Par cette expression, les Niçois (honni soit qui mal y pense) caricaturent ceux qui ne se distinguent ni par des excès de fierté, ni par des débordements de dignité.

Un exemple récent en avait été donné par l’ex-président Chirac se remettant fort opportunément de son anosognosie, juste à temps pour se souvenir que ce n’était que pure diffamation lorsqu’un ex-féal décidait, lui aussi juste à temps, d’écouter la voix de sa conscience et qu’il convenait donc de porter plainte contre lui !

Mais n’en déplaise à feue Jeanne Calmant, qui déclarait à qui voulait l’entendre qu’elle n’avait qu’une seule ride et qu’elle était assise dessus, la sénilité peut à la rigueur servir de masque à cette curiosité morphologique.

 

Victime, probablement à mon tour, de cette anosognosie, je n’ai le recours que de faire confiance aux lecteurs pour retrouver l’auteur de la célèbre apostrophe : « Moi, Monsieur, si j’avais une figure comme la vôtre, je porterais un slip en guise de chapeau ». Mais je n’ai pas le moindre doute pour savoir qu’elle sied à merveille à ceux que la blogosphère nomme, semble-t-il, les « repentis », une cohorte dont Le Post nous assure qu’ils « repassent à gauche sans sourciller ».

Et de citer une rafale de noms que je n’hésite pas à mon tour à colporter, bravant la plainte en diffamation qu’ils pourraient déposer à mon encontre : Jean-Pierre Jouyet (de l’Autorité des Marchés Financiers), Bernard Kouchner, Stéphane Richard (ayant pantouflé du cabinet de Christine Lagarde vers la présidence de France Télécom), Jacques Attali et, provisoirement dernière en date, Fadela Amara.

Repentis ne semble pas a priori le mot le plus approprié pour qualifier cette troupe maintenant décidée à renier ce qu’elle avait renié naguère. Se pose inévitablement la question de savoir à quel moment ils étaient sincères et véritables : naguère ou maintenant ? En vérité, cette question ne taraude que ceux qui ont oublié (ou n’ont jamais su) cette vérité rapportée, voici fort longtemps, par feu Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne en premier ; c’est le vent ! ».

Deux choses cependant m’inquiètent un peu à l’occasion de leur repentance. La première est que si la qualité de leur pronostic d’aujourd’hui et à la hauteur de celui qu’ils firent en 2007, il est à craindre que le délitement auquel nous assistons se prolonge encore pendant cinq années supplémentaires. Par bonheur, la révision serait alors survenue à temps pour nous éviter un tunnel de sept ans, comme lorsque l’on brise un miroir ; mais il ne faut pas être superstitieux : ça porte malheur !

La deuxième est leur éventuel retour au Parti Socialiste où je ne vois guère qu’un courant qu’ils auraient qualité pour créer : le courant alternatif, cher à Guy Bedos, puisqu’à l’évidence le continu leur manque ; et peut-être bien aussi le contenu.

Je ne sais pas si c’est réellement sans sourciller qu’ils repassent à gauche ; ce serait plutôt sans un faux pli. Car ce verbe, les concernant, ne peut désigner que l’action de lisser une pièce de tissu ; le concept de faire le chemin en sens inverse est inapproprié puisque pour repasser à gauche, le strict minimum (mais tout de même indispensable) eut été qu’ils en vinssent.

« Les cons ça ose tout ! C’est même à ça qu’on les reconnaît », proclamait la célèbre réplique des Tontons flingueurs. Du coup, par effet de contraste, Éric Besson passerait presque pour un homme de conviction ! Restant, pour l’instant au moins, là où son intérêt l’a conduit, il évite au moins au « peuple de gauche » de s’interroger dubitativement sur le retour au bercail des enfants prodigues.

Et plus encore sur l’accueil qui leur y sera fait, ou non.