Vous est-il déjà arrivé de penser à votre mort, et à ce que vous souhaitez qu’il advienne de votre dépouille?
Moi oui, très souvent.
A l’occasion de repas de famille, j’ai évoqué à plusieurs reprises mes souhaits notamment en ce qui concerne le don d’organes.
Ce matin, lors de ma balade quotidienne virtuelle sur les différents portails d’information,… mes yeux s’attardent sur un reportage radio (France info) sur le don du corps à la science.
Pour moi, l’un et l’autre étaient intrinsèquement liés: si je donne mes organes, mon corps part à la science… Eh bien non pas du tout. Les deux démarches sont indépendantes.
Lorsque l’on donne ses organes, on réalise un acte de partage.
Au total en 2008, 1563 corps ont été prélévés pour don d’organes.
Au 31 décembre de la même année, en France, il y avait encore 7692 personnes sur liste d’attente pour une greffe et 4620 transplantations ont été réalisées (donneurs vivants + décédés)
Pour devenir donneur, la démarche est relativement simple:
Il faut être porteur d’une carte spécifiant cette dernière volonté et/ou surtout l’avoir clairement spécifié à ses proches car ils seront toujours interrogés à ce sujet (les cas où l’on retrouve le défunt portant sa carte de donneur sont assez rare).
De plus,il faut qu’au moment de la mort, on réunisse tous les facteurs nécessaires à la réalisation de cet acte:
Le prélèvement des organes doit être réalisé rapidement après le décès (grooso modo 18 heures s’écoulent entre le décès et la/les transplantation(s) sur les receveurs).
Cela signifie qu’une mort en milieu hospitalier est préférable.
Par ailleurs, seuls certains cas de décès permettent le prélèvement d’organes: il s’agit de la mort suite à accident vasculaire-cérébral ou par traumastisme crânien. Ces cas représentent à l’heure actuelle moins de 1% des décès en milieu hospitalier… Ce qui explique grandement les longues listes d’attente des receveurs potentiels et le peu de greffes réalisées.
Au cas où le prélèvement est possible, après l’intervention chirurgicale, le corps est rendu à la famille pour procéder à l’enterrement traditionnel (crémation ou inhumation).
Trois précisions importantes:
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Il est possible de se faire inscrire sur un registre spécifiant que l’on refuse le don d’organe.
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Lorsque qu’au contraire on souhaite réaliser cet acte, on est en capacité de préciser quels organes on accepte ou non de donner.
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Que vous soyez en bonne santé ou non maintenant au jour de votre décisioon ou au moment de votre mort, vous pouvez être donneur: les médecins spécialisés dans les prélèvements jugent au cas par cas selon le dossier médical et l’état des organes du défunt si un ou plusieurs prélèvements sont possibles.
Lorsque que l’on donne son corps à la science, la démarche est tout autre.
Aujourd’hui, en France, chaque année environ 3000 personnes donnent leur corps à la science. Les besoins réels des facultés sont largement supérieurs.
Le don du corps permet essentiellement au corps médical de se former et d’expérimenter:
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Entraînement à la chirurgie pour les étudiants, avant de passer les portes d’un bloc opératoire et de réaliser des actes sur des patients (vivants).
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Apprentissage de l’anatomie humaine.
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Expérimentation des chercheurs.
Devenir donateur nécessite aussi une démarche particulière: contacter de son vivant une faculté de médecine acceptant le don du corps, régler les frais demandés et fournir une lettre manuscrite faisant office de testament officiel précisant cette volonté, avoir toujours sur soi la carte de donateur remise par la faculté de médecine (sans cette carte, le corps ne sera pas transporté et accepté).
Le corps à l’arrivée dans l’institut médico-légal, est embaumé. Il pourra être conservé quelques temps.
Le travail de deuil pour les familles est donc radicalement modifié.
Après les travaux anatomiques, le corps est soit incinéré et les cendres dispérsées sur un carré commun au sein d’un cimetière municipal, soit le donateur a pris des dispositions pour que ses cendres ou son corps soit rendu à sa famille est puisse être enterré.
Le don du corps à la science, présente relativement peu de « contre-indication »: le décès suite à maladie contagieuse , ou au cours d’une affaire judiciaire, ou encore le décès à l’étranger font que le don du corps ne peut pas être réalisé.
Sujet un peu tristounet s’il en est… mais qui vaut quand même 5 minutes de lecture et réflexion sur ce que l’on souhaite à titre personnel, non?
(sources: agence de la biomédecine, association française d’information funéraire, france info)
Bonjour,
bravo pour votre article, il soulève des questions importantes.
Personnellement, le don d’organe, je suis pour. Étant donné qu’ils ne me serviront plus : si on peut sauver des gens avec, autant le faire.
Donné mon corps à la science, non merci. L’idée que des jeunes étudiants s’amusent à se balancer mon cœur d’un bout à l’autre de la salle de classe, et s’amuser avec mes organes, ne m’enchante guère…
Cordialement
Gosseyn
Merci Gosseyn,
Je suis tout à fait d’accord: j’ai déja expliqué et répété longuement à ma famille, mon souhait de dons d’organes.
Mais suite à cette recherche sur le don du corps à la science…Je m’interroge.
Pourquoi pas? La seule chose qui me gène, c’est qu il y ait l’obligation de faire la démarche de son vivant: contacter un centre hospitalier, rédiger un « testament » et régler des frais… Cà donne un peu l’impression de prendre rendez-vous avec sa mort :'(
Et cà j’avoue ne pas être particulièrement pressée, 😉
Cordialement,
Psychobabe.
Oui moi aussi pour…quoique que mes poumons enfumés ne serviront plus !
Et puis donnez ses organes morts, cela doit pouvoir éviter que l’ on handicap des enfants, vivants non?!