« Casse toi pauv’ con !»

Non, ce n’est pas la célèbre phrase prononcée par notre Président adoré à laquelle je fais référence ici, mais bien au message que les tunisiens ont adressé à Ben Ali.


Oui, la fuite du Président tunisien, les médias en ont déjà parlé en long et en large, analysé toutes les possibilités du pourquoi, du comment, du et après et du par quel moyen ?

Cela fait à peine quelques jours que le chat est parti, et déjà les souris étrangères ont fait le tour de la question. L’info à la vitesse TGV a parcouru Tunis-reste du monde à la vitesse d’un clic.

Cependant, il y a un point sur lequel les médias à mon goût n’insistent pas assez.

Pour la première fois depuis ce qui semble être une éternité, un peuple, fait d’hommes et de femmes comme nous, a pris le contrôle de son destin et a chassé un Homme d’Etat qu’il estimait dangereux.  Depuis Ceaucescu, nous n’avions plus vu ça. Mais aujourd’hui, pas de sang, de procès expéditifs et d’exécutions sommaires. le peuple tunisien s’est libéré seul, sans aide étrangère, de son joug.

A tous ces Hommes d’Etat qui pensent que le peuple n’a plus son mot à dire, qu’il est abruti et hypnotisé devant des écrans de télé réalité et de jeunes chanteurs pré pubères qui poussent la chansonnette habillés en poupées, au peuple qui se résignait, impuissant et frustré devant des décisions qu’il désapprouvait mais dont les pieds et les mains avaient été liés il y a bien longtemps.

Le miracle tunisien nous prouve que ces liens ne sont pas réels, mais qu’ils ont été construits à force de défaites, par la volonté de certains politiques et par notre assentiment désespéré. La vérité est que rien en nous ne retient. Le peuple tunisien, avec à sa tête un parti unique, une censure quasi complète, des libertés bafouées, des hommes et femmes humiliées au jour le jour et oubliés de la communauté internationale, a décidé un jour de dire STOP. Ces liens de soumission psychologiques se sont envolés et les ont rendu plu fort, aussi fort que peut l’être une rage, une haine et une humiliation contenu toutes ces années.

Le peuple tunisien s’est relevé. Et alors que le monde tournant à toute vitesse planifie déjà l’avenir de ce pays, je voulais m’arrêter quelques instants sur ce prodige de courage, sur cette révolte contre le système, sur l’humain qui reprend ses droits et sa dignité, sur la rue qui ébranle le pouvoir et arrache de ses mains l’avenir qu’on lui refusait.

Alors bien sûr que la suite ne sera pas forcément rose tout de suite pour un pays qui vient à peine de se sortir d’années de dictature, mais un peuple qui a redressé la tête n’est pas près à la rebaisser aussi facilement.

Il en reste une bonne leçon pour nos hommes politiques à nous : le peuple n’a pas les mains liées. Et le jour où il se réveillera, gare aux « pauv’ cons » !