Le divorce est devenu un évènement de la vie de couple quasi-banal. S’il existe depuis fort longtemps, sa forme actuelle lui est conférée par une modification profonde du lien marital.

Le divorce, c’est de l’histoire ancienne. Les grecs et les romains pouvaient déjà, sous certaines conditions, mettre fin à leur mariage. Il a connu de nombreuses transformations à travers les âges. Autrefois, la notion de faute de l’un des époux était majoritairement retenue. Aujourd’hui, la faute devient anecdotique et tend à tomber en désuétude.

Les procédures de divorce sont, depuis 2004, grandement simplifiées et plus rapides.

En France, un mariage sur trois se termine par un divorce, chiffre qui se rapproche d’un sur deux dans les grandes villes. Selon l’INSEE, "le demandeur est de façon constante trois fois sur quatre la femme". En constatant l’ampleur des chiffres et cette tendance féminine à vouloir rompre l’union, on peut s’interroger sur la définition nouvelle du mariage.

Le lien d’amour

Un raccourci facile consisterait à expliquer le taux de divorce actuel par l’émancipation de la femme. Il est vrai que cette dernière souffre moins de précarité que ses aïeules en cas de séparation, peut subvenir à ses besoins seule. Cependant, toutes les épouses ne bénéficient pas d’un emploi bien payé, n’ont pas d’argent de côté, ce qui ne les empêchent pas de demander le divorce. Elles se retrouvent parfois dans des situations de pauvreté et d’isolement.

Autrefois, les jeunes gens se mariaient parfois par amour, parfois par intérêt. Ensuite, l’engagement perdurait toute une vie, mais pas forcément l’amour ! Finalement, ce qui était recherché dans l’union, tenait surtout de la sécurité, de la stabilité et du sérieux. L’homme travailleur, honnête, bon père de famille pouvait espérer garder son épouse pour toujours. Quant à la femme, fidèle, bonne ménagère et économe, elle s’attirait les grâces de son mari.

 

Pourquoi tout a changé ? Nous vivons à une époque de performance et de recherche assidue de perfection. Si notre emploi ne nous convient pas, c’est la démission. Le divorce n’est-il pas une sorte de démission ? La rupture d’un contrat ? Le mariage est aujourd’hui l’alliance de deux êtres amoureux, la promesse implicite est de rendre l’autre heureux, le plus longtemps possible. Il est moins question de sécurité et de confort. Tout est dans  l’amour, le désir. Les attentes réciproques du couple moderne concernent en grande partie le respect, l’attention, la qualité de la sexualité, les sentiments.

 

Si autrefois on pouvait faire contre mauvaise fortune bon coeur, se contenter de la présence rassurante de son conjoint dans la routine du foyer, tout est bien différent. La passion des débuts est réclamée comme un dû, notamment par les femmes. Il n’y a pas de tolérance pour une flamme qui s’amoindrit, pour un désir qui s’étiole, des habitudes qui s’installent. Or l’usure du couple est une évolution inévitable de la vie à deux. Il est dit que la passion ne perdure pas plus de quatre ans au maximum.

 

Les couples réclament de vivre une histoire d’amour intense à travers le mariage, ce qui, hélas, n’est pas toujours compatible avec la réalité, l’arrivée des enfants, les emplois du temps surchargés et l’âge qui avance. Chaque divorce est donc pour l’individu, la quête de l’ivresse du début de la relation. Cette attente est sûrement illusoire et certains sont condamnés à multiplier les unions, qu’elles se soldent ou non par un mariage, pour atteindre un idéal improbable.