Autre époque mais mêmes significations. Ainsi dans la Genèse, le serpent, Nahash en hébreux, est celui qui tente Adam et Eve à croquer dans la pomme de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal du Jardin d’Eden. Il séduit grâce à son pouvoir et force le couple primaire à désobéir à Dieu. Mal lui en a pris, il sera puni et condamné à ramper tout en perdant la parole. Ensuite, le bâton de Moïse se transforme en serpent quand celui-ci le fait tomber à terre. La dualité du reptile prend tout son sens lorsque les habitants d’Israël sont mordus par des serpents. L’Eternel conseille à Moïse de faire un serpent d’airain pour sauver les personnes croquées par les dents cornues. Dès lors, les malades empoisonnées sentirent leurs maux s’en aller quand leurs yeux se posaient sur l’étrange construction. Cette référence sera réutilisée par Jésus Christ lorsqu’il se présente comme le serpent d’airain devant Nicomède. Il apparaît alors comme un animal sage et rusé. Une image contrastée par Matthieu et son lien entre Satan et le serpent, ou bien encore, quand Lucifer est apparenté à un serpent ailé. 

 

Chez les viking, peuple de marins, le serpent est automatiquement lié à l’eau, on parle alors de Jormungand, une énorme créature à la peau écaillée. Il est présent dans de nombreuses sagas, on sait qu’il est le fils du dieu du chaos, Loki, et de la géante Angrboda, frère de Fenrir, le dieu loup, et de Hel, déesse des enfers. A sa naissance, Odin le jeta hors de Midgard, dans les mers encerclant le monde, afin d’éviter de futurs malheurs. Le serpent crut rapidement et pris son aise dans toute cette masse d’eau. Il grandit si bien qu’il finit par se mordre la queue. Jormungand est connu pour être le rival de Thor, leur animosité s’illustre lors d’une partie de pêche d’anthologie dont le déroulement nous est décrit sur des runes. Lors du Ragnarok, la fin du monde, Jormungand créa un raz de marée et décida de rejoindre les rangs des dieux pour combattre les géants. Au cours de la bataille, son rival en profita pour le tuer mais Thor fut empoisonné et il mourut peu de temps après. 

 

Plus sommairement, le serpent apparaît dans le folklore médiéval allemand, on associait ses mouvements aux tremblements de terre. En Australie, chez les aborigènes, on parle de Wagyl, le maître de l’eau, rival du Soleil, et vivant dans toutes les sources. Uniquement visible par les sages, il donne et reprend la vie et de son passage sur terre, il a dessiné le paysage vallonné, ses écailles ont donné les forêts et ses déjections, les rochers. On parle également du Serpent Arc en Ciel, celui qui fut à l’origine de l’univers et des peuples qui y vivent.

 

En Afrique, Bida aurait été un énorme serpent protecteur du royaume légendaire d’Ouagadou, offrant ses services en échange du sacrifice d’une jeune fille par an. Un jour, un amoureux n’acceptant pas que sa bien aimée soit le repas du serpent, alla le défier et lui trancha la tête. Aussitôt, le royaume périclita, ce fut la fin de la monarchie et le Sahara se transforma en désert. Dans la Grèce antique, le serpent est choisi comme emblème des caducées des dieux Hermes et Esculape, dont l’attribut est la médecine. L’oracle de Delphes, également appelée la Pitie, doit son nom au python qui vivait sur place et qui procurait une certaine sagesse et un savoir. Quoiqu’il en soit, le serpent reste un animal fascinant, repoussant, terrifiant, un être qui ne laisse pas indifférent par son ambiguïté, tantôt maléfique, tantôt salvateur.