Maintenant que l’ancien régime n’est plus là, les tunisiens sont face à tous les possibles politiques imaginables. Atte fin il est nécessaire d’organiser au plus vite des élections, tout à la fois pour définitivement sortir de l’ancien régime ; mais aussi pour lancer la grande aventure démocratique que le pays attend. Mais facile à prêcher cette invocation se heurte à nombre de difficultés pratique rendant d’éventuelles élections tunisiennes très compliquée.

Passée au second plan international, l’actualité tunisienne continue pourtant d’avancer. Au-delà des dernier soubresauts de la révolution, de la question de l’amnistie éventuelle et de l’après dictature ; la question d’urgence, pour le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa, est celle de l’organisation, dans les plus brefs délais, d’élections libres.

Dans un discours prononcé le 3 mars 2011, ce dernier, au-delà des questions concernant les fausses notes éventuelles dans la conduite des affaires de pays, le président est revenu sur la question de ces élections.

Des élections prochaines en vue de la nomination d’une assemblée constituante

Synonyme de despotisme l’ancienne organisation constitutionnelle semble condamnée à être remplacée. A cette fin Foued Mebazaa a annoncé que les élections qui auront lieu serviront à la formation d’une Assemblée Constituante. Le président par intérim en a fixé la date au 24 juillet 2011.

A presque cinq mois de l’échéance nécessité est donc faite, pour la Tunisie, d’essayer de terminer sa révolution par la voie la plus pacifique qui soit, celle d’une remise à plat du système constitutionnel. Mais déjà se pose la question de la possibilité pratique de pouvoir organiser de telles élections. Encore convalescente la Tunisie se trouve devant un véritable casse-tête : retarder la date des élections au risque de l’illégitimité du régime par intérim ou se lancer dans l’organisation d’élections qui ont tout du vrai piège politique.

Des élections difficiles à organiser

Car la Tunisie a certes fixé la date des élections mais sans en fixer les règles. Or toutes consultations populaires en réclament, surtout lorsqu’elles ont lieu dans un pays sortant d’une dictature aux pratiques électorales de pure dévouement de la souveraineté populaire.

Nombre de question se pose dès lors. Comment organiser un scrutin là où ils furent si rares et souvent factices ? Comment s’assurer de l’équité de telles opérations quand on sait que, loin des appels à l’intransigeance vis à vis du RCD, 19 des 24 préfets du pays sont des anciens de l’ancien parti de Ben Ali ? Et que dire de l’opportunité d’en confier l’organisation et la supervision au ministère de l’intérieur parmi les plus décriés aujourd’hui par la rue tunisienne ?

Le délai de cinq mois, mis à la disposition du pays , n’est-il pas trop court quand on sait que le pays est un véritable champs de ruine politique et surtout partisan ? Le RCD avait pris soin d’éradiquer toute alternative crédible. Il faut donc, en toute hâte, réussir à recomposer des listes électorales qui ne soient pas suspectes. Et puis la volonté d’éradiquer toutes les formes de complicité politique vis-à-vis de l’ancien régime, survivra-t-elle au respect du jeu démocratique, voulant que chacun se voit reconnaitre le plus libre des droits à la candidature ?

Bref le casse-tête électoral tunisien ne fait que s’amorcer ; espérons que, loin de l’impression de naïveté du président par intérim lors de son discours du 3 mars, la classe politique tunisienne en soit désormais consciente.

Finalement le plus dure ce n’est pas la révolution, mais bien tout ce qui s’ouvre après elle.

 

http://www.tunisiawatch.com/?p=4105

http://www.france24.com/fr/20110303-tunisie-president-interimaire-election-assemblee-constituante-24-juillet-constitution

http://fr.rian.ru/world/20110304/188769819.html

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/les-revolutions-arabes/20110301.OBS8925/tunisie-vers-une-constituante.html

http://www.pouruneconstituante.fr/spip.php?article377

Grégory VUIBOUT