Le blues du rugbyman

On se remettait à peine de la courte épopée suisse de la bande à Raymond qu'il nous faut déjà digérer la double déroute des hommes de Lievremont en terre australe. Dur dur le ballon français, rond ou ovale, il recule salement sur la scène internationale.
Mais si le Domenech droit dans ses bottes regrettait la faute à pas de chance, l'arbitrage et la chaleur en préparant son prochain mariage, Lièvremont lui n'hésite pas à ruer dans les brancards, pour se dédouaner tout autant de la moindre responsabilité…

En attaquant tout feu tout flamme le calendrier, le championnat, les joueurs, Marc Lièvremont s'affirme comme le digne et très complémentaire pendant du sélectionneur du 11 bleu.
Car si l'on avait quelques espoirs de voir briller la bande à Thierry Henry durant l'Euro, qui pouvait donc croire qu'une équipe d'honnêtes remplaçants pouvait aller défier les wallabies chez eux à quelques semaines des Tri nations ?
Il y a là une inconscience rare que seules de sombres histoires de contrats publicitaires ou de gros sous peuvent essayer d'expliquer : imagine t'on la France du football sans les joueurs évoluant à l'étranger se rendre en tournée au Brésil ?
C'est pourtant toute l'aberration de l'ovalie qui n'en finit pas de sombrer dans l'à peu près depuis sa coupe du monde ratée. Qu'une tournée soit engagée alors que les demi-finales d'un des meilleurs championnats d'Europe soient à disputer laisse rêveur… cela donne t'il le droit au sélectionneur, en poste depuis si peu de temps que son palmarès est encore d'une virginité aveuglante, de baver sur le Top 14 ? Son incapacité à élever le jeu du XV de France s'explique t'elle uniquement par la faiblesse d'un championnat qui attire pourtant de nombreuses vedettes étrangères tout en assurant l'éclosion régulière de jeunes talents. Toulouse vice-champion d'Europe et Champion de France n'était pas en Australie, Lièvremont oui. L'inverse aurait été certainement plus heureux…
Il est amusant de comparer avec nos amis footeux anglais au championnat souverain mais à l'équipe nationale un peu plus vite en vacances que la nôtre. Il ne leur viendrait pas à l'idée de saborder leur championnat, ils préfèrent prendre un grand sélectionneur et bosser.
A l'inverse, les Blacks se sont tellement enorgueillis de leurs exploits dans le Super 12 et Tri nations qu'ils ne sont lourdement retombés sur terre qu'en pleine Coupe du monde…
Il est grand temps que la fédération dans son ensemble ne tue pas la poule aux oeufs d'or qu'est le rugby français aujourd'hui. Aménagement du calendrier des clubs, programmation de matchs internationaux concertée et réfléchie, protection des joueurs et de leur santé.
Quand Lièvremont aura commencé à initier quelque chose en ce sens, il sera peut être plus légitime à la ramener. En attendant, qu'il prépare déjà la prochaine tournée en Nouvelle-Zélande qui se présentera exactement de la même façon que cette année, c'est à dire sans les joueurs des 4 meilleures équipes françaises… pour ceux qui aiment les jeux de massacre, rendez-vous est pris…