L'autoconsommation.
Notre mode de vie évolue sans cesse mais il y a un point sur lequel cette modification entraîne des changements particulièrements importants.
L'autoconsommation.
Par autoconsommation, on entend en général la consommation de nourritures (de légumes, de fruits, de viandes, oeufs ou bien encore produitiers laitiers….) produites dans le cercle familial.
Après avoir constitué pendant des siècles, la principales origine de la nourriture humaine, l'autoconsommation a fortement baissé dans notre pays depuis une cinquantaine d'années.
Vous vous souvenez sans doute de ces reportages qui nous ont été présentés il y a quelques mois aux journaux télévisés. Ils nous montraient des scènes de vie de personnes qui reprennaient leurs vieux outils pour retourner leurs carrés de pelouse pour y faire pousser des légumes ou alors de personnes qui glanaient dans les champs à la recherche de légumes non ramassés par les machines agricoles.
Il est bien entendu que ces personnes ne renouaient pas avec ces pratiques d'un autre temps, d'une époque que nous pensions révolue par idéalisme ou par plaisir mais tout simplement pour des raisons d'ordres purement économiques.
Tout simplement en raison de leurs difficultés financières.
Et pourtant !
En l'espace de moins d'une centaine d'années, en matière d'alimentation, les changements ont été radicaux dans notre pays.
Je ne vais citer que quelques chiffres qui illustrent assez bien cette mutation.
En 1925, on estime que la consommation moyenne annuelle de pommes de terre d'un français était de 178 kg. Elle est tombée à 35 kg en 1989.
En 1840, la consommation annuelle moyenne de viandes d'un français était estimée à 20 kg. Elle est montée à 60 kg en 1953 et à 110 kg en 1986.
La consommation de sucre est quant à elle passée de 21 kg en 1965 à 8,5 kg en 1989 tandis que dans la consommation de vin est passée de 90 litres en 1965 à 32 litres en 1989.
La production moyenne de fruits et de légumes des français qui possèdent ou possèdaient un jardin est passée de 350kg en 1967 à seulement 150kg en 2000. Depuis, elle aurait encore fortement baissé en raison de l'accélération des modifiactions de comportements en matière d'alimentation.
La "citadinisation" rapide des populations, la progression de la consommation des plats cuisinés, la désaffection des français pour les fruits et les légumes non parfaits et le souhait de s'affranchir des saisons pour consommer fuits et légumes ont accentué cette baisse de l'autoconsommation.
A la fin des années 50, l'autoconsommation était encore évaluée à 6,6 % de la consommation des ménages.
La crise que nous vivons actuellement, que certains économistes jugent comme étant la plus grave jamais connue par notre société ne risque-t-elle pas de faire évoluer certaines de nos valeurs et certaines de nos habitudes?
Sans attendre la crise, je me suis "mis" au jardinage depuis plusieurs années.
Les raisons étaient diverses. La première étant sans doute le besoin de connaître l'origine des produits que ma famille consomme.
Mais le temps passant, je suis arrivé à considérer le jardinage comme une forme de spiritualité.
Il y a quelques jours, alors que je taillais les arbres de mon verger, je me suis rendu compte que je me sentais bien, j'étais calme, comme isolé du monde extérieur. j'avais atteint une fois de plus, sans m'en rendre compte, cet état de plénitude, cette solitude qui permet de réfléchir, de faire le point sur sa vie, sur la vie en général, sur la toute relativité de l'intérêt que nous apportons aux choses.
D'où ce parallèle avec la spiritualité.
Finalement, dans ces moments là, c'est un peu comme si mon esprit se détachait de mon corps. Comme si les kilos qui m'encombrent un petit peu n'existaient plus.
Loin de représenter un travail, cette tâche annuelle que représente la taille de mes arbres est devenue un exercice de réflexion, un exercice de concentration.
Finalement pour qui possèderait un jardin ou un verger, avec un peu de connaissance de soi, la pratique du yoga n'est pas du tout indispensable.
Lorsque vous êtes maître d'un jardin ou d'un verger, vous ressentez aussi par moments un sentiment de grandeur, de puissance, mais aussi d'humilité. Vous donnez la vie à des plantes, à des fruits que vous voyez sortir de terre ou apparaitre sur des branches.
Lorsque vous entretenez votre jardin, lorsque vous arrachez quelques herbes folles naissantes, lorsque vous nettoyez ou que vous grattez la terre autour de vos légumes, vous ressentez (à partir du moment où cela n'est pas une charge pour vous mais un plaisir), un sentiment que l'on pourrait quasiment qualifier de paternaliste.
Vos fruits et vos légumes sont en quelque sorte des enfants que vous protégez.
Comme de jeunes enfants, ils sont faibles, ils dépendent entièrement de vous.
Vous les protégez des envahisseurs mais aussi de la chaleur, du froid ou de la soif.
Mais l'autoconsommation et donc le jardinage peuvent révéler un esprit contestataire, anticonformiste.
Ainsi alors que dans les premières années, j'ai pratiqué un jardinage classique, celui que mon père m'avait appris j'ai évolué et je me suis fixé de nouvelles règles.
La toute première et la plus importante est que j'essaie de n'employer aucun produit chimique.
La seconde est que j'essaie de dépenser le moins possible. J'essaie de produire mes graines ou mes plants. je fais des échanges, je récupère et je répare de vieux outils.
Mes motifs sont tout à la fois économiques, écologistes et symbolisent pour moi un besoin d'indépendance. Le besoin de me libérer de ces trusts qui nous fournissent à prix élevés, graines trafiquées, produits chimiques et outils de mauvaise qualité.
La prochaine étape que nous avons envie de franchir est l'adoption d'une demie douzaine de poules pondeuses afin d'être auto-suffisants en oeufs une grande partie de l'année. Nous avons constaté que l'achat d'oeufs représente une somme non négligeable dans le budget d'une famille n'ayant pas adopté les plats cuisinés.
Un exemple :
On peut estimer que le prix de revient d'une brioche auto-confectionnée est inférieur à un euro. Mais ce prix peut encore être réduit en utilisant des oeufs autoproduits et en cuisant la brioche dans le four d'une cuisinière à bois utilisée en même temps au chauffage de notre habitation.
Nous utilisons aussi notre cuisinière pour faire sécher des prunes pour en faire des pruneaux que nous conservons dans une boite en métal.
Il existe bien d'autres exemples de ce que l'on peut faire en matière d'autoconsommation.
Mon père imaginait il en faisant son jardin et en élevant ses quelques poules qu'il était en quelque sorte un précurseur, un rebelle des temps moderne?
New-Reporter :
Vous venez de nous décrire l’avenir des personnes qui ont la chance d’avoir, une maison et surtout un bout de terrain, pour y cultiver son « paradis sur terre » ??
Puisqu’en plus de consommer les produits de son jardin, l’esprit se libère en jardinant, et permet d’oublier l’espace de quelques heures par jour ou par semaine, que le Monde qui nous entoure n’est que révolte, guerre,et misère…!!
Bien bel article que celui là, New-Reporter, et drôlement bien rédigé!
Amicalement
SOPHY
Bonsoir New Reporter,
En lisant votre article j’ai vu défiler notre jardin rempli de légumes, de fleurs, les clapiers à lapins, le poulailler. J’imaginais aussi voir mon père et ma mère s’en occupant.
Merci de ce retour en arrière qui m’a fait rêver. Et compliments de pouvoir vous occuper
d’un jardin avec autant d’attention et de penser à conserver des graines pour avoir la même
production que l’an passé.
Je viens vous embêter parceque j’ai bien aimé votre article.
Alors, si j’ai bien compris, vous faites de la spiritualité à travers vos « enfants » naturels. Cette spiritualité est d’ailleurs si efficace pour eux comme pour vous, qu’ils grandissent en bonne santé, vous vous en réjouissez, et finalement vous « mangez ces enfants » ?!
La sémantique est un domaine à explorer, comme le choix des mots :
Ne seriez vous pas en train de satisfaire un instinct cannibale ?
L’idéalisation de votre jardin sert-elle à y projetter une certaine agressivité en rapport à vos enfants ou vos parents (dont vous êtes l’enfant)… une sorte d' »éponge vibratoire ».
C’est un vrai sujet de psychanalyse votre rapport aux légumes-enfants.
A l’inverse, l’enfant est-il un légume à vos yeux, un organisme dans une sorte d’état végétatif sans intelligence ni conscience ?
Sinon, pour la spiritualité, le mot est un peu fort :
Disons qu’à l’occasion de la crise tout le monde met en place des « ruses » qui sont des freins à l’angoisse collective et individuelle.
C’est mieux de tailler sa haie que de prendre du Prozac, mais le problème est que l’herbe ne repousse pas assez vite devant les attaques régulières de l’anxiété.
On déplace les pierres de son jardin avant de les remettre au même endroit le lendemain, on développe des rituels qui sont des remparts devant un monde instable et donnent l’impression d’un minimum de stabilité et de contrôle, une sorte de fil rouge pour se raccrocher chaque jour à une identité que la crise remet en cause…
Le jardin, pas un véritable retour à la nature, plutôt le refuge ou la tanière de l’homme moderne face à une menace diffuse et incompréhensible pour éviter de craquer ?
[b]jm2006[/b]
Pour UNE fois je suis totalementd’accord avec ma dernière phrase de votre commentaire sur ce bel article!!
😉 Superbe article !! Qui donne envie de retrousser ses manches et d’aller… cultiver son jardin…
merci NEW REPORTER ! Les produits du jardin seront toujours MEILLEURS (et ce dans tous les sens du terme) que les produits financiers!
Bien cordialement (et vive la Province où l’on sait encore ce qu’est la vie!!)
Comme vous êtes le spécialiste de l’herboristerie et de l’élevage, pouvez-vous nous toucher un mot sur la nouvelle législation concernant les poules, ou la possession d’un poulailler ou d’un clapier : si je me souviens bien, IL FAUT UNE AUTORISATION MUNICIPALE en raison du recensement nécessaire en cas de propagation de la grippe aviaire.
Une bonne façon pour contrôler, pour les limiter, les capacités d’autarcie des gens : trop de poulaillers personnels, et hop, on diffuse un virus… on tue les « troupeaux » pour raisons sanitaires.
Vous avez des infos sur cette autorisation ?
Parceque vos lecteurs qui se lancent dans ce genre d’initiative ne doit pas être confrontés à des procès verbaux par ignorance.
Jm:
Il n’a pas besoin d’une autorisation mais simplement d’une déclaration en mairie concernant les volailles.
Il conviendrait donc de se reporter au Règlement sanitaire départemental pour connaître les normes applicables en matière de taille de l’élevage et de distance d’implantation (généralement à compter d’une dizaine de volailles, la distance minimum vis-à-vis des habitations est de 25 mètres) dans la localité concernée.
jmarc2006
Je crois que vous devriez vous mettre au jardinage, cela vous libérerait sans doute de l’agressivité qui semble vous miner.
Vous critiquez ma sémantique mais il y a tellement d’écrivains qui écrivent très bien, qui ont un excellent style, une connaissance des subtilités de notre langue parfaite et qui n’écrivent que des « conneries » que la plupart me pardonneront sans doute d’employer des images lorsque je compare mes légumes à des enfants.
[b]Sinon, pour la spiritualité, le mot est un peu fort :
Disons qu’à l’occasion de la crise tout le monde met en place des « ruses » qui sont des freins à l’angoisse collective et individuelle[/b].
Et pourquoi l’agnostique que je suis n’emploierait il pas le mot de spiritualité? De nombreuses populations vénèrent ou ont vénéré un peu tout et n’importe quoi.
Les gaulois ne voyaient ils pas des divinités quasiment dans tout ce qui les entourait animaux, plantes minéraux?
Ne soyez pas aussi réducteurs et catégorique osez vous ouvrir à des idées différentes des vôtres.
Sophy c’est vrai que je décris un univers que ne connaissent bien souvent que les gens de la campagne.
Mais cela m’amène une question.
Pourquoi autant de personnes mal logées, quelques fois sans emploi restent elles dans les grandes villes alors que bien souvent la vie en campagne est plus facile. (A condition de faire quelques efforts d’intégration)
Bien souvent les personnes qui rencontrent des difficultés financières en ville ont tout à leur portée mais ne peuvent profiter de rien.
Bonjour New reporter,
Je suis parfaitement d’accord avec vous.
S’occuper de son potager est une activité à la fois spirituelle et philosophique à travers laquelle on peut communier avec la nature. Rien ne pousse si l’on y prend pas garde, il faut observer la nature. Il y a une véritable humilité à attendre que tout pousse, avec patience, en prenant attention aux conditions météorologiques. Avoir des poules est également une excellente idée! Vos oeufs seront incomparable. J’ai la chance, d’avril à novembre, de pouvoir me fournir en oeufs de ferme pour un prix modique, qui plus est.
C’est aussi une activité contestataire.
Ainsi vous ne donnez rien à des industriels qui se moquent bien de ce que vous mangerez, pas plus à l’agriculture intensive.
De plus, vous préservez votre santé en avalant pas les pesticides habituels.
Bravo d’avoir écrit cet article, vous avez même fait des recherches, je vous félicite, car tout le monde n’en fait pas avant d’écrire…
A bientôt!
Blaise si je me souviens vous m’aviez donné quelques précieux conseils que j’ai conservé mais peut être pas assez appliqué.
Merci de vôtre passage et du compliment.
…é.
Non pas des conseils à travers ma propre façon de faire, ce défaut que l’on a toujours, mais des conseils un peu généraux. Je pense que vous devriez chercher des thèmes qui vous intéressent vous, très personnellement, mais qui peuvent intéresser aussi les autres.
Je pense aussi qu’il faut éviter de trop parler de soi, ce n’est pas assez « universel ». Aimez-vous les timbres? La course à pied? Le vélo? L’art? Qu’importe, si le sujet peut attirer d’autres personnes, la passion est toujours communicative et vous ferez votre article avec plaisir. Quel est le plaisir de collectionner des timbres? Qu’est-ce qui leur donne une valeur particulière? Evitez le « je » à outrance.
Vous pouvez aussi chercher des sujets d’actualité que vous pourrez développer. Attention, c’est difficile alors d’être vraiment personnel lorsqu’on se calque trop sur un article déjà écrit par un autre et qui en fait le tour… Pour l’éviter, il faut faire des recherches et ajouter de nouveaux renseignements. A la fin d’un article, le lecteur doit pouvoir chercher plus loin.
Ne donnez pas trop votre opinion dans vos articles, ou donnez-la, mais tachez en même temps de peser le pour et le contre. Si vous le faites, faites le en tribune libre, cela vous en donne le droit. Mais argumentez alors suffisamment pour ne pas passer pour un imbécile. Si vous êtes cohérent, on ne vous communiquera que des vacheries parce que répondre sera trop embétant pour les partisans (ou alors on vous reprochera une faute d’orthographe ou d’inattention…), sauf si votre avis est dans l’air du temps, mais c’est moins intéressant alors de l’écrire. Les rédacteurs qui veulent convaincre à tous prix s’exposent parfois trop et peuvent finir par devenir un peu aigris. Il faut je crois laisser une porte ouverte dans tous les cas, ne serait-ce que pour soi.
Le plan aussi est important, je crois que c’est ma faiblesse. Le mieux au début est de se faire relire, si la personne ne comprend pas tout, c’est qu’on a pas assez été clair, et cela peut arriver à tout le monde. Pensez comme à l’école : introduction, développement, conclusion. Encore une fois je crois que c’est parfois ma faiblesse, je ne vous ferais donc pas de leçons…
Parfois quelqu’un vous laissera un commentaire vachard et méprisant. Il faudrait presque remercier ces personnes-là, ce sont elles qui vous permettent de vous remettre en question réellement, même si c’est très désagréable.
Et bien vous voyez @Newsreporter, j’ai mon utilité précisée dans le dernier paragraphe de votre dernier commentaire.
Cher New reporter,
Je suis stupéfait que vous ayez gardé ces conseils dont je me souviens fort bien!
Au début je ne voulais pas les écrire, en me disant qu’il serait bien présomptueux de ma part de donner des conseils à quiconque et puis comme je vous trouvais franchement sympathique, ce qui est toujours le cas, je vous avais écrit ce message, pour vous encourager.
Mais cela est fort lointain je crois? Un an?
Il n’y a que la fin, sur le plan pour écrire, qui me parait incomplète! Mieux vaut ne pas faire de gros paragraphes! Je suis très flatté et en même temps je suis heureux de ne pas trouver ces conseils trop stupides…
Vous n’avez plus du tout, depuis cette époque, besoin de quelques conseils que ce soit! Vos sujets sont originaux, très personnels, vos articles plus complets et c’est un plaisir de venir vous lire.
J’apprécie beaucoup également votre esprit détaché de tout ce qu’il est convenu de penser à notre époque! Vous êtes intellectuellement indépendant, ce qui est de plus rare!
Au plaisir de vous relire New Reporter!
Merci pour ces compliments Blaise, je crois en effet avoir un peu progressé depuis mes début sur ce site.
Mais à ma décharge, ma vie professionnelle ne me demandant guère d’écrire, je pense avoir petit à petit perdu ce que l’école m’avait appris.
Par ailleurs, n’ayant pas le goût de la lecture, je n’ai pas entretenu ce début de savoir que m’avaient inculqués certains enseignants.
Enfin merci
Bonjour,
Pour ma part, ce qui m’intéresse c’est votre façon de faire sécher les prunes au four : quelle température et combien de temps?
Je suis actuellement en train d’enfaire sécher au soleil mais je suis crain qu’ils ne moisissent si le temps redevenait un peu humide.
Je partage complètement ce sentiment de sérénité que l’on a en faisant son potager ou son verger. Dame Nature à un rythme que nous avons oubliée.
Merci.
[b][i]Ah! vous seriez plus fiers, ô libres paysans,
Si vous saviez combien les « autres » sont serviles,
Si vous aviez goûté comme ils sont malfaisants,
Ces métiers enviés qu’on trouve dans les villes…
Ces métiers qui leur font de grands airs méprisants,
Vous ne savez pas comme ils font leurs âmes viles![/i][/b]
ok, cela date de 1933, mais z’enfin….
😉