Alors que les forces françaises et tchadiennes, possiblement avec l’appui de combattants touaregs du MLNA, ont pris Aguelhok et Talik, au nord de Kidal, la présidence malienne a ordonné le siège du camp du 33e régiment de commandos parachutistes, l’ancienne garde présidentielle de son prédécesseur, renversé par les « bérets verts » du capitaine Sanogo. Les « bérets rouges » du 33e avaient eux-mêmes demandé à remonter au front, mais la présidence a sans doute voulu éviter que le régiment reconstitué devienne une menace ultérieure pour le pouvoir central.
La situation est encore confuse, cet après-midi, aux abords du camp du 33e régiment de commandos parachutistes, les « bérets rouges », à proximité de Bamako. Dans la capitale malienne, deux casernements étaient depuis des semaines et mois transformés en camps retranchés.
Il s’agit des casernes des « bérets rouges » et des « bérets verts ». Les deux unités s’étaient affrontées lorsque les verts du capitaine Sanogo avaient renversé l’ancien président en mars 2012. Ces bérets rouges, vaincus, ont été consignés au camp de Djicoroni, tandis que le coup d’État du capitaine Sonogo, désavoué, a valu aux bérets verts de se retrancher dans leur camp de Kati, le camp Soundiata Keïta.
Les bérets rouges, en tout cas ceux restés au camp de Djicoroni, car certains ont accepté d’être répartis dans d’autres unités, sont présumés être proche du parti FDR et espérer le retour au pouvoir de l’ex-président Amadou Toumani Touré, dit ATT. Tandis que les verts du capitaine Amadou Haya Sanogo sont présumés « hors jeu » ; le capitaine s’était verbalement opposé à toute intervention armée étrangère avant de se féliciter de l’intervention française.
Dans les deux camps, des militaires ont accepté d’être déployés au front (ou en tout cas, d’être stationnés dans les villes du nord reprises), mais d’autres se sont retranchés dans leurs « fiefs ».
Les bérets rouges restant à Djicoroni avaient demandé à reprendre du service, mais semble-t-il à leurs conditions, soit non pas réaffectés dans d’autres unités, mais sous commandement ne relevant que du chef de l’état-major. Ce dernier s’y est refusé et aurait ordonné la prise du camp de Djicoroni.
Ce matin, à l’aube, des unités de diverses provenances ont mené un assaut qui a échoué après des échanges de tirs d’armes de tout calibre. L’opinion publique est très divisée ; certains voudraient que le capitaine Sonogo soit traduit en justice avec des officiers des bérets verts, d’autres voient dans les bérets rouges une sorte de garde prétorienne qui ne s’est guère distinguée non plus au combat contre les islamistes. D’autres encore verraient bien les deux camps vidés et ces militaires rendus à la vie civile…
En fait, on ne sait encore pas si, comme il est parfois avancé, il y aurait eu tentative de mutinerie de la part des bérets rouges ou si l’assaut a été décidé (et par qui). Selon des témoins, des coups de feu auraient retenti dans la nuit à l’intérieur du camp des parachutistes.
L’armée malienne dans son ensemble est aussi divisée quant à l’attitude à adopter vis-à-vis des combattant touaregs du MLNA. Certains exigent leur désarmement immédiat, d’autres considèrent que leur aide aux troupes françaises et tchadiennes qui progressent au nord et pourraient éventuellement libérer des otages implique de traiter la question ultérieurement.
Pour un porte-parole du ministère de la Défense, des sanctions auraient été ordonnées contre certains officiers des bérets rouges, qui auraient tiré en l’air pour protester. D’où l’intervention contre leur camp.
Il y aurait eu un mort et plusieurs blessés parmi les bérets rouges dont le camp abrite aussi des familles de ces militaires. Selon un médecin militaire du camp, contacté par l’agence Associated Press, le mort serait un jeune homme d’une vingtaine d’années et deux femmes ainsi que trois enfants seraient blessés.
Sinon, tout va bien au Mali ?