Nombreuses sont les femmes qui, une fois passé le temps fort de l’éducation des enfants se mettent à scruter un peu plus attentivement les failles incrustées au sein de leur couple quelque peu en faillite par l’usure du quotidien. Elles trouvent enfin le loisir de s’adonner à certains règlements de comptes périlleux avec leur moitié et contrairement à celles qui manquent de courage pour franchir le cap, Louise Wimmer, elle, à la veille de ses 50 ans fout le camp laissant tout derrière elle, sécurité, confort dans le seul et unique espoir de reconquérir un semblant de liberté.

A l’heure où elle s’élance, plus démunie que jamais vers l’inconnu avec en poche son seul statut ingrat d’ex collaboratrice du mari, la voilà avec une voiture pour unique bien, vestige de son passé pour l‘abriter et comme incapable de mesurer véritablement l‘ampleur de sa sordide déchéance.

Par petites touches Cyril Mennegun, nous dresse le portrait de cette battante prête à tout pour en découdre avec la violence cinglante de la précarité. Avec une constante ténacité, sans jamais prêter le flanc à l’abattement, elle affrontera les démarches administratives incontournables et combien humiliantes pour l’accès à un logement social.

Combat auquel Louise Wimmer se livrera corps et âme puisant parfois un peu de force dans la voix de Nina Simone comme dans certaines rencontres pour briser le désespoir toujours aux aguets, pour mieux se cramponner à la vie devenue fragile.

Malgré cette rude exposition dans les méandres de la misère, avec les moyens du bord, l’héroine ne perdra ni son nom, ni sa dignité. Elle ne deviendra pas cette ombre errante, anonyme qui n’a même plus la force d’avoir honte. Cette ombre froide dissimulée derrière une vieille couverture dans les bouches de métro. Elle ne deviendra pas celle qui n’a même plus la force de saisir ce qu’on appelle une commission de médiation pour exercer un recours devant le tribunal administratif au titre du fameux droit au logement opposable. Elle s’appelle Louise Wimmer.

Louise Wimmer, une histoire dure. Ce choix de liberté s‘apparentant plutôt à un suicide, en était-il vraiment un et n’est-ce pas là que des illusions éphémères de liberté, que pures chimères pour lesquelles, au bout du compte, le combat est souvent caduc ?

 

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