Le Cerro Machín, – Alto de Machín ou el Hoyo -, est un stratovolcan colombien situé à l’extrémité Sud du Massif Ruiz-Tolima et sur la marge Sud-Ouest du complexe volcanique Cerro Machin-Cerro Grande, dans la Cordillère des Andes, dans le département de Tolima et le « Triangle d’Or », à 17 kilomètres à l’Ouest d’Ibague, la capitale du département, à 7 kilomètres de Cajamarca et à 35 kilomètres d’Arménie. Construit sur un sous-sol métamorphique paléozoïque, – groupe Cajamarca -, il se compose de plusieurs anneaux de tuf qui s’entrecroisent, de trois dômes de lave dacitique fumerolliques implantés dans une caldeira de 2,4 kilomètres de diamètre et son altitude est estimée à 2.750 mètres. Sa dernière éruption remonte à 1180 ± 150 ans.

Par le fait qu’il a produit, dans son passé, des éruptions explosives dévastatrices, – coulées pyroclastiques de cendres et de pierres ponces, de cendres, de blocs et de nuées ardentes jusqu’à 40 kilomètres de l’évent émetteur et lahars sur plus de 109 kilomètres le long des rivières Coello et Magdalena -, des éruptions qui se commettront, à l’identique, dans l’avenir, il est considéré comme l’un des volcans les plus dangereux de Colombie.

Cerro Machin.jpgConsidéré comme un volcan actif pour avoir eu au moins une éruption au cours des 10.000 dernières années, ses archives géologiques permettent de déterminer sept éruptions depuis 6.000 BP, – 3.800 ± 150ans BC, 2.650 BC, 2.240 ± 300 ans BC, 2.100 ± 200 ans BC, 650 BC, 750 et 1.180 ± 150 ans -, qui « se caractérisent par des colonnes éruptives de plusieurs dizaines de kilomètres de haut qui ont déposé des couches de cendres de plusieurs dizaines de centimètres à plus de 30 kilomètres du point émetteur, des coulées pyroclastiques de centaines de mètres d’épaisseur qui ont comblé les vallées des affluents de la rivière Magdalena et des lahars, formant d’énormes cônes alluviaux dans les domaines de Chicoral, Espinal, Guamo et Saldaña, qui ont atteint le fleuve Magdalena ».

La dernière éruption explosive, excessivement violente, recouvrant de matériaux volcaniques un large territoire englobant les départements de Tolima, de Quindio, de Risaralda, de Valle del Cauca et de Cundinamarca, s’est produite vers 1180 ± 150 ans. Elle fait l’objet de légendes précolombiennes pour les indiens Pijaos. Les premières références, quant à son existence, sont le fait, en 1927, de Friedlaender, un géologue allemand, et de son découvreur le Frère Amable. Le Cerro Machin, du même type que le Krakatoa, le Bezymianny, le Vésuve ou le Mont Saint Hélèns, a toujours été répertorié comme un volcan-somma ou Plinien.

Cerro Machin 1.jpgEn termes géologiques et par l’émission continue de panaches fumerolliens atteignant des altitudes comprises entre 200 et 800 mètres de hauteur au dessus des dômes sommitaux, par l’enregistrement, depuis 1998, d’une microsismicité permanente, par la présence des sources chaudes, avec une température des eaux inflationnaire, à l’intérieur et à proximité du cratère volcanique, par la détection, dans le secteur, à forte concentration, d’émissions de radon et pat des déformations constatées sur les dômes de lave qui obstruent la cadeira, il est fort plausible, bien qu’il n’y ait aucun moyen de savoir quand cela se produira, qu’une éruption soit proche.

Mais si une éruption vient à se produire, la colonne de matière éjectée, par le volcan, pourrait atteindre entre 32 et 64 kilomètres de haut au-dessus de l’édifice volcanique et pourrait être être vue de Bogota. Des avalanches chaudes dévaleraient par les affluents de la rivière Coello et pourraient même atteindre la rivière Magdalena. Elle pourrait affecter entre deux et trois millions de personnes résidant dans les départements de Tolima, de Valle del Cauca, de Quindio, de Risaralda et de Cundinamarca. Feux de forêt, dévastation et destruction de la végétation, des cultures, des ponts, des infrastructures civiles, du tunnel de la « La Linea », – unique passage carrossable de la Cordillera des Andes Centrales pour les exportations et les importations de la Colombie. En cas d’éruption cette route serait inutilisable durant des lustres et des décennies et le pays serait partagé en deux, sans aucune possible communication entre le centre et Buenaventura -, et des maisons sur les rives des rivières Coello et Magdalena et de leurs affluents, pourraient en être des dommages collatéraux

Cerro Machin 2.jpgLe Cerro Machín connait, enregistrée depuis la fin de l’année 1998, une activité sismique se concentrant à l’intérieur et aux alentours de l’édifice volcanique et augmentant, de manière significative au cours des dernières années : 381 tremblements de terre d’intensité faible, en Décembre 2007, 4.340 en 2008, 1.576 en 2009, 8.294 en 2010… et plus de 5.000 de Janvier à Juin 2013. Ces aléas tectonicovolcaniques ont, principalement, pour origine la rupture des structures géologiques présentes dans le volcan, la fracturation des roches et le flux de magma dans les conduits, ce qui est préoccupant quant à l’avenir de l’activité sismique dans la région.

Dans son dernier bulletin hebdomadaire, sur l’activité du Volcan Cerro Machin, du 15 au 21 Juillet 2013, le Service Géologique Colombien, Observatoire de Manizales, maintenant le risque volcan au Niveau Jaune Phase III, précise que « Au cours de la dernière semaine, l’activité du volcan Cerro Machin es caractérisé par la catégorie d’événements sismiques associés à la fracturation des roches à l’intérieur de l’édifice volcanique. La magnitude la plus forte, magnitude locale 1.4, correspond à un séisme qui s’est produit, le 19 Juillet, à 10 h 55 heure locale, au Sud-Est du dôme de lave principal, à une profondeur focale de 4,3 kilomètres. »

24 Juillet 2013 © Raymond Matabosch