Le complexe volcanique Shasta, en Californie. 1ère Partie

Code 1203-01

Localisation : Latitude 41,409° Nord à 41.24° Nord,

et Longitude 122.193° Ouest à 12.11° Ouest,

Stratovolcan, altitude 4,322 mètres,

Californie, États Unis

 

Situé à l’extrémité Sud de l’arc volcanique des Cascades, – aussi appelé arc des Cascades -, dans le comté de Siskiyou, en Californie, le Mont Shasta, – en langue Karuk : Úytaahkoo ou « Montagne Blanche » -, plafonne à 4.322 mètres d’altitude. Deuxième plus haut sommet, après le Mont Rainier, – 4.392 mètres -, duCascade Range et cinquième point culminant de « la République du drapeau à l’ours », – Mont Whitney, 4.421 mètres,Mont Williamson, 4.390 mètres, North Palisade, 4.341 mètres-, le complexe vulcanien, comparable aux édifices massifs tels le Fuji-san, – Japon -, ou le Cotopaxi, – Équateur -, avec un cubage estimé à 350 kilomètres cubes, est les plus volumineux stratovolcan de l’arc volcanique des Cascades.

 

Il se localise à 65 kilomètres au Sud de la frontière de l’Oregon et de la Californie, et à mi-chemin entre la côte du Pacifique et la frontière du Nevada. L’évidence archéologique démontre que les êtres humains vivent sur le Mont Shasta foyer de quatre différents peuples américains, les Shastan, les Modoc, les Ajumawi et les Wintu qui croyaient tous que le colosse était le centre de la création, et dans ses environs immédiats, depuis au moins 10.000 ans.

 

Constitué d’au moins quatre cônes distincts mais se chevauchant les uns sur les autres, le complexe magmatique du Mont Shasta a connu un évolution plus ou moins continue depuis le début de son activité vulcanienne, il y 590.000 ans, Son Proto-cône basaltique, un volcan-bouclier comme pourraient l’attester l’Everitt Hill et l’Ash Creek Butte, – d’âge estimé à 1,8 Million d’années -, qui se dressent sur son Sud et son Est, a été pratiquement détruit par un effondrement sectoriel majeur, déterminé par radiométrie, entre 380.000 et 300.000 ans, – par datation au Potassium-argon, en 1984,360.000 ans pour Chesterman et Saucedo , ayant déclenché des glissements de terrain et une avalanche de débris hors normes.

 

Elle a eu, pour probable origine, une succession rapide d’écroulements du bâti volcanique provoqués par une saturation, en eau, du flanc Nord-Ouest du Proto-Shasta. Chacun d’entre eux avait progressivement réduit le cône. Mais, par manque de données sur l’activité volcanique originelle et sur la cause des glissements de terrain, il est quasi impossible, tout ne pouvant être que supputations et hypothèses, d’en déterminer la cause exacte. Conjointement à l’éruption, s’était-il produit un cataclysme pluvial ? Ou lors, s’étant formé durant le Pléistocène, période couvrant la plupart des glaciations récentes(1), serait-ce la conséquence des mouvements tectoniques verticaux et à la glacio-isostasie car, sous le poids de la glace, des mouvements tectoniques verticaux, – enfoncement lors de la glaciation, soulèvement ou rebond isostasique lors de la déglaciation -, affectent les régions englacées et leur marges ?

 

A cet effet, il est à constater qu’au XXIe siècle, bien qu’il nous soit seriné journellement que la Terre se réchauffe, sept glaciers, – Whitney, Bolam, Hotlum, Wintun, Watkins, Konwakiton et Mud Creek -, sont dénombrés sur le bâti volcanique du Shasta. Ils ont un volume total d’environ 140 millions de mètres cubes. Aussi impressionnant qu’en puisse paraître le cubage, celui-ci est insignifiant par rapport à la quantité de glace qui recouvrait la montagne durant les périodes glaciaires du Pléistocène. Certes ces étendues de glace ne sont pas réellement les restes de la dernière glaciation de Würn, – ou Wisconsinien pour l’Amérique du Nord -, mais celles-ci se sont développées, indépendamment les unes des autres, au cours du Petit Âge glaciaire, période climatique froide survenue en Europe et en Amérique du Nord, qui se caractérise par des périodes d’avancées puis de maximum successifs des glaciers, auxquelles correspondent plusieurs minimums de températures moyennes très nets, un Petit Âge glaciaire contemporain d’une série, entre les XIIIe et XXe siècles, d’hivers froids.

 

La présence de ces glaciers, implantés sur le Mont Shasta et représentant un énorme volume d’eau, est préoccupante. Comme une grande partie de l’édifice vulcanien est composée de matériaux pyroclastiques perméables, l’eau dévalant les pentes s’infiltre dans les fractures et autres ouvertures du socle rocheux sous-jacent. Une grande partie de cette eau est libérée, plus tard, au niveau des versants et de la base du cône sous forme de sources qui alimentent le débit des torrents et des rivières qui naissent sur les pentes et l’environnement immédiat du complexe volcanique Shasta..

 

Seulement, lors de fortes pluies ou des périodes de fonte rapide de la neige et de la glace, quand l’eau est bien plus abondante que les résurgences ne peuvent en déverser, elle s’accumule au cœur du bâti, désolidarisant les roches et engorgeant les parties plus meubles. Lorsque cela se produit, l’eau devient une pâte qui peut être deux fois plus dense que l’eau pure et elle est capable de de faire bouger et de désolidariser, de l’ensemble compact, des roches beaucoup plus conséquentes que la normale.

 

Dans ces conditions, le flux se transforme en une coulée de débris, comme ce fut le cas, à Whitney Creek, en Août 1997, et, pouvant ramasser de grandes quantités de matériaux glaciaires et pyroclastiques mal consolidés et produire des coulées dévastatrices qui s’avèrent être l’un des plus grands dangers que pose le Mont Shasta pour les habitants, et leurs biens, qui résident sur ses pentes.

 

Les dépôts de débris, résultant de l’avalanche d’une ampleur exceptionnelle qui s’est produite entre 380.000 et 300.000 ans, s’étendent, en direction du Nord-Ouest, depuis la base de l’édifice volcanique, sur le plancher de la vallée de Shasta, – une vaste dépression entre les monts Klamath, à l’Ouest, et la chaîne des Cascades, à l’Est -, jusqu’à Montague, sur 40 kilomètres de longueur. Ils couvrent une superficie d’environ 675 kilomètres carrés. Leur volume, enterrant l’Ouest de la Shasta Valley sous un dépôt de gros blocs de roche volcanique entourée par une gangue, plus fine, de pyroclastes et de matériaux sédimentaires, est estimé à 48 kilomètres cubes.

 

L’avalanche de débris de la Shasta Valley est l’une des plus importantes avalanches de débris au monde et la mieux étudiée. D’énormes interrogations sur les raisons qui ont déclenché l’avalanche et comment elle a pu, enterrant tout sur son passage, parcourir près de 50 kilomètres, subsistent. En vérité, il n’existe aucune preuve qu’une éruption volcanique ait provoqué l’effondrement du flanc Nord du Proto-Shasta, tout comme celui-ci soit la résultante d’un tremblement de terre ou d’une saturation des sols suite à un cataclysme pluvial ou la fonte des neiges ou des glaciers.

 

En outre, des études précisent que les bâtis de nombreux stratovolcans, dont le Mont Shasta, sont fortement altérés tant par la circulation d’eau chaude que par la présence d’eau souterraine qui s’acidifie à mesure qu’elle est stockée et qu’elle vieillit. C’est ce type d’altération qui prépare, taraude et mine le corps du bâti volcanique et ses soubassement, qui servent de détonateur pour le déclenchement des effondrements massifs et qui amplifient l’importance des avalanches de débris.

 

Enfin, la longueur du dépôt avalancheux de débris est une énigme. Certes, une théorie suggère qu’un dépôt de longue distance peut être la résultante, sous forme de système de tapis roulant ou de fluide, de la mise en mouvement, par la présence d’un appel d’air brutal, d’une couche composée de roches brisées, de pyroclastes et de matériaux alluvionnaires qui se déplacerait à la base de la masse en mouvement et qui permettrait, à l’avalanche, de voyager, avec un frottement moindre, sur une plus grande étendue. Mais ce n’est qu’une théorie qui n’est assise sur aucun fondement attesté

 

26 Janvier 2013 © Raymond Matabosch

 

A suivre : Le complexe volcanique Shasta, en Californie. 2eme Partie

 

Notes

 

(1)Les périodes glaciaires les plus étudiées : Günz ou Nebraskien,680 à 620 Mille ans, Mindel ou Kansien, 455 à 380/300 Mille ans, Riss ou Illinoien, 200 à 130 Mille ans, et Würm ou Wisconsinien, 110 à 12 Mille ans.

Les périodes interglaciaires : Günz-Mindel ou Aftonien, 620 à 455 Mille ans, Mindel-Riss ou Yarmouthien, 380/300 à 200 Mille ans, et Riss-Würm ou Sangamonien, 130 à 110 Mille ans.

2 réflexions sur « Le complexe volcanique Shasta, en Californie. 1ère Partie »

  1. En fait, Mozarine, c’est un volcan en sommeil qui s’est transformée en « Montagne Blanche »

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