacuées. ‘Nous avons décidé que nous ne pouvions pas continuer comme si de rien n'était’, indiquent les 26 pays membres de l'Alliance dans une déclaration conjointe diffusée à l'issue d'une réunion extraordinaire à Bruxelles sur le conflit d'Ossétie du Sud. Les alliés ont convenu par ailleurs de créer une Commission Otan-Géorgie afin de resserrer leurs liens avec Tbilissi. Lors d'une conférence de presse, le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer a précisé qu'elle fonctionnerait de façon analogue à un dispositif mis en place il y a onze ans avec l'Ukraine, sans préjuger des perspectives d'adhésion de la Géorgie à l'Alliance atlantique ».
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L’AFP mardi à 15:36 – informe que « la Russie annule sa participation à des manoeuvres prévues en Baltique dans le cadre du partenariat avec l'Otan et a signifié qu'elle ne pourrait accueillir comme prévu une frégate américaine en septembre en Extrême-Orient, a déclaré mardi le porte-parole de la Marine, Igor Dygalo, cité par Ria Novosti ».
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Je conclus. Les troupes russes ne quittent pas leurs positions (lexpress.fr et l’AFP). Le président russe Dmitri Medvedev déclare : « Nos forces armées ont surmonté la crise des années 1990 et sont aptes au combat. Nous souhaitons que l'on nous respecte, notre Etat, notre nation, nos valeurs » (lexpress.fr et l’AFP). Les ministres des Affaires étrangères des 26 pays membres de l'Otan se retrouvent ce mardi à Bruxelles (tf1.lci.fr). Les alliés de l'Otan font savoir qu'ils étudient sérieusement les implications des opérations de la Russie en Géorgie (Reuters). Les alliés ont convenu par ailleurs de créer une Commission Otan-Géorgie (Reuters).
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Je note la différence de ton entre les ministres des Affaires étrangères de l’Otan à Bruxelles et le président russe à Moscou. A Bruxelles on se réunit pour étudier les implications et dans la foulée pour créer une Commission. Quant une puissante entité fait savoir qu’elle étudie et qu’elle crée une commission cela veut tout simplement dire qu’elle décide de ne rien décider et de ne rien faire de concret sur le terrain. A Moscou la tonalité est tout autre. A Moscou on nous signifie que les forces armées russes sont aptes au combat. A Moscou on nous signifie que nous sommes priés de respecter les Russes, leur Etat actuel, leur nation actuelle et leurs valeurs actuelles.
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Or concrètement cela signifie que nous sommes priés de respecter la Russie dirigée par des dictateurs maffieux et incultes issus de l’ancien KGB. Et cela signifie que si nous ne respectons pas tout cela, les forces armées russes sont aptes au combat. Je n’invente rien. Ce sont les propos de du président russe Dmitri Medvedev mardi 19 août à l’heure même où les ministres des Affaires étrangères de l’Otan parlent d’études et de Commission.
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Supposons que l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud obtiennent leur indépendance sous la férule russe. Combien de minis pays – pays réels ou pays présumés – risquent-ils, dans le région, de revendiquer la même chose ? Sans remonter à plus de 500 ans en arrière et en me limitant à la Géorgie et à ses voisins pas trop lointains, je dénombre les « pays » suivants : Daghestan, Vainakh, Noghastan, Kabardian, Imereti, Kartli, Kakheti, Samtskhe, Trebizond, Mamlyuk, Kara-Koyunloo, Vaspurakan, Sasun, Bahrevand, Shirvan, Karabakh, Syunio, et, sans pinailler, un peu plus loin, les Kurdes, les Azéris et pourquoi pas – plus il y a de monde plus on rigole – les Druzes, les Tatares, les Corses, les Valaisans, les Burgondes et les Martiens. Aucun doute, une Commission d’Etude de l’Otan s’impose de toute urgence. J’entends d’ici – depuis ma Valaisanie indépendante – les Russes hurler de rire.
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Miguel Garroté
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Et l’Adjarie au Nord de la Turquie? Remember
L’Adjarie dynamite ses ponts pour dissuader la Géorgie de franchir le Rubicon
lundi 3 mai 2004
Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a lancé dimanche 2 mai 2004 un ultimatum à la direction de l’Adjarie, une république autonome en conflit ouvert avec Tbilissi, après que celle-ci eut poursuivi l’escalade en faisant dynamiter le principal pont reliant son territoire au reste du pays.
« Je donne dix jours (au dirigeant adjar) Aslan Abachidzé pour se soumettre à la Constitution, cesser les violations de la loi et des droits de l’homme et commencer à désarmer » ses milices, a déclaré M. Saakachvili devant la presse à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité.
« Si nous n’avons pas de réponse dans les dix jours, alors le président exercera son droit constitutionnel et posera la question de la dissolution des autorités locales », a-t-il ajouté, sans exclure la possibilité d’une intervention armée dans ce territoire des bords de la mer Noire.
Le président géorgien était revenu dans la journée de Poti (ouest) d’où il avait observé d’importantes manoeuvres organisées par les forces armées géorgiennes à proximité immédiate de l’Adjarie, et dénoncées comme le prélude à une intervention par les autorités de la république autonome.
Le pont sur la rivière Tchokoli, point de passage essentiel entre la Géorgie et la république autonome, a été dynamité dimanche matin par la milice adjare, et selon des informations impossibles à vérifier immédiatement, deux autres ponts ont également été détruits.
« C’est une mesure préventive (pour empêcher) une tentative d’intervention armée des autorités centrales géorgiennes », a déclaré le leader adjar Aslan Abachidzé, dont le bras de fer avec Tbilissi dure depuis la chute du président géorgien Edouard Chevardnadzé en novembre suivie de l’élection de son successeur Mikheïl Saakachvili en janvier.
Mikheïl Saakachvili a juré de mettre fin à la quasi-indépendance acquise par l’Adjarie sous la présidence d’Edouard Chevardnadzé. La crise avait connu un accès de vive tension début mars, après que M. Saakachvili eut été bloqué par des miliciens à la frontière administrative adjare, et empêché d’entrer dans la république.
La situation s’était détenue après une rencontre entre MM.