Le département de l’Hérault, un pays de volcans. II° partie.

De Millau à Maguelone et à Agde, en passant par Lodève, les chemins de lave.


Tout au Nord du département de l’Hérault, empiétant sur celui de l’Aveyron jusqu’au Nord de Millau, quelques pointements volcaniques, datés entre 14 et 6 millions d’années, sont dispersés sur le Causse. Les édifices modestes, dégagés par l’érosion, recoupent les plateaux marneux liasiques et calcaires jurassiques tabulaires et ne sont visibles que par leurs racines et leurs corps d’alimentation tels les neck et les pipes de Sauveterre, de Sauclières, d’Eglazines, de Palmas, d’Espalion, de Roque Nègre.., ou les travertins et les brèches périvolcniques d’Alcapiés, du Puech Lubio, de Collanges, de Coussergues, d’Auberoque…


Les laves y varient du basalte à feldspathoïdes, – limburgite massive, limburgite bréchique, basanite -, au labradorite, – aluminosilicate de sodium et de calcium, feldspaths calco-sodiques ou plagioclases -, en passant par des basaltes à andésine et à phénocristaux de pyroxène noirs constituant la majeure partie des gisements. Leurs venues se sont succédées au Mio-Pliocène et sont toujours présentes au travers de l’épanchement basaltique d’Azinières, un lac de lave issu d’un volcanisme strombolien, riche en nodules de péridotites.


Le plateau de l’Escandorgue.


Entre le Causse du Larzac, au Nord, les Monts de Faugères au Sud, Lodève en son Nord-Est et Bédarieux au Sud-Ouest, sur un axe Nord-Sud, d’environ 30 kilomètres de long, entre le volcan de Romiguières, Brenas et, aux environs de Valmascle, Les Rives, difficilement discernable, s’aligne un essaim d’une cinquantaine d’édifices volcaniques, « le plateau de l’Escandorgue. ». Le volcanisme y est apparu au Zancléen, – 5,332 à 3,6 Millions d’années -, se pérennisant au Plaisancien, – 3,6 à 2,588 Millions d’années -, mais, recoupant et/ou reposant sur les marnes liasiques et les dolomies et les calcaires jurassiques tabulaires des Causses, l’essentiel des laves, de type limburgite au type labradorite passant par le basalte à andésine et à pyroxène, s’est épanché du Gélasien, – 2,588 à 1,806 Millions d’années -, au premier tiers du Pléistocène inférieur, – 1,8 à 1,4 Millions d’années.


Durant cette période, une kyrielle d’édifices volcaniques, majoritairement des cônes de type strombolien, ont déversé des coulées de lave à composante basaltique qui ont comblé les vallées et recouvert le plateau. Leur activité se caractérisait par l’éjection rythmique de scories dans le cratère sommital et par des successions d’explosions dans un espace temps variable, quelques secondes à quelques heures, projetant soit des paquets de lave de toute taille dans les airs, soit des bombes et des scories, – fragments de lave poreuse et vacuolaire, vésiculés par l’expansion des gaz contenus dans le magma, de très faible densité, solidifiés et tombés au sol -. Leur durée d’activité était brève, quelques jours, quelques semaines à quelques années.


La couleur rouge des scories de la zone centrale du cône constitue un caractère spécifique s’expliquant par l’oxydation du fer, au contact de l’air, contenu dans la lave. L’édification de leurs cônes s’accompagnaient de coulées de laves s’épanchant, généralement, par des orifices latéraux. L’émission des coulées lavique se produisait, généralement, à partir d’évents étroits et la lave s’étalait sur le plateau, s’engageait dans les vallées créant des lacs, – Bernasso -, ou, du fait de la présence de chaos rocheux, s’empilait. Parfois, la vaporisation des eaux sous-volcaniques créait des bulles gigantesques, générant des grottes, ou provoquaient des explosions secondaires donnant naissance à des maars, – Nogaret -.


L’ensemble des volcans de l’Escandorgue, ayant recouvert de laves la majeure partie des ruffes permiennes, – 295 à 250 Millions d’années -, des marnes liasiques, – 200 à 176 Millions d’années -, et des dolomies et des calcaires jurassiques, – 199,6 à 145,5 Millions d’années -, offrant, ainsi, de superbes orgues basaltiques, quelques cheminées volcaniques et de remarquables artefacts, – les necks(3) et les dykes(4) -, dans les fissures de la roche rouge, est surtout constitué, de résidus de cônes, de nappes de scories et de coulées basaltiques résiduelles, dissimulées sous de nombreux taillis, frondaisons et forêts. Et, comme aux alentours de Liausson, des calcaires blancs, des ruffes rouges et des basaltes noirs se retrouvent côte à côte. Le volcan de Romiguières, spécification d’une mutation hydro-magmatique à magmatique, dans la province de l’Escandorgue, rappelle la forme particulière de la majorité des édifices de la chaîne des Puys et trône au milieu des calcaires du Bajocien, – 171,6 à 167,7 Millions d’années -.


Présentement, érodés et rabotés par les glaciations, les intempéries et les atteintes des temps, les cônes, n’étant plus que des collines arrondies, souvent insignifiantes, ont pratiquement disparu. Les Lapillis et les scories alternent avec des coulées laviques délavées, réduites à de simples vagues. Seuls les dykes, les sills annulaires, les orgues basaltiques, les necks et les pipes ou les tracés des routes et des chemins et les saignées qui en ont découlé, révèlent la présence de ces anciens volcans et un œil averti peut ainsi observer du métamorphisme de contact basalto-calcaire, des coulées prismées, du phréatomagmatisme… Si le Puech Caubel, 700 mètres, le Mourel, 699 mètres, le Brenas, 625 mètres, l’Agast et le Saint Amans, 700 mètres, le Nogaret, la Roque Sarrasine, le Lacoste, le plateau de l’Auverne, le Poujolet… et la Cocalière en sont les volcans plus représentatifs, un secteur particulièrement intéressant est celui de Pézènes les mines, les Montades, Montesquieu et Carlencas…


Notes.


(3) Le neck : Remplissage ou comblement vertical de matériel intrusif ou bréchique, – ignimbrite et agglomérat -, d’une cheminée volcanique recoupant la roche encaissante. En général, le neck demeure en relief suite à l’érosion du cône.

(4) Le dyke : Intrusion de roche volcanique en forme de mur, recoupant les strates de l’encaissant, fossilisant, ainsi, les conduits d’alimentation du magma.

 

Le département de l’Hérault, un pays de volcans. I° partie :

http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=39114