L’ange Gabrielle chez Chabrol

Est-ce la blondeur, la moue enfantine des deux actrices pulpeuses à souhait, la Française Ludivine Sagnier et l’Américaine Scarlett Johansson, mais j’ai trouvé comme un air de famille entre le dernier Chabrol sorti cette semaine sur nos écrans et Match Point de Woody Allen tourné à Londres il y a deux ou trois ans.

Les deux films nous montrent une jeune femme amoureuse et idéaliste évoluer dans un univers où l’argent et les faux semblants règnent en maître.

Chabrol reprend son thème fétiche, le drame de la jalousie qui démasque l’obsession du sexe au sein d’une bourgeoisie de province lyonnaise en l’occurrence.

Au milieu de personnages plus ou moins cruels, cyniques, voire grotesques, on ne voit qu’elle.

Elle, c’est Gabrielle Deneige, si blonde, si innocente. Jeune femme dans toute sa splendeur. Elle officie au quotidien sur une chaîne câblée en miss météo. Radieuse et gracieuse, elle attire les regards. Charles Saint Denis (François Berléand), un écrivain de 30 ans son aîné la convoite en gourmand séducteur qu’il est resté.

Gabrielle en tombe amoureuse. Entre dans la danse le deuxième homme, un fils de famille fragile qui joue les dandys de pacotille pour la draguer. Devant ses refus répétés il ira jusqu’à lui promettre le mariage alors que l’écrivain l’a abandonnée lâchement.

Par vengeance ou par provocation, l’ange Gabrielle accepte de l’épouser enfin. Dans le rôle de l’héritier-tête à claque Benoît Magimel est impressionnant. Il sera bientôt dévoré de jalousie, on sait qu’on s’achemine alors doucement mais sûrement vers la scène du drame.

Meurtre en direct. Brutal et radical comme toujours chez Claude Chabrol. Adieu Charles et à l’ombre Paul, Gabrielle recouvre sa liberté, sa vérité elle la dira au tribunal sans céder aux pressions de sa belle-mère (magnifique Caroline Sihol).

Les dernières images du film m’ont parues un peu artificielles parce que trop solennelles. Lors d’une représentation avec son oncle magicien, Gabrielle renoue avec la lumière des projecteurs. Après son numéro de femme coupée en deux, elle sourit sous les applaudissements. De nouveau conquérante, prête à reprendre le fil de sa vie.

J’ai beaucoup aimé l’esprit caustique et la peinture d’un société incarnée par les figures types du petit monde chabrolien, plus croustillant que dans ses précédents long métrages.