Le développement durable, constat et solutions 

Si le développement durable est l’affaire de tous, il n’est pas la priorité de chacun d’entre nous.Chacun des acteurs politiques, scientifiques, citoyens est sensible aux causes et effets de nos modes de vie. Tout le monde a conscience du danger devant lequel nous nous trouvons.

Le système dans lequel nous vivons est fortement instable et notre économie peut s’effondrer d’un jour à l’autre avec toutes les conséquences que cela va engendrer.

Les principaux défenseurs de l’environnement sont tous pessimistes quant à notre capacité d’inverser cette tendance autodestructive. Car plus la crise s’intensifie, moins nous aurons de chances de trouver les ressources pour combattre ce fléau. Même si dans la difficulté, la cohésion prend forme, il n’en reste pas moins que pour assurer la réussite d’un mouvement, ses adhérents doivent y consacrer du temps et de l’énergie. Deux facteurs qui feront défaut quand le quotidien sera consacré à la survie d’un grand nombre d’entre nous. 

Les peuples souffrent directement et indirectement. Les plus pauvres sont destinés à mourir au terme de crises alimentaires et sanitaires répétées.

Les plus modestes sont déjà dans une situation de survie et doivent se battre au quotidien pour trouver les moyens d’un minimum vital.

Les classes moyennes ressentent les premières difficultés et réduisent leur consommation au minimum. Elles sont de plus en plus inquiètes et se sentent impuissantes.

Quant aux plus riches, ils s’emballent, se rendant compte que cette instabilité va entrainer de profondes crises et que leur pouvoir économique est fortement menacé. Ils craignent un soulèvement et ses conséquences. 

Devant ce constat, il est difficile de comprendre notre mutisme général. 

Le mécanisme est simple pourtant : chacun tente de préserver ses derniers privilèges. A croire que la notion du communautarisme n’est admise qu’au cours des périodes difficiles.

Bien sûr, il y a des rassemblements ; bien sûr, les populations ont saisi l’importance de la cohésion et de l’entraide, mais nous baignons, du moins tous les privilégiés, depuis notre tendre enfance, dans un contexte individualiste. L’égo de chacun a pris une place démesurée. 

Moi-même : les motivations qui m’animent pour orchestrer une action en faveur de l’environnement et du développement durable sont, pour une part, louables, mais pour une autre, intéressées. J’ai de fortes convictions, des rêves ambitieux, mais aussi une famille à faire vivre et du plaisir à prendre. 

Chacun d’entre nous pense à sa petite personne, voire : à son entourage proche, mais quand il s’agit de faire des efforts, très peu ont envie d’user leur énergie au nom de l’humanité. Pourquoi travaillerais-je pour nourrir mon voisin ? Pourquoi m’investirais-je pour voir cet homme détruire mon travail ? Pourquoi perdrais-je mon temps si je ne suis pas reconnu ? … 

Si toutes les démarches en faveur de l’environnement sont des causes perdues, c’est dans un premier temps parce qu’elles demandent à l’humanité de modifier avant tout son comportement et que l’humanité n’aime pas le changement sans contrepartie. 

Pour tenter d’y parvenir, nous avons dans un premier temps utilisé des messages alarmants, voire : catastrophiques. C’est bien de faire peur aux gens, cela peut marcher dans le cadre d’opérations de sensibilisation individuelle à la prévention routière, par exemple, mais ce n’est pas constructif et dans notre cas précis, ce n’est pas un comportement que nous devons changer mais l’ensemble des comportements. 

Pour changer un comportement, il faut envisager une solution alternative. Actuellement, personne n’est susceptible de concevoir cette démarche dans sa globalité et cela entraine un manque de repères, néfaste à l’évolution de nos modes de vie. Bien sûr, de nombreux acteurs présentent des propositions, mais elles ne sont centrées qu’autour de compétences particulières et cette diversité d’informations dessert la compréhension. De plus elles ne sont pas adaptées au quotidien de chacun. 

Lorsque qu’on a déterminé un objectif, il faut pouvoir en vanter les avantages. Aucune personne actuellement n’a envie de s’engager dans une voie collective sans en retirer un privilège personnel. Principe de l’individualisme. 

Enfin si l’adhésion aux deux critères précédents est actée, il faudra trouver les moyens de la réussite. Les solutions sont là, en chacun d’entre nous. Nous sommes aujourd’hui capables d’associer nos pensées, nos compétences et d’imaginer nos modes de vie futurs. Il ne suffirait que de nous réunir et d’y travailler pour qu’émerge une solution alternative globale. 

Les avantages découleront d’eux-mêmes. Qui ne rêve pas de briser sa solitude ? Qui ne rêve pas de se sentir épaulé ? Qui ne rêve pas de trouver un équilibre de vie et une stabilité émotionnelle ? Le stress, la fatigue physique et intellectuelle font partie de notre quotidien ; la sensation de manque et d’impuissance est permanente, empêchant l’individu de prendre son avenir en main. 

Se donner les moyens de réussir : c’est l’étape la plus facile à réaliser. Chacun d’entre nous a une richesse personnelle et  le cumul des richesses intérieures est largement suffisant pour mettre en œuvre notre démarche. Au sein de la COCIPE, les plus grandes richesses sont, par exemple, les compétences des adhérents, des partenaires associatifs et privés, leurs relations, leurs bénévolats. Plus de 60 % de notre mouvement est alimenté par des dons en nature. J’ai même constaté que nos plus grandes réussites proviennent d’actions pratiquement gratuites. Un coup de téléphone peut changer le cours de notre démarche. 

La première étape que je vous propose est d’entrer dans un état d’esprit durable et constructif. Refusons le pessimisme, soyons optimistes. Arrêtons de nous diviser sur des sujets sans intérêt, stoppons les critiques, les querelles, les contestations, écoutons-nous et rassemblons nos moyens.

Devenons acteurs de notre avenir, ne serait-ce que par ce coup de téléphone, cet appel à l’aide, à la cohésion, à l’ouverture.

Acceptons d’être un maillon d’une chaine, d’un réseau, acceptons de ne pas être reconnus, mais de nous féliciter de participer à une aventure collective pour le bien-être de nos enfants. 

Créons ensemble une économie. Trouvons chacun une place au sein d’un réseau qui nous permette d’en vivre. Favorisons par nos achats, nos loisirs, nos investissements les acteurs engagés sérieusement en faveur du développement durable. Soyons solidaires et déterminés pour que chacun trouve dans ce réseau les moyens de son évolution vers des modes de vie durables.

Ainsi, par une démarche personnelle et individualiste, intégrons un groupe précurseur basé sur d’autres valeurs, l’amitié, la solidarité, la bienveillance. 

Didier LAURENT

Chargé de développement de la COCIPE

http://www.cocipe.fr

[email protected]