on ferait bien de dire la réalité.

Qui ne se souvient pas des propos de Valéry Giscard d’Estaing lorsqu’il fut président le 27 mai 1974. Le chômage commençait à s’étendre et il y voyait un phénomène conjoncturel au point que les indemnités étaient de 90 % du salaire et de longue durée, si mes souvenirs sont exacts.

Depuis le chômage n’a cessé de croître en affaiblissant notre économie, montrant ainsi que, quelques soient les politiques menées, la mondialisation fait que les pays majeurs au train de vie supérieur comme le notre ne peuvent que subir un affaiblissement de leur qualité de vie eu égard aux autres. L’écart qui nous séparait était devenu trop important pour que ces pays en voie de développement et aussi compétents que nous ne cherchent pas l’amélioration de vie de leurs habitants. Il se produit de ce fait un nivellement des richesses poussé par la mondialisation politique et commerciale.

Le modèle qui se mit en place en 1958 fut une gestion paritaire de l’UNEDIC et des ASSEDIC par les partenaires sociaux. Le régime d’assurance chômage qui fut obligatoire et qui fut financé à la fois par les entreprises et les salariés, donnait droit à des prestations calculées au prorata du salaire de référence pendant une durée limitée mais d’au moins deux années à cette époque aux personnes ayant cotisées au régime. L’indemnisation du chômage devenait un salaire de recherche d’emploi avec lequel on pouvait vivre décemment. Le nombre de chômeurs indemnisés étaient d’environ 200.000 pour être plus d’un million en 1976 et atteindre 2,019 millions en 1981 pour un taux de 6,9 % de chômeurs comptabilisés, alors qu’ils étaient 3,701 millions inscrits à l’ANPE. Le chômage de masse s’était installé et l’UNEDIC, devint déficitaire. En 1981 la durée moyenne de chômage était d’environ 265 jours pour devenir actuellement indéfinie voire jusqu’à ne plus pouvoir reprendre une activité professionnelle d’où le travail précaire, des CDD en CDD, puis le RMI et le RSA. En d’autres termes la gestion des pauvres.

Le coût du chômage est difficile à cerner. Il est supporté à la fois par l’État, par les entreprises et par la Sécurité sociale donc par la collectivité. Il dépend, du coût des organismes d’aide à l’emploi, de celui des formations proposées aux chômeurs, du type de chômeur, ouvrier ou cadre puisque les allocations sont différentes mais également de leur durée d’allocation ainsi que de leur dynamisme à retrouver un emploi. Le «coût complet» d’un chômeur d’après «chômage et politique de l’emploi de Jean-François Collin et Mireille Elbaum chargés de mission à la Délégation à l’emploi, 1981-1983» avait été évalué à 44.000 F en 1981, 48.000 F en 1982 et 1983. Pour 2,019 millions de chômeurs le coût complet serait de 88,8 milliards de Francs en 1981, soit 13,4 milliards d’euros !

Nous en sommes selon les statistiques publiées le 27 juillet 2011 à 2.720.400 chômeurs de catégorie A c’est à dire n’ayant exercé aucune activité au cours du mois. Sur un an ce chiffre a progressé de 1,3 %. Si l’on tient compte des catégories de A à C le nombre total de chômeurs s’établit à 4.103.700, soit une augmentation de 4 % sur une année.

Il est difficile de se retrouver dans le classement des chômeurs entre par exemple 1981 et 2011. Si l’on considère que les 2,019 millions de chômeurs en 1981 sont dans les catégories A,B,C, les définitions ne sont pas exactement identiques que celles de 2011, l’accroissement serait de 2.084 millions pour une population de nationalité Française accrue de l’ordre de 9,6 millions d’habitants, soit 17,7%. En 1981 la population Française était au premier janvier de 54.029 millions d’habitants et en 2011 elle est de 63,6 millions de Français, alors que le nombre d’habitants est de plus de 65 millions. Pour le même temps calendaire le chômage, par unité d’habitants Français, s’est accru de 72,9 % par rapport à 1981. Quand à son coût (difficile à cerner) il était en 2008 de 34,3 milliards d’euros, pas de données plus récentes. Si l’on considère une évolution de 1,5 % annuelle il serait en 2011 de 35,9 milliards d’euros. Cela donne un accroissement du coût du chômage entre ces mêmes dates de 35,9-13,4 = 22,5 milliards d’euros, alors que notre richesse nationale s’est fortement ralentie.

La situation de chômage en France n’a donc fait qu’empirer sur tous les paramètres qui le caractérise. Il est donc illusoire de faire croire qu’une politique puisse réduire le nombre de chômeurs autrement que par des emplois précaires qui font suivant les circonstances diminuer ou augmenter le nombre de chômeurs des catégories extrêmes les jeunes, les séniors, et les pauvres .

L’argument à l’embauche d’un salarié est son gain de rentabilité. Sur son coût salarial affecté des charges patronales et de celles de la gestion de l’entreprise. Celle-ci doit, sur son travail, faire un bénéfice ou tout au moins ne pas perdre d’argent. Dans le contexte de concurrence actuel avec les pays à bas coût de main d’œuvre cette condition ne peut être satisfaite que si le coût de revient du salarié est compétitif, c’est à dire vendable.

Sur ce coût de revient le salarié n’est maître de rien.

Son salaire s’il est négocié à l’embauche, il est prévu limité par l’employeur. Sur les charges patronales, elles sont fixées par des accords entre les syndicats et l’État. Sur le coût de la gestion de l’entreprise dans lequel interviennent les charges, les investissements, les coûts des non productifs et les coûts des dirigeants ainsi que celui versé aux actionnaires, le salarié n’a aucun pouvoir.

On sait que pour le patronat l’argument massue est le coût des charges patronales comme un frein à l’embauche alors qu’elles apportent à la communauté un bien social puisque le salaire du salarié, tenu volontairement au plus bas, ne lui permettrait pas de face aux difficultés sociales santé, retraite, etc…Qui résultent de ces charges et de celles qu’il paie sur son salaire. L’autre facteur sur lequel joue souvent le patronat concerne la réduction du coût de la gestion de l’entreprise par celui des investissements, les salaires aux dirigeants et les bénéfices distribués aux actionnaires n’étant pas affectés. Cette politique va à l’encontre d’une dynamique d’embauche et d’une relance de la consommation.

Les aides massives qui lui ont été apportées par le gouvernement sur les prélèvements à la communauté, par exemple les heures supplémentaires défiscalisées, la TVA réduite, la prolongation des aides pour l’emploi de jeunes, l’exonération des charges patronales pour les travailleurs occasionnels, et surtout le plan de relance de l’économie Française fin 2008, n’ont pas été restituées aux salariés.

Le frein aux licenciements qui conditionnait des pénalités et qui était souvent un argument comme un handicap à l’embauche pour le patronat à complètement éclaté avec la crise que nous subissons, les entreprises faisant jouer le chantage sur leurs difficultés. La rigidité des contrats de travail qui assurait la garantie d’un emploi régulé à elle aussi complètement éclatée au profit de la flexibilité. Les CDD sont devenus monnaie courante. Si l’on ajoute à cela la robotisation de notre industrie et l’informatisation des services, source importante de réduction de main d’œuvre on ne voit pas sur quel paramètre le patronat pourrait jouer pour la réduction de chômage, ayant tout eu du gouvernement !

A cela les grandes banques taillent dans leurs effectifs faisant payer la dette Grecque à leurs employés. 30.000 postes seraient supprimés d’ici à 2013 afin de réduire leurs coûts. La banque Britannique HSBC a ainsi confirmé son intention de supprimer 30.000 postes d’ici à 2013, soit environ 10 % de ses effectifs. En juin, Lloyds Banking Group, avait annoncé des coupes de 15.000 personnes dans ses effectifs sur un total de 112.000, un nombre déjà diminué de 27.000 postes depuis le début de la crise. Royal Bank of Scotland a, de son côté, allégé ses équipes de 28.000 personnes depuis 2008. Barclays, qui avait beaucoup embauché après la crise pour s’imposer dans tous les métiers de la banque d’investissement, va réduire ses effectifs de 600 personnes. Barclays, Lloyds Banking Group et RBS devraient perdre un total de 4 milliards de livres au premier semestre. Selon un analyste de Morgan Stanley, cité par le «Sunday Times», les coûts des banques doivent diminuer de 10 % pour prendre en compte les nouvelles régulations. L’Italien Intesa a confirmé 4.000 suppressions de postes pour réduire ses coûts. UBS va supprimer 5.000 postes, à la fois dans la banque d’investissement et la banque privée. Crédit Suisse va supprimer 2.000 postes dans sa banque d’investissement, après en avoir recruté autant entre mars 2010 et mars 2011, tiré des Echos.fr. Il faut donc s’attendre à ce que nos banques suivent.

Les derniers chiffres du 27 juillet nous indiquent que la plus forte hausse du chômage concerne les séniors. Pour le seul mois de juin, le nombre de seniors sans activité a bondi de 2 % par rapport à mai. En un an, ce chiffre a augmenté de 13 %. Le taux de chômage chez les moins de 25 ans a lui aussi augmenté de 1,4 % en juin, pour atteindre 435 500 inscrits sur les listes du Pôle emploi.

Document Le Monde.fr

Document Darès , lire le communiqué de presse .

Pour Xavier Bertrand ces mauvais résultats imposent «une mise en œuvre la plus rapide possible de la totalité des mesures concrètes pour l’emploi adoptées au Parlement début juillet». Sur l’entrée en vigueur au 1er septembre du «contrat de sécurisation professionnelle» garantissant aux licenciés pour motif économique un niveau d’indemnisation correspondant à 98 % du salaire net et un accompagnement renforcé d’un an. En fait des mesures à la va que je te pousse quand de l’autre coté on licencie à tout va. Rappelez-vous pendant des années la droite n’a cessé de fustiger les aides aux chômeurs qualifiés de fainéants et profitant des allocations qu’ils recevaient pour ne pas chercher d’emplois. Que fait le gouvernement en place sinon pire et sans aucun résultat, outre le fait de dépenser notre argent.

Pour Martine Aubry, on a vraiment l’impression que le gouvernement s’habitue à ces chiffres, à cette litanie mois après mois. Mais moi, je ne m’y habitue pas, «je sais que derrière il y a des hommes et des femmes qui souffrent», a-t-elle déclaré. Le président est plus habitué à des opérations de communication «pour redresser sa courbe des sondages» qu’occupé à «redresser la courbe du chômage».

Il est évident que dans le contexte de la crise de la zone euro dont on ne sait pas ce qui peut survenir sans un changement à 180 degrés de la politique menée et par notre gouvernement mais aussi par l’Europe droitière, il ne faut pas espérer que le chômage puisse baisser. Ceux qui prétendent le contraire nous trompent !