C’est le printemps et le coucou coucoule dans nos bois.

Les hirondelles annoncent cette belle saison et lui la proclame.

Ce coucou a une réputation un peu entaché par le fait qu’il n’élève pas lui-même ses petits mais les « abandonne » (du moins les œufs) dans des nids d’autres espèces d’oiseaux. Soit il pond dans le nid convoité (notamment des fauvettes, rouge-gorge, rousserolles…), soit il apporte l’oeuf dans son bec (selon la configuration du nid) et éjecte l’un des oeufs déjà en place.

Les autres oiseaux vont les couver et élever les oisillons comme les leurs. Afin que les hôtes involontaires ne s’aperçoivent pas de la supercherie, les coucous ont développé une aptitude qui consiste à produire des œufs qui ressemblent presque parfaitement aux œufs « légitimes ». La femelle pond en moyenne six à sept œufs (jusqu’à 25 oeufs par saison) déposés chacun dans un nid différent avec une préférence pour la même espèce squattée, la plupart du temps celle qui l’a élevée et dont elle a reçu en quelque sorte l’empreinte..

Les imitations du coucou sont au premier rang.

Si les hôtes ne rejettent pas l’œuf du coucou, l’oisillon coucou après l’éclosion va rejeter les autres œufs du nid, ou les autres oisillons, en les positionnant sur son dos et les jetant par dessus bord. Il ne faut pas croire que les parents coucous se désintéressent ensuite de leur progéniture : il a été constaté qu’ils survolaient plusieurs fois par jour le nid d’accueil.

Alors que les coucous développent des techniques de plus en plus élaborés pour imiter les œufs concurrents, les oiseaux hôtes, de leur côté, perfectionnent leur moyen de détection des œufs qui ne sont pas les leurs. Au niveau de la rétine, les oiseaux ont quatre cônes (récepteurs de longueurs d’ondes correspondant à ce qu’on appelle les couleurs) alors que nous n’en avons que trois. Ils perçoivent les ultra-violets et donc une variétés beaucoup plus grandes de couleurs que les humains peuvent voir.

Le coucou adapte sa technique à l’espèce choisie. Par exemple, il va déposer un œuf bleu dans un nid de rouge-queue dont les œufs sont bleus . S’il convoite le nid d’un accenteur-mouchet, il va y déposer un œuf blanc avec des taches brunes alors que l’œuf « légitime » sera bleu, donc l’œuf ne sera pas identique et pourtant l’hôte « n’y verra que du feu ».

Face à cette étrange attitude, les scientifiques, suite à leurs recherches, sont arrivé à la conclusion suivante : le premier hôte rouge-queue a développé des défenses plus élaborées pour détecter un œuf étranger alors que l’accenteur-mouchet semble « plus négligent » dans ce domaine et se laisse berner même avec un œuf peu ressemblant. Les raisons exactes pour lesquelles de nombreux oiseaux acceptent des œufs qui pourtant sont si différents de leurs propres œufs surprennent les chercheurs.Une des hypothèses est que l’évolution des hôtes ne s’est pas faite au même rythme et que certains oiseaux sont plus avancés dans ce processus. Une autre hypothèse est que pour certains oiseaux, il est préférable de tolérer un œuf de coucou de temps en temps, pour ceux qui n’en souffrent pas trop souvent, que de risquer de rejeter par erreur leurs propres œufs.

Un chercheur de l’Université de Californie a trouvé que la reconnaissance d’un œuf par l’oiseau parent se fait par la vue, et qu’ainsi il y a environ 40% d’œufs étrangers rejetés. Les œufs rejetés sont soit enfouis dans ce qui fait la coque du nid ou poussé sur le bord pour en arrêter le processus d’éclosion.

Mais pourquoi les coucous agissent-ils ainsi ? Une explication est que les coucous adultes se nourrissent de chenilles velues, d’insectes, libellules, criquets… Et ce régime n’est pas très adapté pour un bébé coucou. Donc pour perpétuer la race, le coucou fait appel à une famille adoptive.

Elever un coucou n’est pas de tout repos :