On a vécu, en quasi direct, les drames, que Oslo vient de connaître. En sommes – nous mieux informés ou plus éclairés ? ….
Entre un flash, nous relatant la perte du maillot jaune de Thomas VOECKLER et une alerte aux embouteillages prévues ce week end, la nouvelle a fait l’objet d’un traitement en direct. Une bombe a explosé à Oslo. Au fur et à mesure des minutes, qui s’écoulent, on apprenait, qu’une fusillade avait aussi causé le décès de plusieurs dizaines de jeunes militants, réunis sur une île minuscule.
Le traitement en direct de l’information, tel que nous la vivons depuis hier, n’est qu’une succession de lecture de dépêches, sans que les journalistes prennent la peine de relire ou d’analyser leurs sources. Et, le danger guette, l’amalgame sévit, l’incompréhension persiste….
Alors que les immeubles, touchés par l’explosion sont encore fumants, on évoque la piste d’Al Qaida. La nébuleuse islamiste est pointée du doigt, et l’information – ce n’est déjà plus une hypothèse – est reprise par tous les médias. Le présumé coupable, à peine arrêté, est décrit comme un islamiste radical, avant qu’on ne se rende compte qu’il se caractérise, avant tout, par son appartenance à l’extrême droite. Impossible néanmoins d’effacer toutes les erreurs, tous les raccourcis, déclamés depuis des heures sur les médias les plus populaires.
Cela ne fait donc plus aucun doute. Quelques heures après ce double traumatisme, les journalistes se croient en droit et en devoir d‘affirmer, que les deux affaires sont forcément liées. Avant de s’incarner dans le tireur fou, ce dangereux psychopathe d’extrême droite – avouons – le, cela effraie – aurait donc posé une bombe visant le gouvernement, ou ses principales instances.
L’enquête a été rondement menée, et nous croyons vivre, minute par minute, le déroulé d’une enquête éclair, alors que cette instantanéisation de l’information se révèle être bien plus dangereuse qu’instructive. Lorsque la lumière sera faite sur l’ensemble des faits, combien de journalistes viendront s’excuser du manque de rigueur et de sérieux, déployés ces dernières heures. On lit déjà, sur de grands quotidiens nationaux, des parallèles entre ce 22 juillet à Oslo et le 11 septembre à New York. Oui, rien n’est écrit (depuis quelques heures) sur la piste d’Al Qaida, mais le parallèle n’est il pas trop évident, trompeur ?
On a perdu le sens de la raison, mais aussi et surtout de la critique. Un drame s’est passé à Oslo, et nous sommes tous consternés. Notre volonté d’ »images live » nous pousse à scruter la moindre chaine d’information continue, et les quotidiens nationaux oublient leur rôle d’information et d’analyse…N’est-t- il pas trop facile de jouer sur la peur des populations ? L’Europe explose au Nord et Oslo en est le symbole, mais le Sud de l’Europe lui implose, et la Grèce en est l’archétype…Avec de telles simplifications, et une information réduite à de simples commentaires, nous ne sommes pas persuadés, que le lecteur en sortira mieux informé, ou avec un regard critique amélioré.
[b]Pour ajouter à la confusion ….[/b]
le groupe islamiste terroriste Ansar al-Jihad al-Alami a publié une déclaration dans laquelle il revendique l’attentat à la bombe qui a touché le quartier des ministères de la capitale norvégienne.
Raisons invoquées : la présence militaire norvégienne en Afghanistan et les insultes contre Mahomet……