Faire venir en France des olives d’Enontekiö (Suède) ou d’Estonie, bonjour le bilan carbone ! Bon, je me gausse, mais je me courbe devant la croissance du chiffre d’affaires des produits bio. La courbe fléchit dans les grandes surfaces, mais elle est en flèche globalement, veulent nous faire croire… les officines du bio « business ».

L’AgenceBio indique qu’en 2009, les ventes de produits biologiques (alimentaires, cosmétiques…), ont progressé de plus de 15 % en France, sans que leur prix moyen ait augmenté. Petit problème, ou os dans la banane, la production française ne suffit pas. De plus, la grande distribution constate un fléchissement des ventes des produits biologiques. On peut comprendre pourquoi. Un petit exemple vu du « gros bout » de la lorgnette : les huiles de Franprix.

 

On ne consulte pas assez les étiquettes. Près de 60 centimes d’euro (de quatre francs, en gros), séparent celle de l’huile d’olive vierge extra de son équivalent, libellée idem, mais labellisée « bio » de Leader Price, dans mon Franprix de proximité en tout cas. En ligne, sur Coursengo, c’est 4,65 pour l’une (extra vierge), 5,44 pour l’autre (toujours vierge, un peu moins « extra » en façade, mais même contenance, même bouteille, à la couleur du flacon près). 78 cents de différentiel, excusez du peu.

 

À ma gauche, donc, la moins chère, « huile d’olive vierge extra, origine Espagne, extraite à froid », « obtenue directement d’olives (…) uniquement par des procédés mécaniques ». À ma droite, à mêmes valeurs caloriques identiques, même teneur en acides gras saturés, l’autre, bio, « vierge extra de catégorie supérieure, obtenue directement des olives et uniquement par des procédés mécaniques ». Ou l’inverse, peu importe. Ce qui diffère, c’est l’origine de la seconde : « Union européenne et pays tiers ». Pays chauds d’extraction similaire ? Je ne sais pas si GE 02 (pas Génération Écologie de l’Aisne) – seule indication de l’origine de l’embouteilleur de la seconde – fabrique les deux ou pas, mais je me doute que des olives turques, tunisiennes, voire ivoiriennes (c’est pour l’allitération), entrent dans la composition de la biologique (abracadabrante, la logique ?). Je conçois en tout cas que la différence de prix a de quoi faire pleurer les Altindagoglu, de Garges-lès-Gonesses, dont la vierge chromatique aurait versé « des larmes d’huile d’olive ». Les pleurs oléagineux avaient commencé le 12 février dernier, et le Ouaibe en bruissait encore jusqu’à la fin mars. Depuis, les Altindagoglu ont peut-être changé de marque… Celle du bedeau Vincenzo Di Costanzo, dont la statue mariale, en 2008, pleurait des larmes de son propre sang (celui du bedeau, l’analyse DNA l’a confirmé), en vaut une autre.

 

Prenons les nôtres, de marques, et remettons-en nous à Notre-Dame d’Atika, et aux olives japonaises ou autres, pour qu’une pluie de bons de réduction vienne nous exaucer. La manne du bio n’arrose certes pas le consommateur. Première pression, seconde pression, voire troisième, c’est à chaud qu’on le prend par le visuel : l’étiquette « bio » (pas forcément issue d’un même pourcentage de papiers recyclés que l’autre, la « vulgaire »). Je sais que la Tunisie, second producteur mondial après l’UE, produit à présent 40 % d’olives biologiques, dont certaines d’Indication géographique protégée, telles la Chetoui de Tebourba et la Oueslati d’El Alaa, biologiques ou pas. Pour l’olivier, je ne sais pas ce qui fait la différence. Pour l’huile de baobab, extraite des graines de cet arbre, je me demande comment on peut produire des baobabs qui ne seraient pas issus de l’agriculture biologique. Un olivier, comme un baobab ses graines, prend son temps pour produire des fruits. Il y aurait-il des engrais azotés et chimiquement bidouillés « accélérateurs de croissance » des baobabs ?

 

J’en viens à me demander si la différence essentielle entre les deux huiles Leader Price, c’est que l’une est vendue dans un flacon transparent, l’autre dans une bouteille de verre teinté. Pour mieux protéger l’huile de la lumière « et ainsi préserver toutes ses qualités organoleptiques », comme je l’ai lu ailleurs (fiche de l’huile Soléou). La maison Soléou produit des huiles biologiques et des « vulgaires », la « vulgaire » Fruittato « fraîcheur des fruits verts » étant vendue 7,95 euros, la « vierge extra » biologique l’étant à 7,55. Comme quoi on peut produire bio et vendre moins cher (source : fichier MSExcel téléchargé à l’instant sur le site de Soléou). Oui, mais, pour la Fruittato, on peut penser qu’elle est issue d’un mélange d’AOC Nyons, Baux-de-Provence, et Provence. En tout cas, c’est un assemblage vendu au même prix que les AOC. Un aromatiseur, un « nez », pourvoie à l’assemblage de la Fruittato. Et pour la bio, c’est l’homme d’entretien des cuves ? Va savoir…

 

Au Franprix, j’ai pris les deux bouteilles, celle en verre blanc, celle en verre teinté. Je vais peut-être verser les contenus des suivantes dans celle en verre teintée quand elle sera vide. Devinez quelles seront les suivantes ? Pas forcément des bio de chez Dia ou de Lidl.

 

Pour enrichir cet article, vous pouvez contacter le service consommateurs : c’est le même pour nos deux huiles, avec le même numéro « vert » : 0 800 35 00 00.

L’appel est gratuit (depuis un tél. fixe).

Aurez-vous tous compris la même chose ? Comparez vos commentaires…