Le bâton sans la carotte.

         Loin de moi, pour des raisons évidentes, l’idée de me prononcer sur le fond de la question du tabagisme. Le débat est sans fin, façon de parler, si l’on en croit les préventions qui ornent les paquets de clopes.

         Traînent en ce moment des propositions pour augmenter le prix des paquets de la nicotine de base, pas assez chers, contre lequel s’élève M. Baroin. Si la finance nationale n’a pas besoin d’un petit coup de pouce…

         Non, c’est plus grave, si l’on peut dire. Et tellement idiot en même temps.

                         L’an prochain, devront être retirées de nos rues les célèbres carottes qui indiquaient un vendeur de tabac qui, au nom de l’Etat, offre ce produit toxique.

        POUR QUI NOUS PREND-ON ?

         Nous consentons à des panneaux publicitaires défigurant le long de nos routes. Et un tas d’autres d’affichages tout aussi inesthétiques. Et on va supprimer une petite carotte qui ne fait de mal à personne dans nos villes.

         Désormais ce sera la chasse au trésor. Mais devenu un jeu débile uniquement conçu pour qui ne connaît pas les lieux où il passe. Ne nous faisons pas de souci, un fournisseur de GPS va proposer, moyennant supplément, une carte des buralistes de la France entière!

         Non, pas la chasse au trésor défendu, plus exactement un jeu de pistes pour scouts niais. Descendre la rue en regardant à gauche puis à droite, dit le message que tient l’intoxiqué.

         Car, faute d’être capable d’interdire ce produit mortel parce que la prohibition n’a pas eu le succès escompté, faute de dire clairement « je fais du fric avec mais c’est très mal » l’Etat maquereau essaye toutes les solutions qu’on lui suggère.

         Cette fois-ci, on poursuit dans la voie de l’infantilisation. Le citoyen fumeur ne sait pas lire- pourtant c’est écrit gros-, ne jamais paye pas assez pour se défaire de son « vice », et n’est pas assez grand pour trouver son magasin que l’on a caché dans sa ville.

         On serait tenter de dire « Plus con, tu meurs » si le tabac ne faisait pas tout seul son œuvre.

         Au nom de quoi mérite-t-on en ce début de siècle de n’être qu’enfant chétif, stupide, privé à jamais du droit de croissance personnelle et de libertés?

         Nous allons donc être condamnés, pauvres pécheurs, au cilice de la croix verte se reflétant très loin, pour donner mauvaise conscience.