"Toute information ne doit pas être nécessairement ouverte au public. La transparence ne doit pas être dogmatique". Dès le discours introductif de Franck Riester, député UMP de Seine-et-Marne, le ton est donné : l’évènement de l’open data ne sera pas un salon libertaire, loin de là. La libéralisation des données publiques en France reste en effet soumise à une volonté politique fluctuante.
"Nous créerons un niveau sans précédent d’ouverture au sein du gouvernement. Nous travaillerons ensemble afin d’assurer la confiance des citoyens et d’établir un système de transparence, de participation publique et de collaboration. L’ouverture renforcera notre démocratie et promouvra l’efficacité au sein du gouvernement".
On aimerait qu’un responsable politique français ait ces mots. Malheureusement, ceux-ci ont été prononcés par Barack Obama le 21 janvier 2009 en publiant l’Open Government Directive dès son premier jour de travail à la Maison Blanche. Cette directive enjoignait les agences fédérales à promouvoir le "gouvernement ouvert", c’est-à-dire la transparence du gouvernement, la participation des citoyens et l’utilisation d’outils innovants de collaboration.
En septembre 2011, ce mouvement en faveur du gouvernement ouvert s’est amplifié par l’Open Government Partnership, une initiative similaire signée par 46 pays. Comme l’a rappelé lors des Assises Pierre Chrzanowski, chargé de mission à l’Ambassade de France à Londres, la France n’a malheureusement pas signé ce partenariat et accuse un retard certain sur les pratiques anglo-saxonnes de l’ouverture des données.
La directrice de la Fondation iFrap (Recherche sur les Administrations et les Politiques Publiques), Agnès Verdier-Molinié, est allée dans le même sens en relevant dans le débat ayant suivi toutes les données absentes du processus de libération des données publiques. Or, la demande est là, les citoyens aspirent à davantage de transparence dans les données publiques.
Pour Pierre-Mathieu Duhamel, Président du Comité stratégique de KPMG, l’open data favorise le "Gouvernement ouvert". C’est plus précisément la convergence de l’avènement des nouvelles technologies et d’une aspiration des citoyens à dépasser le système classique de représentation qui explique l’engouement actuel pour l’Open Data. "Perçu comme un progrès, le Gouvernement ouvert tend à donner au citoyen le sentiment d’être à nouveau en prise avec le système de décision, alors qu’il avait tendance à s’en sentir exclu ; il laisse entrevoir la possibilité d’une démocratie participative qui prendrait le pas sur la démocratie représentative" explique-t-il.
Certes, www.data.gouv.fr, le portail français de l’Opengov qui devrait prochainement sortir, proposera des données à caractère démographique, économique, statistique ou encore géographique. Cependant, le développement de l’open data se heurte encore à plusieurs freins culturels.
Gilles Babinet, président du Conseil national du numérique et patron de Captain Dash, récent fournisseur de technologie pour le site Opendata71 mise en place en Saône-et-Loire par Arnaud Montebourg, estime que le frein culturel français à l’égard de l’open data vient "d’une tradition colbertiste, catholique et hermétiste".
"La culture juridique française n’est pas propice à la libération des données publiques" acquiesce Olivier Freget, avocat lobbyiste spécialisé dans le droit de la concurrence. La France est très attachée au contrôle des libertés individuelles. "Un périmètre des données privatives doit être instauré" insiste l’avocat.
Les principaux griefs à l’égard de la libéralisation des données publiques sont connus : soi-disante "infobésité", coût élevé, atteinte à la vie privée, etc. Comme chaque tendance innovatrice, l’open data bouscule les conservatismes et génère de nouvelles craintes. Cependant, le combat ne doit pas être abandonné puisque des solutions existent comme le renforcement des moyens juridiques. Finalement, le mot de la fin pourrait revenir à Franck Riester, "l’Open Data, c’est une révolution silencieuse". Et les contre-révolutionnaires sont des acteurs de chaque révolution.
Bonjour OLIVIERFAVEUR,
Est ce que la France, ou un autre pays sait-on jamais, découvrirait tout à coup que la transparence politique et/ou gouvernementale est un leurre ?
Peu importe que des conventions soient signées, les états font toujours ce qu’ils ne disent pas, avec ou sans OPEN DATA.
Il ne faut tout de même pas prendre les gouvernants et dirigeants pour des billes et faire semblant d’ignorer que l’infiltration est un de leur passe-temps favori.
Bien à vous,